L'identité et la filiation des différentes éditions du GDFL ayant été établies dans le premier chapitre, nous tournons maintenant au texte du dictionnaire pour y examiner en détail, par rapport aux annonces des pièces liminaires [1], l'apport de chaque édition.
« I'ay mis peine de le rendre le plus correct qu'il m'a esté possible [...] mesmes augmenté de plusieurs dictions, sans y rien obmettre de la derniere edition [...] »
Il y aurait en tout deux alinéas nouveaux d'ajoutés au texte de 1573 et une augmentation de deux autres : emploi métaphorique s.v. Enchevestrer, addition à la nomenclature de galbe « Pourpoinct » et marquisat (plus long commentaire étymologique), discussion d'équivalents/étymons grecs, turcs et « Orientaux » s.v. Trucheman [2].
« [...] en la presente Impression i'ay remarqué les mots
françois surannez, abolis par le
temps, & hors d'vsage, par ceste marque »
Il y a, dans tout le texte du dictionnaire de 1599, 138 occurrences de la croix renversée [3]. Certains des mots ainsi marqués sont qualifiés par Stoer de vieux :
« Bricoles & Dondaines, entre les anciens François » s.v. Bricoles
« [Se Rigoler d'aucun] ce viel mot [...] comme si Rigoler, (soit vsité il y a cent ans) [...] » [4]
Pour d'autres, Stoer propose des synonymes de remplacement :
« [Bernage] vsez du mot Compaignie, Bagage, Equippage, plus vsitez »
« [Baudir] On vse du composé Esbaudir »
« [Molestie] fascherie ennuy »
Les synonymes plus usuels peuvent avoir été déjà donnés par Nicot-Dupuys 1573 :
« [Guerpir [...] id est, delaisser & quiter] »
Nicot-Dupuys 1573 a pu trouver le mot marqué dans un vieux texte :
« [Nassel [...] Guy de VVaruich] »
« [Faudeteul [...] Iourdan de Blaues] »
Le statut archaïque d'un mot est très souvent indiqué par la seule croix renversée : adenerer, guever, tempremeure, etc. Dans trois cas, l'addition d'une définition non marquée donne au mot une apparence synchronique :
« [Bizarre] Le mot signifie autant que fantastique, & le dit on aussi d'vn [...] » [5]
Une autre marque non signalée dans la préface qui indiquerait aussi des archaïsmes est l'astérisque ; il y en a 17 dans Stoer 1599, tous vers le début du dictionnaire (14 sous la lettre A, trois sous C) [6]. Par exemple :
« [Accouster] vsez du v. Escouter »
Stoer 1603 ajoute au texte 18 croix renversées, Stoer 1606 encore sept autres. L'addition éventuelle, par Stoer 1606 surtout, de la prononciation du mot donne à celui-ci, comme dans le cas d'une définition non marquée (voir ci-dessus), une apparence partiellement synchronique : ribauld (la croix renversée et la prononciation sont de 1606), accort (la croix renversée est de 1599, la prononciation de 1606).
Les items qualifiés par Stoer 1599 d'archaïsmes ne sont pas tous signalés par un signe liminaire. Par exemple :
« [brasser alliance] Il vaut mieux dire traiter alliance que brasser : car ce mot ne se prend gueres, qu'en male part, ou pour rire » s.v. Brasser
« [Circoncis] auiourdhui Retaillé »
« [Rieu] vn Reu, ou Ru, qu'on dit maintenant Ruisseau, & Ruisselet »
« Quant aux [mots françois] adioustez auec leurs significations ils sont conus par vne † »
Une croix se trouve préfacer 180 items dans Stoer 1599 (plus encore deux autres dans Stoer 1603 et 13 dans Stoer 1606). La nature d'un ajout est souvent différente de ce que Stoer donne à entendre dans la préface ; outre un mot (avec sa signification) :
« Brocatel, drap d'or, pannus aureus »
« Daulphin de France, c'est le fils aisné du Roy, nommé ainsi à cause de la prouince du Daulphiné, Delphinus regius » s.v. Daulphin
nous trouvons une acception seule :
« Auiourd'hui vn apostat ou reuolté se dit communement d'vn qui quitte sa religion & la persecute, se rangeant à vne superstition qu'il detestoit auparauant » s.v. Apostat
ou une définition seule :
« [Catalogue] c'est vn roolle ou denombrement de personnes, de liures, ou de diuers meubles »
un exemple d'emploi :
« Donner les estriuieres à vn valet, Loris seruum verberare » s.v. Estriviere
une locution proverbiale :
« Chien qui iappe ne mord pas, Canis latrans non mordet » s.v. Japper
un ou plusieurs synonymes :
« On l'appelle aussi en commun langage vn pilier de tauerne, vn suppost de cabaret, vn cercheur de repeue franche » s.v. Cabaretier
voire un item bilingue donné en fonction du latin (le mot-adresse manque à la séquence française) :
« Ma demeure n'est plus vne maison champestre, c'est vn palais, à cause des suruenans : Basilicam habeo, non villam, frequentia formianorum. Cic. » s.v. Basilique
L'addition au dictionnaire d'éléments concernant le français mots, acceptions, définitions, exemples, remarques d'usage, prononciations, étymologies, etc. dépasse en fait de beaucoup le nombre de signes marqueurs (croix, croix renversées ou astérisques) : près de 700 alinéas ou compléments d'alinéas sont ajoutés sans signalement ; la grande majorité de ces ajouts concerne au premier chef le français. La typologie en est faite plus loin [7].
2.1.2.3. Ajouts latins« Les dictions latines defaillantes & necessaires toutesfois pour entendre les mots, sont representees maintenant par ces deux traits " »
Presque 600 alinéas sont préfacés dans Stoer 1599 d'un trait double. Dans la très grande majorité des cas, un ou plusieurs équivalents latins viennent effectivement compléter un item qui n'en avait pas ; le latin s'ajoute, dans un petit nombre de cas, à une équivalence latine héritée de Nicot-Dupuys 1573. Pour une vingtaine d'occurrences du trait double, enfin, aucun équivalent latin n'est ajouté ; il s'agit plutôt, pour certaines de ces dernières occurrences, de l'ajout d'une définition ou d'un synonyme, par exemple :
« [Accouueter] Couurir entierement »
« [Cafard] pattepelue »
Ni Stoer 1603, ni Stoer 1606 n'ajoute d'autres traits doubles ; les deux, ainsi que Stoer 1599, mettent beaucoup d'équivalents latins sans les marquer.
2.1.2.4. Latinismes« Plusieurs mots escorchez du Latin ont esté pareillement ramenez à leur naifue signification françoise. »
Il s'agit de signifiants et non de signifiés. Stoer propose de remplacer nombre de latinismes par des mots de bonne souche française ; par exemple :
« [Ablution] vsez du mot, Lauement »
« [Congreger] dites Assembler »
« [Tympaner ou Tympanizer] est inusité. On dit, Tabouriner, & battre le Tambour. Tympanizare, Tympano exercitum excitare »
Le travail d'épuration se poursuit en 1603 et 1606 [8].
2.1.2.5. Noms de lieu« Les noms des villes & diuers lieux bien reueus & illustrez sont à la fin de l'oeuure, ce que nous auons estimé deuoir auoir plus de grace. »
Cet appendice, intitulé « LES NOMS DES PEVPLES, REGIONS, VILLES, MERS, MONTAIGNES, Riuieres, & autres lieux disposez par ordre Alphabetique auec leur interpretation en Latin », occupe quinze pages. Stoer distingue ainsi entre le dictionnaire de mots et le dictionnaire de choses en regroupant à part les noms propres qui étaient dans le corps du dictionnaire de Dupuys-Nicot. La séparation n'est pas totale, cependant, quelques noms se trouvant dans les deux nomenclatures : Aca et Acarnanie, par exemple, quoique l'article du second, comme bien d'autres, soit remanié dans l'appendice.
« [...] grand nombre de dictions & belles phrases omises es precedentes editions. »
Stoer 1603 offre à peu près la même variété de types d'ajouts que Stoer 1599, mais les additions sont plus de deux fois moins nombreuses que dans l'édition précédente [9].
2.1.3.2. Ajouts latins« Il y en est entré beaucoup d'autres [dictions latines] non marquées [...] »
Stoer poursuit la tâche de fournir des équivalents latins pour les items de Dupuys-Nicot 1573 qui en manquaient, ou même d'en ajouter à des alinéas qui en avaient déjà.
2.1.3.3. Essai de proverbes« Plus vous y aurez à la fin, vn Essaj de prouerbes françois & de sentences prouerbiales auec l'explication latine pour l'enrichissement & recommendation d'icelle langue. »
Ce recueil anonyme de 30 pages est préfacé vraisemblablement par Stoer l'auteur probable qui prie le lecteur d' « Accepte[r] ce petit essay ou eschantillon de Prouerbes françois [...] qui vous fera voir beaucoup de richesses de nostre langue Françoise, abondante en courtes sentences morales, & neantmoins communes entre le menu peuple, de la bouche duquel tout ce qui sensuit est recueilli ». Les proverbes sont accompagnés d'une explication morale [10] ; le premier servira d'exemple :
« Abayer } Si quelque opiniastre debat obstinement contre la verité pour la falsifier, nous le comparons au chien, & disons, qu'il abaye contre la Lune, Lunam allatrat. Ce qui monstre vn effort ridicule, invtile & miserable. »
« Ceste [edition] estant fort augmentee en diuers endroits, ainsi que la conference auec les precedentes en fera foy. »
En effet, les ajouts sont relativement nombreux : presque autant que dans Stoer 1599 [11].
2.1.4.2. Essai de proverbes« [...] augmenté en ceste Edition nouuelle [...] »
Le nombre de pages en est porté de 30 à 46. Dans l'avis au lecteur, Stoer dit que « Ceste deuxiesme edition d'Essay de Prouerbes est augmentée de beaucoup » ainsi, à l'article ABAYER [12] sont joints les dictons Laissez le abayer, en fin il se taira, Ne iettez pierre à chien qui abaye, Abayer & blesser sont deux, Chien qui abbaye ne mord pas, L'Aboy du mesdisant, à lui seul est nuisant mais que « Nous auons expressément obmis les prouerbes peu honnestes & qui doyuent estre enseuelis en perpetuelle oubliance » : Stoer, puriste à l'égard de la langue [13], l'est aussi envers les concepts.
Nombre de lignes total | Mots de texte français total | |
ND 1573 [15] | 110553 | 486813 |
Ajouts de Stoer [16] | S 1593 | S 1599 | S 1603 | S 1606 | Global |
---|---|---|---|---|---|
Nombre de lignes | 48 | 1940 | 622 | 1674 | 4204 |
Mots de texte | 288 | 9671 | 2027 | 8364 | 20350 |
Mots de texte français | 48 | 8303 | 1916 | 6962 | 17224 |
Alinéas nouveaux | 2 | 167 | 5 | 111 | 285 |
Alinéas augmentés | 2 | 836 | 455 | 720 | 1933 |
Alinéas marqués | |||||
= ajouts français | 0 | 180 | 2 | 14 | 196 |
= archaïsmes | 0 | 155 | 18 | 7 | 180 |
= latin | 0 | 582 | 0 | 0 | 582 |
Les types les plus fréquents sont : synonymes (plus de 600), prononciations (près de 600), définitions (plus de 200), exemples (près de 200), variantes et remarques d'usage (plus de 100 chacune).
2.1.5.2.1. Nomenclature, domaines lexicauxSous la lettre B, sont ajoutées les adresses et sous-adresses suivantes :
a) S 1599 : blancs signez, bourdeur, bricoles, brifeur, brocatel, butineur ;
b) S 1603 : bachelette, baiseuse, Bourse d'Anvers ;
c) S 1606 : barbet, bimbelotier, bois mort, bois de serpe, bonniere, bourgmeistres, boursier « faiseur de bourses », boursier « thresorier », boursiers « notaires », brandonner, brandonner un heritage, brassage, bretesche, bureau de recepte, busche, droit de busche.
Stoer, vraisemblablement compilateur d'un lexique de termes juridiques [17], ajoute, presque exclusivement dans l'édition de 1606 [18], plusieurs dizaines de vocables et d'expressions relevant du droit :
boade ; bois mort, bois de serpe ; bonniere ; bordage ; bourgeois du roy ; devoirs de bourgeoisie, lettres de bourgeoisie, droit de bourgeoisie ; droit de brassage ; droit de busche ou chaufage ; caables ; calenge ; seigneur censier, seigneur censuel, chef cens, menu cens, cens requerable, double cens, cher cens, cens truant, cens mort, cens heredital, censier (s.v. Cens) ; quitter la ceinture (s.v. Cession) ; chambre doree, chambre des comptes, chambre des enquestes, chambre du thresor, chambre du domaine, chambre du conseil, chambre des requestes, chambre criminelle ; le chanteau part le vilain, le feu, le sel, et le pain partent l'homme mortemain (s.v. Chanteau) ; chantillage ; clefs sur la fosse ; colletage ; collecteur ; combat ; droit de commande ; droit de commise ; commission rogatoire ; comparuit ; compulsoire ; confiscation de corps (s.v. Confiscation) ; domaine congeable ; conjure, semonce et conjure, cour de conjure ; connestable ; connestablie ; courvées, corveable (s.v. Courvée) ; diete ; grands jours (s.v. Jour) ; laie ; laier ; personnier ; le pied saisit le chef ; plaids de l'espee ; praticien ; prevost vicontal, prevost de marchans, prevost forain, prevost de l'hostel, roy des ribaux (s.v. Prevost) ; se purger par eau, par feu, par serment, par duel, par attouchement de fer ardant, marchant pieds nuds sur la grille enflammee, par plongement de main en eau bouillante (s.v. Purger) ; quarantaine du roy, quarantaine de penitence, quarantaine d'estats ; grand queux de France ; referendaire, grand referendaire ; ceinture de la royne tous S 1606. S 1599 avait déjà consacré un commentaire à : blancs signez (s.v. Blanc) ; havée ; litige ; roy des ribauds, prevost des ribauds, grand prevost de France de l'hostel du roy (s.v. Ribauld) ; vasselage ; vavasseur.
Le genevois Stoer s'intéresse aussi à la religion :
S 1599 : alcoran, ange, apostat, catholique, edifier, evangile, macule, medieu, né, noel, pandore, predestinée, presbtre, psalme, putrefaction, sacremens, sermonneur, trinité, veu, zele ; S 1603 : apostasie, apostre, assemblée, blasphemer, chrestienner, chrestiennement, fortune, prone ; S 1606 : ciboire, grief, pape, sire [19].
Mentionnons aussi le traitement des termes de mesure lieuë (1606), livre, philippe daller, pistolet, sextier, tournois (tous 1599) [20] et l'addition par S 1606, malgré l'existence depuis S 1599 d'un appendice de noms propres [21], de 35 noms de golfes (s.v. Golfe) et de 38 noms de lacs (s.v. Lac).
2.1.5.2.2. VariantesSous la lettre S, sont ajoutées les variantes suivantes :
a) S 1599 : ciboule s.v. Scipoulle, sanglot s.v. Senglout, sentiment s.v. Sentement, serourge s.v. Sororge, suspendue s.v. Soubpendue, soupeser s.v. Soubpeser, sourire s.v. Soubrire, souris s.v. Soubriz, souscrire s.v. Soubscrire, souterrain s.v. Soubterrain, sous s.v. Soubz, suete s.v. Sutin ;
b) S 1603 : cigue s.v. Segue, sous s.v. Solz, somne s.v. Somme, soumettre s.v. Soubmettre ;
c) S 1606 : sanglot s.v. Sanglot, sousscription s.v. Soubscription, soudart s.v. Souldat, soupé s.v. Souper, superfice s.v. Superficie.
Sous B :
a) S 1599 : bienvueillance s.v. Benevolence, bestail s.v. Bestiail ;
b) S 1603 : bassesse s.v. Basseur, bobance et bombance s.v. Bobans, balerre s.v. Bolievre ;
c) S 1606 : bicorne s.v. Bigorne, biais s.v. Bihay, bohade s.v. Boade.
Une variante peut être donnée comme offrant un choix :
« [Sororge] ou Serourge »
« Boade ou Bohade »
ou implicitement ou explicitement comme étant la forme qui doit être préférée à la forme-adresse :
« [Soubmettre] Soumettre »
« [Beneuolence] vsez du mot Bienvueillance, plus françois »
Stoer s'occupe progressivement de plus en plus de la prononciation des mots : S 1603 donne plus de deux fois plus de prononciations que S 1599, S 1606 presque trois fois plus que S 1603.
L'information est largement codifiée. D'une part, la copule prononcez est très souvent abrégée et, en même temps, il y a alternance typographique romain/italique :
« [Voarrerie] Pr. Verrerie » S 1603
« [Admodiateur] pr. Amodiateur » S 1603
« [Cueur] pro. Koeur » S 1606
« [Accourir] pron. Acourir » S 1606
Dans S 1606, il y a un effort de donner une valeur absolue au type de caractère : sur les 445 occurrences des formes abrégées p./pr./pro./pron./pronon., la copule est imprimée en italique et la transcription phonétique en romain 354 fois. Ce travail de révision comprend donc des cas d'inversion de l'alternance de S 1603 :
« [Admodiateur] pr. Amodiateur » -> « [...] pr. Amodiateur »
« [Alquemie] Pron. Alchymie » -> « [...] Pron. Alchymie »
D'autre part, Stoer peut, dans le premier article d'une série dont les adresses partagent un même trait, énoncer une règle globale :
« [Appaiser] Ce mot (Appaiser) & tous les autres suyuans escrits par double pp. se prononcent comme s'il n'y auoit qu'vn p. & ainsi faut l'entendre des autres mots ausquels on donne deux consones entre deux voyelles » S 1603
« [Desmailler] s. ne se prononce point en ce mot ni es suyuans. iusques à desobeir, mais faut lire la syllabe des vn peu longue & comme on escriuoit dé » S 1606
« [Escrire] pron. Ecrire, comme aussi les mots suyuans dont la premiere syllabe commence par Es, & prononcez É, mais exceptez Espace, Espatule, Espece, Esperance, Esprit, Espoir, Esquadron, Esquif, Esquilles, Estafier, Ester, qui vient de Stare, Estimer, Esthiomené, Estoc, Estomach, Estropié » S 1606
« [Quadrain] Au reste, les noms, verbes & autres mots commençans par qu. se prononcent comme par C ou K simple, Quadrain, Cadrain ou Kadrain, & sic de caetaris, iusques à quenouille, querelle, &c. » S 1606 [22]
Certaines de ces remarques dépassent le cadre des cas particuliers pour s'appliquer au système de la langue (voir APPAISER ci-dessus) :
« [Addonner] Prononcez mollement, comme Si addonner n'auoit qu'vn d. la langue Françoise est douce » S 1603
Stoer consacre plusieurs commentaires à l'euphonie de la langue :
« Mais auiourdhui tous ceux qui parlent & escriuent correctement françois ne distinguent, ains confondent ordinairement ces deux particules On & Lon : comme on peut voir en Amiot, Montagne, Vigenere, & autres. Et semble que ces mots se doiuent acommoder à l'oreille & à la voix. » S 1599 s.v. Hom (S 1603 ajoute à la fin : « Ce qui se fait quand il n'y a rien qui soit aspre, dur & de fascheuse prononciation »)
« Les Francois s'accommodent à vne prononciation douce aisee & coulante, Pourtant ainsi qu'ils escriuent ordinairement, On dit, On fait, On lit, aussi prononcent ils de mesme, non pas Hom dit, Hom fait, Hom lit » S 1599 s.v. L'on
« [Onc [...] Oncques] L'vn & l'autre est vsité, tant en prose qu'en vers, selon que le requiert la suite & liaison des mots » S 1599
« [Soubiect] On prononce presques par tout Suiet retranchant les lettres superflues, & toute prononciation rude à l'oreille » S 1599 (S 1606 change « Suiet » en « Sujet »)
« [Ne] On dit aussi, Ni, selon que la douceur du langage françois le requiert, & plus souuent que de Ne » S 1606
Stoer porte son attention sur les lettres et sons individuels, la syllabe, les oppositions de genre et de nombre, la prononciation dans le temps, l'espace et la fréquence d'usage, et la motivation :
a) [k] : « [Cueur] pro. Koeur » S 1606 ; « [Alquemie] Pron. Alchymie, ou Chymie, comme si vous escriuiez. Ch. par K. » S 1603 ;
b) [v] : « [Reualoir] Ce mot & les suyvans iusques à Rez doyuent auoir vn v rond & consone, Revaloir, Revaner, &c. » S 1606. On assiste, au cours du XVIe siècle, aux premiers balbutiements d'une distinction phonétique et non plus simplement positionnelle des paires de lettres i/j et u/v. De manière encore tout à fait irrégulière, Stoer tire profit de cette précision. Ainsi, Stoer 1606 change « pron. Aiuger » en « pron. Ajuger » s.v. Adjuger [23]. C'est pourtant l'opposition u/v qui retient davantage son attention (toujours en 1606) : « Pr. Auenir » -> « Pr. Avenir » s.v. Advenir ; « pron. Auenue » -> « pron. Avenue » s.v. Advenue ; « pron. Auertir » -> « pron. Avertir » s.v. Advertir ; « pron. Aueu » -> « pron. Aveu » s.v. Adveu ; « pron. Fiéure » -> « pron. Fievre » s.v. Fiebvre ; cela à côté de : « [Aduenture] pron. Auanture » ; « [Aduertissement] pronon. Auertissement » ; « [Aduis] pron. Auis » ;
c) [] :
« [Iecter] Pr. Ietter » S 1603 ;
« [Iecter] Pr. Ietter, ou Geter » S
1606 ; « [Gect]
pron. Iet » S 1606 ;
d) [s] : « [Solsie] pr. Souci ou soussi » S 1606 ; « [Potion] pron. Possion, ou pocion » S 1606. La valeur des lettres s, ss, x est diversement définie : « [Designer] s. se prononce comme z » S 1606 ; « [Creux] La lettre x. se prononce comme s. » S 1606 ; « [Cresserelle] pron. Creçerelle » S 1606 ; « [Cresson] pron. Creson » S 1606 ; « [Dessoubs] Pron. Dessous » S 1603 ; « [Dessous] pron. Dessous, & les deux ss mollement, comme si vous disiez desous » S 1606 ; « [Mesler] s. se prononce comme si on disoit Meller » S 1606 ; « [Mesme] pron. s. doucement, comme si vous disiez Méme, alongeant vn peu la premiere syllabe » S 1606 ; « [Despeindre] En ce verbe & es suyuans, iusques à Detailler la lettre s. ne se prononce point sinon fort mollement » S 1606 [24] ;
e) consonnes doubles : « [Acomplir] In his & sequentibus vocibus Galli geminant b. c. d. f. g. l. m. n. p. r. t. sed molliter pronuntiant, abatu, acompli, adonner, afaire, agreable, alangouri, amiellé, anobli, apauuri, araché, ataché : scribunt plaerique ferè omnes abbatu, accompli, addoner, affaire, aggreable, &c. » S 1606 ; « [Attacher] pr. Atacher, & sic reliqua quae duplex habent. » S 1606 [25] ;
f) voyelle brève : « [Baailler] Pron. Báiller, ita vt primam syllabam paulùm producas » S 1606 ;
g) voyelle allongée, souvent signifiée par un 'accent aigu' : « [Cemetiere] pron. Caemitiere » S 1603 ; « [Clergé] prononcez Clairgé » S 1606 ; « [Crespe] pron. Craipe » S 1606 ; « [Costé] pron. comme s'il estoit escrit sans s faisant la premiere syllabe longue » S 1603 ; « [Mesme] pron. s. doucement, comme si vous disiez Méme, alongeant vn peu la premiere syllabe » S 1606 ; « [Asne] Pron. sans la lettre s. mais alongeant A, comme si lon escriuoit A'ne » S 1603 ; « pron. Páte, páté, páticier, páticerie » S 1606 s.v. Pasté ; « [Tost] pr. Tót » S 1606 ; « [Fustaine] pron. fútaine » S 1606 ;
h) lettre muette : « [Doigt] pron. Doit » S 1606 ; « [Febue] pron. Feve » S 1606 ; « [Fruict] pron. fruit » S 1606 ; « [clercs] prononcez Clers ac si c. abesset » S 1606 s.v. Clerc ; « [Autheur] Litera h redondat, nec vllius vsus est in pronontiatione illius vocis, aliarumque fere omnium, paucis exceptis » S 1606 ; « [Mauldire] La lettre l. est superflue » S 1603 ; « [Maulgré] La lettre l. redonde » S 1603 ; « [Mestier] S. est litera muta » S 1606 ; « [Peinct] pronon. Peint, peintre, peinture » S 1606 ; « [Psaultier] On prononce Sautier, Salmodier, Seaume » S 1603 ; S 1606 ajoute « [...] Salme » ;
i) nasale : « [Compter] pronon. Conter » S 1606 ; « [Conuaincre] Aucuns escriuent & prononcent Conuincre & conuincu » S 1606 ;
j) syllabification : « [Cueillir] pron. Keuil hir. de deux syllabes » S 1606 ; « [Hair] pron. Ha-ir, dissyllabum » S 1606 ; « [Cheruis] trissyl. Cher-u-is » S 1606 ;
k) genre, nombre : « [Fauls] pron. faus & fausse » S 1606 ; « [Forfaict] pron. Forfet // [Forfaicts] pron. Forfais » S 1606 ; « [Poulx] pr. Pou. & Pous au plurier » S 1606 ; « [Solz] On prononce Sou au singulier, & Sous au plurier » S 1603 ; « [soulz] On prononce vn sou, deux sous » S 1603 ;
l) variantes, dont régionales, temporelles et de fréquence : « [Courretier] Aucuns prononcent Corratier autres Couratier » S 1599 ; « [Meur] plusieurs prononcent, mur » S 1606 ; « [Cognoistre] Pr. Conoistre, Conoitre » S 1603-1606 ; « [Voarre] ainsi prononce le vulgaire à Paris, en Picardie, & ailleurs, mais ineptement. [...] Pr. Verre. Aucuns disent Voirre » S 1603 ; « [Bastillon] On prononce auiourd'hui, Bastion » S 1606 ; « [roule [...] Aucuns escriuent & prononcent Roole] & c'est le plus vsité » S 1606 ; « On prononce & escrit le plus communement Sanglot & Sanglotter » S 1599 s.v. Senglout ; « [Venredi] Prononcez & escriuez Vendredi, selon l'vsage commun » S 1599 ; « [Sentement] On prononce Sentiment, plus d'ordinaire que Sentement » S 1599 [26] ;
m) prononciation étymologique : « [Auuent] pron. Ost-vent, pource qu'il oste & rabat la force du vent » S 1603 ; « [Conuaincre] Aucuns escriuent & prononcent Conuincre & conuincu, de conuincere & conuictus » S 1606 ; « [Aucuns] prononcent [Roole] les autres Roule, pource que les escrits des anciens estoyent comprins en rouleaux » S 1599 s.v. Roule ;
n) homophonie : « [Poix. Semble plus raisonnable, à cause de la difference, escrire ainsi : Pois, Pisum : poids, Pondus : Poix, Pix.] pr. en tous les trois mots. Pois » S 1606.
La copule « prononcez » a parfois un tout autre sens, signifiant alors « dites » et introduisant un ou plusieurs synonymes de remplacement :
« [Ancelle] prononcez Chambriere, seruante » S 1599
« [Comminuer] pron. Despecer » S 1603
« [Dehonté] pron. Eshonté, effronté » S 1606
Du fait que, dans le dictionnaire imprimé, les mots sont signifiés par leur forme graphique (donc non marquée), l'information sur l'orthographe n'a pas besoin, la plupart du temps, d'une copule explicite. Plusieurs cas de figure s'offrent au lexicographe (nous reprenons ici, sous une forme plus analytique, la section précédente consacrée aux variantes) :
a) l'orthographe d'un mot hérité reste la même ou ne retient pas l'attention du réviseur : le texte reste inchangé ;
b) la graphie d'un mot ajouté à la nomenclature ne pose pas de problème : rien n'en est dit explicitement ;
c) selon Stoer, l'orthographe d'un mot n'est plus celle donnée par Nicot-Dupuys 1573 : (i) les occurrences du mot-adresse sont corrigées : doulx doux S 1599 ; desgaigner desgainer S 1603 ; hirundelle hirondelle S 1606 ; (ii) la nouvelle orthographe s'ajoute à l'ancienne : « [Encheper] Enceper » S 1599 ; « [Comin] Cumin » S 1603 ; « [Bihay] Biais » S 1606 ; (iii) la forme est commentée (parfois de manière codée) : « [Admiral] Scribendum est [...] Gallicè, Amiral » S 1599 ; « [Errailler] Escr. Esrailler » S 1603 ; « [soulte] On escrit auiourd'hui Solde, Soldat, Soudoyer : & Soulte ne se dit plus » S 1603 ; « [Maling] Escr. Malin » S 1606 ;
d) il y a plusieurs façons d'écrire le mot : (i) les variantes sont juxtaposées (cette présentation étant ambiguë, c.ii et d.i sont deux interprétations différentes de la même chose) ; (ii) la variabilité est dite : « Praticien [...] Aucuns escriuent Practicien » S 1606 ; « [Asur] Alii scribunt Azur » S 1606 ; « [Cheuetain] On pourroit escrire Chefetair » [27] S 1603.
Comme c'est le cas de plusieurs exemples cités ci-dessus à propos de la prononciation, les formes orale et écrite peuvent aller de pair :
« [Besoing] Escriuez & prononcez besoin sans g » S 1603
« [Chahuant] Aucuns escriuent & prononcent Chouant » S 1606
Stoer utilise un certain nombre d'ordonnateurs sémantiques :
a) proprement : « (ne) se di(c)t proprement (que) de [...] » S 1603 s.v. Apostre, Jallet ; « s'entend proprement de [...] » S 1599 s.v. Bouleverser ; « signifie proprement [...] » S 1603 s.v. Encombre ; « C'est proprement celui qui [...] » S 1599 s.v. Maling ; « On n'vse proprement de ce mot, qu'en parlant de [...] » S 1599 s.v. Trinité ;
b) par translation : « Par translation, [...] on dira [...] » S 1599 s.v. Berner ; « par translation à toute autre chose que ce soit » S 1599 s.v. Durillon ; « Cela se dit par translation d'vn qui [...] » S 1599 s.v. Manche ; « Par translation ce mot a esté rapporté à [...] » S 1599 s.v. Scrupule ; « Par translation le mot [...] est rapporté à [...] » S 1599 s.v. Alaigre ;
c) par metaphore : « metaph. pro decipere » S 1593 s.v. Enchevestrer ; « Par metaphore l'Enuie est appellée [...] » S 1599 s.v. Terni ;
d) numérotation des sens : il y un seul exemple de ce procédé, courant de nos jours, mais utilisé ici pour la première fois dans un dictionnaire général français ; nous reproduisons l'article en entier :
« Personnier, a diuerses significations. 1. C'est le coheritier 2. Le complice & coulpable du mesfait. 3. Compossesseur & suiet à mesme droit de taille reelle enuers le Seigneur. 4. Les communs en biens & heritages s'appellent Compersonniers. 5. L'on appelle aussi personnier, qui eandem cum alio actionem instituit, vel exceptionem proponit : vel qui est eodem cognationis gradu cum eo qui agit de iure . 6. Celui qui est compagnon auec vn autre en fait de trafic & negotiation, en gain, profit & perte. 7. ceux qui doyuent contribuer à la refection d'vn pont ou chemin. Cohaeres, socius, sodalis, cognatus, Personarius, i. qui eandem nobiscum personam gerit. » S 1606 [28]
e) indication globale de polysémie : « en diuers sens » S 1599 s.v. Maigrement, Poche ; « mot de diuerse signification » S 1599 s.v. Diacre ; « a diuerses significations » S 1606 s.v. Personnier ; « s'entend de diuerses mesures » S 1599 s.v. Sextier.
Pour définir le sens de mots pour lesquels Nicot-Dupuys 1573 n'avait par fourni de paraphrase définitoire, Stoer, dont la plupart des définitions ajoutées remontent à 1599, emploie différents procédés standards :
a) genre prochain et différence(s) spécifique(s) : « [Accouueter] Couurir entierement » S 1599 ; « [Apostasie] Reuolte de la foy » S 1603 ; « [Chauuesouri] Oiseau volant sur le soir, de couleur grise, sans plumes, & comme vne souri qui auroit des ailes » S 1599 ; « [Negocier] Manier afaires // [Negociation] Maniement d'afaires // [Negociateur] Manieur d'afaires » S 1599 ;
b) genre prochain : « [Breant] nom d'oiseau » S 1606 ; « [Ferule] nom d'herbe » S 1599 ;
c) différence spécifique : « On distingue entre Tuile, Tegula, & Brique Later. La Tuile est moins espaisse : la Brique plus Friable » S 1599 s.v. Tuilerie ;
d) extension/compréhension : « [Cabinet] C'est vn coffre, ou vne armaire de bois, ou vne chambrette, dedans quoy l'on serre or & argent, ioyaux & habillemens precieux, vaisselle & bague, papiers d'importance, & en somme ce que l'on a de beau pour delices & vsage plus necessaire » S 1599 ; « [Vtensile, toute chose necessaire à nostre vsage] specialement à l'vsage commun, domestique, & du mesnage, concernant le boire & manger le coucher, le vestir, le trauail des mains, & le meuble ordinaire » S 1599 ;
e) définition morphologique : « [Gloriette] Gloire de peu de chose » S 1603 ; « [Greuable] qui peut estre greué » S 1603 ; « [Tachette] Petite tache » S 1603 ; « [Desestourdi] Qui est deliuré d'estourdissement » S 1606 ;
f) synonymie : « [Candeur] c'est à dire simplicité, rondeur, integrité, naifueté » S 1599 ; « [Brimbaler] Danser » S 1599 ;
g) mixte (e + f) : « [Cochet] petit coq, coquelet » S 1603 ; « [Enhorteur] Conseiller, qui exhorte » S 1606 ;
h) définition idéologique : « [Alcoran] C'est le liure de la superstition & fureur Mahumetique, contenant 124. Azoares ou chapitres remplis de mensonges & impietez horribles » S 1599.
La dénomination (Sé -> Sa), démarche inverse de la définition (Sa -> Sé) et caractéristique du dictionnaire analogique, est bien représentée chez Stoer :
« [Faire borgne] Esborgner » S 1603 s.v. Borgne
« [Reduire à equalité] Esgaler » S 1603 s.v. Equalité
« [Petit colomb] Pigeonneau » S 1603 s.v. Colomb
« ce qui defendoit le fossé se nommoit Barbecane ou Barbacane » S 1606 s.v. Breteshe [29]
Plusieurs articles font état des espèces d'un genre :
« Brassage [...] Ce mot comprend aussi le salaire de l'ouurier, du monnoyeur, & tailleur de monnoye, qu'on appelle Ouurage, monnoyage & ferrage » S 1606
« Les Courvées [...] soit en iournee de corps & de bras ou de cheuaux, asnes, boeufs, charrue, charroy, faucher les foins, scier les bleds, vendanger, curer fossez, seruir les massons, aller tailler le bois & l'amener, &c. » S 1606 s.v. Courvée
« Les anciens François auoyent les hommes d'armes, Lanciers, Bacinets, Archers, Coustiliers, Guysarmiers. Auiourd'hui ils ont les hommes d'armes, lanciers, cheuaux legers, argoulets ou Carabins » S 1606 s.v. Escuyer
« [Mosquettes] pieces de campaigne, passeuolans, double mousquets, fauconneaux » S 1599
« On distingue entre Tuile, Tegula, & Brique Later. La Tuile est moins espaisse : la Brique plus Friable. L'vne & l'autre contregardee dure long temps » S 1599 s.v. Tuilerie
Dans ce Grand Dictionaire françois-latin, le latin est une langue de traduction non marquée, sauf exception ; il est marqué lorsqu'il est qualifié de moderne : « qui tient l'estrief, que les modernes Latins nomment Stapho » S 1603 s.v. Estafier. Stoer donne aussi un certain nombre d'équivalents dans des langues autres que le latin. Comme il se plaît à discourir d'étymologie et de cognates, tantôt antérieurs au français, tantôt contemporains du mot-adresse, ces équivalents sont explicatifs plus qu'ils ne sont traductifs :
« Le bourgeois, que les Alemans appellent Burger » S 1606 s.v. Bourgeois
« Pedagogue, Paedagogus. l'Italien dict Pedagogo » S 1599 s.v. Pedant
« Cheuet, Coussin de lict [...] l'Aleman le nomme Kussin : l'Espaignol Cabeçal, para la Cabeça, c. reposoir de teste » S 1599 s.v. Traversin
« l'Italien l'appelle Sicurtà, Clientela. l'Espaignol, Encommendacion, securidad. Pource que le Seigneur tient son vassal pour recommandé, & en sa sauvegarde » S 1599 s.v. Vasselage
Une grande partie du travail de révision effectué par Stoer est consacrée à la mise à jour du lexique. Puisque, comme chez tous les réviseurs du Dictionaire françois-latin et du GDFL, la nomenclature de l'édition précédente est gardée plus ou moins en entier, ce renouvellement, qui touche plusieurs centaines de mots et nous ne parlons pas ici de l'augmentation de la nomenclature , se fait essentiellement par l'adjonction de synonymes aux mots-adresses. Dans certains cas, il s'agirait bien de synonymie synchronique ; pour un très grand nombre d'occurrences pourtant, le mot-adresse est considéré comme vieilli ou vieux et les mots adjoints constituent des synonymes de remplacement [30]. En l'absence d'un commentaire de la part du lexicographe usez de, croix renversée, etc. , il est souvent difficile de classer les cas particuliers. Plusieurs exemples de mise en synonymie ayant déjà été donnés [31], nous offrons ci-dessous une sélection d'items dans lesquels Stoer marque une restriction d'usage concernant le volume d'usagers, le registre, le temps ou le champ d'application.
« [aceré] Aucuns le prenent pour ce que nous disons Poinctu » S 1603
« [Auantchien] Communement on l'apelle La Canicule » S 1599
« [Barbacane] Aucuns estiment que ce soit ce qu'auiourd'huy l'on appelle Casematte, les autres pensent que ce soit ce que nous disons maintenant sentinelle : ou eschauguette » S 1599
« [Cabaretier] en commun langage vn pilier de tauerne, vn suppost de cabaret, vn cercheur de repeue franche » S 1599
« Mais aucuns tiennent que ce Maire de Palais est ce que nous appelons auiourd'huy Grand Maistre » S 1599 s.v. Maire
« [Edifier] Vsez des mots, Bastir, bastiment, bastisseur, plus vsitez : excepté en termes de Theologie, ou l'on parle de l'edification de l'Eglise & du prochain. Item, l'on dit des choses qu'on void ou sçait, I'en suis bien ou mal edifié » S 1599
L'antonymie est très peu traitée par Stoer. Les exemples suivants sont les seuls que nous avons trouvés. D'une part, il y a les vrais antonymes d'opposites :
« [Deshaict, tristesse, marrisson, contens, desbat, desordre] On dict au contraire Dehait, pour ioyeux, gaillard, & alaigre » S 1599
« [Embaucher] l'opposite est Desbaucher » S 1603
« [Fade] Huic opponitur Sade » S 1606
« [Loquence] Mot opposé à eloquence » S 1599
D'autre part, les antonymes de différence :
« Gentilesse est opposee à Bourgeoisie au ch. 94. de l'ancienne Chronique de Flandres. Les Bourgeois sont du tiers estat : les nobles & gentils hommes du second » S 1606 s.v. Bourgeois
« [Vne monture, c'est vn cheual ou autre beste à cheuaucher] A la difference dicelle on dit beste de voiture, celle qui porte charges & diuers fardeaux, comme font les mulets, asnes, & plusieurs sortes de cheuaux » S 1599
Les syntagmes sous-adresses, tours de construction et exemples , ajoutés en majeure partie par S 1599, concernent normalement le mot (syntagmes lexicalisés ou semi-lexicalisés), mais peuvent exceptionnellement illustrer la chose (exemples encyclopédiques) :
a) syntagmes (semi-)lexicalisés (dont syntagmes figés, proverbes et locutions) :
« Le Chanteau part le vilain. Cela se dit quand [...] » S 1606 s.v. Chanteau
« Chien qui iappe ne mord pas, Canis latrans non mordet » S 1599 s.v. Japper
« Au matin vers les monts, & au soir vers les fonts, Manè montes, serò fontes, Precepte de santé proposé par les anciens » S 1599 s.v. Mont
« Donner du Rosmarin, prouerbe françois signifiant [...] » S 1599 s.v. Romarin
« Autres manieres de parler prouerbiales : Battu de mauuais vent, Autant en emporte le vent, Mettre la plume au vent, Estre au dessus du vent, fendre le vent, Viure du vent, &c. » S 1599 s.v. Vent
« Marcher en bataille rangee, est [...] » S 1603 s.v. Bataille
« Il s'en est donné par les ioues [...] Cela se dit [...] » S 1599 s.v. Joue
« Mesler ciel & terre [...] Se dit de [...] » S 1599 s.v. Mer
« Acheter chat en poche [...] Cela se dit [...] » S 1599 s.v. Poche
« Quand quelqu'vn respond si pertinemment à vn autre, qu'il lui oste toute replique, nous disons qu'il luy a bien riué ses clous » S 1599 s.v. River
« Rongner les ailes à quelqu'vn, c'est [...] » S 1599 s.v. Rongner
« Il n'y a sel ni sausse : c'est à dire [...] » S 1599 s.v. Sel [32]
b) exemples encyclopédiques :
« L'austruche digere tout ce qu'elle auale, ce qui est merueilleux : concoquendi sine delectu deuorata, mira natura. Plin. // Les Austruges pensent n'estre veues, en cachant le col dans des brossailles : Cùm colla frutice occultauerunt, latere se existimant. Plin. » S 1599 s.v. Austruche
« La graisse d'oye guerit seurement les duretez qui ont besoin de remollissement : Tubera & quaecunque emolliri opus sit, efficacissimè anserino adipe curantur. Plin. » S 1599 s.v. Oye [33]
Stoer fait plus d'une centaine de remarques au sujet de l'usage des mots. Elles concernent le niveau de langue ou niveau social (poétique, familier, commun, vulgaire), le domaine d'application, la distribution sociale (sexe) ou géographique, l'utilisation dans le temps, la fréquence, l'idiomaticité, la connotation et la situation d'emploi.
1. Mots poétiques :
« [Ainçois] mot plus vsité en poesie qu'en prose » S 1599
« [Irritemer] Les Poetes françois composent tous les iours des mots en ceste façon, tesmoin entre tous le sieur du Bartas » S 1599
« [Onc, voyez Oncques] L'vn & l'autre est vsité, tant en prose qu'en vers » S 1599
« [Deslie-soin] Mot poetique » S 1603 [34]
2. Usage commun, familier, vulgaire :
« [Auantchien] Communement on l'apelle La Canicule. » S 1599
« [Cabaretier] On l'appelle aussi en commun langage vn pilier de tauerne, vn suppost de cabaret, vn cercheur de repeue franche » S 1599
« [O] fort vsité entre les françois, sur tout en propos vulgaire & familiers » S 1599
« [Belle se semble] Le vulgaire adiouste ces mots à voir, & auis, disant, Il semble auoir, il semble auis. mais ces mots à voir, & auis, sont ineptes & superflus en cest endroit » S 1599 s.v. Sembler [35]
« [Messire] par le vulgaire est attribué à ceux qu'il appelle prestres » S 1606 s.v. Sire [36]
3. Marque d'usage populaire doublée d'un commentaire sur la distribution géographique :
« [Baligault] Les françois abondent en tels mots de risee : le vulgaire sur tout, qui prend plaisir à en forger par toutes les prouinces » S 1599
« [Poutie, Poutieux] Mots peu vsitez sinon en quelques endroits de France parmi le vulgaire : mais qui ne se rencontrent point es bons liures » S 1599
« Le vulgaire en plusieurs lieux de france parlant à un seruiteur ou ieune homme, dit, vous faites du herr, c'est a dire du maistre, ou du Sire » S 1599 s.v. Sire
« [Voarre] ainsi prononce le vulgaire à Paris, en Picardie, & ailleurs, mais ineptement [...] Pr. Verre. Aucuns disent Voirre » S 1603
4. Sexe du locuteur :
« Les femmes appellent aussi Iaseran, vn brasselet d'or, espais & large » S 1599 s.v. Jaseran
5. Régionalismes/dialectalismes [37] :
a) Auvergne : boade/bohade « coruee d'vne paire de boeufs » S 1606 ;
b) Berry : droit de commande S 1606 s.v. Commande ;
c) Bourgogne : lieue, portee, corde, aulne, pied S 1606 s.v. Lieuë ;
d) Paris : voarre S 1603 ;
e) picard : ahurir S 1599 ; ante S 1599 ; gaquiere « Iachiere » S 1599 ; hardeau S 1599 ; loup ouarou S 1599 s.v. Loup ; pis ou-an, qu'antan « potius hoc anno, quàm proximè praecedenti » S 1599 s.v. Antan [38] ; taion S 1599 ; tostée S 1599 ; bachelette « puella » S 1603 ; voarre S 1603 ; warou/ouarou « Varius, qui variam formam induit » S 1606 s.v. Loup ;
f) savoyard : gouillart S 1599 ; gouillarder « gourmander » S 1599 s.v. Gouillart ; renouille S 1599 s.v. Grenouille ;
g) Suisse : bourgmeistres « Maistres ou preuosts des Bourgeois, & presidents du conseil public » S 1606 ;
h) autres, ailleurs, en quelques/divers endroits/lieux : renouille « Les Sauoyards & autres » S 1599 s.v. Grenouille ; bourgmeistres « en Suisse & ailleurs » S 1606 ; gaudir « Ailleurs » S 1606 s.v. Jouir ; tourteau « [pain bis [...] en Lionnois & Daulphiné] ailleurs il signifie vn gasteau fait de paste sans leuain » S 1606 ; mantil « En quelques endroits » S 1599 s.v. Nappe ; ammans/ammaistres « en quelques lieux » S 1606 s.v. Bourgmeistres ; carcerier « en aucuns lieux » S 1606 s.v. Chepier ; espaves/aubains « En diuers lieux de France » S 1606 s.v. Espave ; havée « En quelques lieux de France : c'est vn certain droict [...] » S 1599 ; parageur « En quelques lieux le fils aisné en maison noble » S 1606 s.v. Parage.
6. Domaine :
a) religion :
« [Apostre] Il ne se dit proprement que des Apostres du Seigneur » S 1603
« Vsez des mots, Bastir, bastiment, bastisseur, plus vsitez : excepté en termes de Theologie, ou l'on parle de l'edification de l'Eglise & du prochain » S 1599 s.v. Edifier
« [Euangile] mot propre à la doctrine de salut » S 1599
« [Trinité] On n'vse proprement de ce mot, qu'en parlant en toute reuerence entre Chrestiens » S 1599
« [Zele] En matiere de Religion » S 1599
b) profane :
« [Fortune] Ce mot est fort vsité entre les profanes. On entend par ce mot ce qui auient de prosperité ou d'aduersité » S 1603 [39]
c) scholastique :
« [Campos] mot Scholastique » S 1599
d) physique, astrologie :
« [an perilleux] Le Soixante troisiesme & composé de neuf fois sept, ou de sept fois neuf, est estimé tel par les Physiciens & Astrologues, qui en ces deux nombres remarquent plusieurs grandes alterations en nos corps, & au corps de la vie » S 1599 s.v. Perilleux
7. Utilisation dans le temps :
a) présent :
« Aucuns estiment que ce soit ce qu'auiourd'huy l'on appelle Casematte, les autres pensent que ce soit ce que nous disons maintenant sentinelle : ou eschauguette. » S 1599 s.v. Barbacane
« [bonnet de fer] hodie, Casque, Armet » S 1603 s.v. Bonnet
« Auiourd'hui ces noms de Marquis & Marquisat, comme infinis autres sont peruertis & confondus, par l'importunité de plusieurs aspirans à noms de hautes dignitez, & se contentans de cela » S 1599 s.v. Marque
« auiourd'hui, parlant aux grands on dit Monseigneur : Aux marchans, on adiouste le nom propre. Les flateurs commencent à dire, Vostre seigneurie, &c. » S 1599 s.v. Seigneur [40]
b) passé :
« mot ancien » S 1606 s.v. Angarier
« [Bretesche] Ainsi s'appelloyent iadis les portaux des villes, pour en defendre la ville, [...] & ce qui defendoit le fossé se nommoit Barbecane ou Barbacane » S 1606
« [Dehaitié] Le mot simple n'est plus en vsage » S 1603 s.v. Haitié
« Né à bonne heure, ou à la malheure [...] Ainsi parloyent les anciens payens » S 1599 s.v. Né
« [il n'y a rien d'oultrage] Mais telle maniere de parler est surannee & hors d'vsage » S 1606 s.v. Oultrage
« vie[i]l mot [...] vsité il y a cent ans » S 1599 s.v. Rigoler [41]
c) passé opposé au présent :
« Les anciens François auoyent les hommes d'armes, Lanciers, Bacinets, Archers, Coustiliers, Guysarmiers. Auiourd'hui ils ont les hommes d'armes, lanciers, cheuaux legers, argoulets ou Carabins » S 1606 s.v. Escuyer
« On escrit auiourd'hui Solde, Soldat, Soudoyer : & Soulte ne se dit plus » S 1603 s.v. Soulte
« [Targer] mot ancien, Tarder est en vsage maintenant » S 1599 s.v. Tarder [42]
8. Fréquence :
« Allecher est plus vsité que Allicher » S 1599 s.v. Allicher
« Saepius pr. aucun » S 1606 s.v. Aucun [43]
9. Idiomaticité :
« vsez du mot Bienvueillance, plus françois » S 1599 s.v. Benevolence
10. Connotation ou situation d'emploi :
« [Loquacité] Il se prend en mauuaise part » S 1599
« [Zele] tantost il se prend en bonne, quelquesfois en mauuaise part. Car il y a zele bien reiglé & zele sans science » S 1599 [44]
« Pour exprimer le pronom Latin, Tuus, les François disent Vostre, sur tout parlant à personne de respect » S 1599 s.v. Vostre
Nous avons trouvé plus de soixante discussions étymologiques, dont la plupart sont le fait de S 1599 ou S 1606. Les langues sources comprennent :
a) allemand : voir, par ex., S 1599 s.v. Hanser ; S 1606 s.v. Aleu (« Rhenanus docte Aleman, tire ce mot du vieil langage de Germanie ») ;
b) arabe/grec : S 1599 s.v. Admiral ;
c) ancien français : S 1606 s.v. Courvée (« vieil françois ») ;
d) grec : S 1599 s.v. Guerdon, Histoire ; S 1603 s.v. Blasphemer ; S 1606 s.v. Praticien ;
e) grec/gaulois : S 1599 s.v. Sire, Tas ;
f) latin : S 1599 s.v. Capitaine, Palefroy, Reclaim, Rigoler, Sçavoir ; S 1603 s.v. Feste ; S 1606 s.v. Convaincre, Espave, Lu, Moufles, Pertuisane, Placet, Quelque, Quelqu'un, Villebrequin ;
g) latin/allemand : S 1606 s.v. Quarantaine ;
h) latin/francique/celtique/grec/allemand : S 1593 s.v. Marquisat ;
i) latin/gaulois : S 1606 s.v. Lieuë ;
j) latin/grec : S 1606 s.v. Coquin, Parage ;
k) latin/grec/allemand : S 1606 s.v. Pape ;
l) persique : S 1599 s.v. Paradis.
L'étymologie peut concerner :
a) le signifiant et le signifié : « Aucuns le tirent de Missa, Missorum, i. choses enuoyees : ou du congé donné à l'assemblee, Ite, missa est : ou de la coustume de mettre hors les cathecumenes & autres forclos de la communion » S 1599 s.v. Messe ;
b) le seul signifié : « C'est presser quelqu'vn de faire ce qu'il ne pretendoit, mot ancien, pris de la coustume des Perses, qui enuoyoyent leurs paquets de lettres par pietons coureurs (comme on fait encores auiourd'hui en Turquie) lesquels contraignoyent & angarioyent le premier rencontré de prendre & porter le pacquet » S 1606 s.v. Angarier ;
c) un nom propre ou une onomatopée : S 1599 s.v. Daulphin, Methridat (« On estime qu'il ait esté inuenté par Mithridates ancien Roy de Pont, & qu'il a retenu ce nom de l'inuenteur »), Mommon (« On estime que les masquez qui vont courant de nuict par les maisons pour baler & iouer ont esté appellez Mommons, pource qu'en lieu de parler distinctement, ils ne prononcent que ces mots confus Mon, Mon ») ;
d) un composé : S 1599 s.v. Fierhumble, Maudire, Varlet, S 1606 s.v. Tintamarre ;
e) la dérivation morphologique : S 1599 s.v. Renforcir (« vient du substantif, Force »), S 1606 s.v. Sacrer (« Peut estre que de ce verbe vient l'autre, Massacrer ») ;
f) la dérivation morpho-sémantique : S 1599 s.v. Dorade, Grenier (« Aucuns escriuent & prononcent Grainier, pource que on y serre les grains »), Losengier, Mer, Pochettes, Roquette ;
g) la motivation historique : S 1606 s.v. Clef (clefs sur la fosse), Espice (les espices d'un proces).
La plupart des étymologies offertes par l'édition de Stoer sont empruntées. La clé du statut d'emprunt est donnée le plus souvent par des connecteurs tels que « aucuns disent que », « on estime que », etc. Par exemple :
« Aucuns sont de l'auis qui s'ensuit, que [...] » S 1599 s.v. Admiral
« Aucuns disent que ce mot vient de [...] » S 1603 s.v. Blasphemer
« aucuns estiment que lu soit lucus, les autres Locus » S 1606 s.v. Lu [45]
Lorsque le commentaire de Stoer vient s'ajouter à une discussion héritée du Dictionaire françois-latin, le désaccord des hypothèses étymologiques peut être plus prononcé :
« L'etymologie de Becanus touchant son Coninkstapel n'est non plus aprouuee que celle d'vn autre qui estime que Connestable soit dit comme si c'estoit Cuneus stabilis, & d'vn autre qui appelle le Connestable Comitem stabilem » S 1606 s.v. Connestablie [46]
« il peut estre deriué des mots Grecs sus mentionnez. Ou plustost, ce semble estre vn ancien mot Gaulois, de l'etymologie duquel, comme de plusieurs autres, les doctes ne sont pas d'accord » S 1599 s.v. Tas
2.1.5.3.1. Typologie
S 1593, dont les quatre ajouts concernent des termes historiques, cite
Nicétas à propos
du mot grec S 1599 s'intéresse tout particulièrement aux auteurs
latins classiques, faisant appel à
Cicéron, Horace, Ovide, Plaute, Sénèque,
Térence, Tite-Live et Virgile, pour des items
latins dont la traduction française constitue l'entrée ;
ex. : « Qui s'entend bien à
cognoistre ce qui est beau & ce qui ne l'est pas : Elegans
formarum spectator.
Terent. » s.v. Beau. La séquence phraséologique latine
peut aussi précéder le français :
« Farci de morceaux, Frustulentus Si aqua frustulenta est, da
obsecro : hercle
absorbeam : Si la soupe est grasse & bien garnie, donne
m'en : ie la humerai.
Plaut. » s.v. Morceau = 1) séquence-exemple français, 2)
équivalent-dénomination
latin, 3) exemple signé du mot latin, 4) traduction française
de l'exemple latin. Les
auteurs latins sont aussi sources d'informations
encyclopédiques : « Plaute fait vn denombrement de diuers liens en son
Asinaire, Stimuli, Compedes, Nerui,
Catenae, Numellae, Pedicae, Boiae. » s.v. Lien « Durant le temps que les oeufs prennent vie, & forme
d'oiseaux, Diebus quibus
animantur oua, & in speciem volucrum conformantur. Col. » s.v.
Animer [47] Stoer a recours aux modernes, soit comme témoins d'informations
historiques Du
Haillan sur le roi des ribauds (s.v. Ribauld), Vigenere sur les machines de
guerre (s.v.
Bricoles) , soit comme modèles d'usages linguistiques : « auiourdhui tous ceux qui parlent & escriuent correctement
françois ne distinguent,
ains confondent ordinairement ces deux particules On &
Lon : comme on peut voir en
Amiot, Montagne, Vigenere, & autres » s.v. Hom « Les Poetes françois composent tous les iours des mots
en ceste façon, tesmoin entre
tous le sieur du Bartas » s.v. Irritemer S 1603 ne cite qu'une source, Joinville, en tant qu'individu porteur du
titre de « Sire »
au sens de « seigneur » (s.v. Sire). Les sources nommées de S 1606 sont plus résolument
historiques. Tout comme le
Thresor de la langue françoyse, tant ancienne que moderne
de Nicot, paru la
même année, cette édition s'intéresse aux
origines du français. L'ancien français
angarier (lat. angariare) est attesté chez S.
Matthieu, arramir/adrhamir et ban
chez Charlemagne ; les formes latines balationes (s.v. Bal),
cogciones (s.v. Coquin),
muffulae (s.v. Moufles), et pagenses (s.v. Paisan)
chez Charlemagne toujours,
bannus (s.v. Ban) chez Grégoire de Tours. Pasquier est
cité pour l'étymologie de
tintamarre. Dans un long commentaire étymologique sur
pape, sont proposés comme
autorités Arianus et Hérodote sur l'usage du grec sicilien La principale source des ajouts de S 1606 n'est pas une seule fois
désignée pourtant.
Il s'agit de François Ragueau, à qui l'on doit un Indice
des droicts roiaux et
seigneuriaux (1e éd., 1583 ; 2e
éd., 1600 [48]), qui devint par
la suite le Glossaire du
droit françois. La confrontation du texte de Stoer avec
l'édition Laurière du
Glossaire [49]
révèle que Stoer aurait emprunté à Ragueau un
nombre assez
considérable d'items et de commentaires, soit en les recopiant
textuellement, soit en les
remaniant ou résumant. Qu'on en juge : a) S 1606 s.v. Bureau : « Bureau de recepte, Statio
fiscalis. Il y en a de diuerse sorte,
selon qu'il y a diuers procureurs du fisque. l. I. Cod. de
compensat. » Ragueau s.v. Bureau : « Bureau DE RECETTE. "Statio fiscalis." de
Justice, de Notaire,
pour un tablier. "Statio. Diversae sunt fisci stationes et mansiones,
ut plures procuratores
fisci vel Rationales, qui constituti diversis rebus fiscalibus l. 1, Cod.
de Compensat. [...]" » b) S 1606 s.v. Busche : « Droit de busche ou chaufage,
Franciae thesaurariis &
computorum regiorum administris tributum. » Ragueau s.v. Busche : « DROIT DE
Busche ET CHAUFFAGE. En l'Edit du Roy Henry III,
du mois de Juillet 1577, fait pour l'union des Charges des Tresoriers de
France, et Generaux
des finances, et qui leur appartient par chacun an outre leurs gages :
[...] Ce droit de Busche
appartient aussi aux Officiers de la Chambre des Comptes [...] outre leurs
gages. » c) S 1606 s.v. Personnier : « Personnier, a diuerses
significations 1. C'est le coheritier
2. Le complice & coulpable du mesfait. 3. Compossesseur
& suiet à mesme droit
de taille reelle enuers le Seigneur. 4. Les communs en biens &
heritages
s'appellent Compersonniers. 5. L'on appelle aussi personnier, qui
eandem cum alio
actionem instituit, vel exceptionem proponit : vel qui est eodem
cognationis gradu cum eo
qui agit de iure Ragueau s.v. Personier : « Personier [...]
Normandie, chap. 26, 35, 101. C'est le coheritier.
Et en la Coutume de Normandie, chap. 80, c'est le complice et coupable du
méfait. Et en la
Coutume de Bourbonnois, art. 417 [...] C'est le compossesseur et sujet
à même droit de
taille réelle, envers le Seigneur [...]. Et les communs en biens ou
heritages s'appellent
Compersonniers : Nivernois, tit. 22, art. 7. [...] Aussi l'on appelle
personnier, "qui eandem
cum alio actionem instituit, vel exceptionem proponit :" Normandie,
chap. 62. "Vel qui est
eodem cognationis gradu cum eo qui agit de jure." (Normandie, chap. 116,
117.) Ou celuy
qui est compagnon avec un autre en fait de trafic et negociation, en gain,
profit et perte,
(Bayonne, tit. 3, art. 22), ou ceux qui doivent contribuer à la
refection d'un pont ou chemin.
(Bayonne, tit. 18, art. 3.) » Bon nombre de sources à fonction encyclopédique
mentionnées par S 1606 le sont
donc par l'intermédiaire non avoué de Ragueau [50]. Stoer fait plusieurs fois des synthèses qui lui font nommer des
sources génériques : « en infinis discours & histoires de nostre
temps » S 1599 s.v. Capitaine « en diuers historiens depuis Charlemagne » S 1606
s.v. Connestablie « es ordonnances des forests » S 1606 s.v. Caables « par toutes les coustumes de France » S 1606 s.v.
Confiscation « en diuers coustumiers » S 1606 s.v. Escuyer « les doctes » S 1599 s.v. Tas, S 1606 s.v.
Connestable « es auteurs anciens » S 1606 s.v. Escuyer « apud auctores » S 1606 s.v. Purger « de l'opinion des Stoiques & Astrologues » S 1599
s.v. Predestinée « Les Poetes françois » S 1599 s.v.
Irritemer « Les poetes en vsent » S 1599 s.v. Soleillé [51], Pausanias sur le celtique
marcisia, Sabinus au
sujet de marchiae et Suétone sur le mot
galba.
,
SS. Cyprien,
Ambroise, Jérôme et Augustin sur celui du latin papa,
Codinus l'emploi du grec
. De nouveau Du Haillan est rapporteur d'une
information
encyclopédique les fonctions du Grand Queux de France (s.v. Queux)
, Du Bartas
atteste une coutume perse (s.v. Royne). Ce dernier autorise également
l'usage en
synchronie de sepulchral et de serener la tempeste (s.v.
Serener).
. 6. Celui qui est compagnon
auec vn autre en fait
de trafic & negotiation, en gain, profit & perte. 7. ceux qui
doyuent contribuer à
la refection d'vn pont ou chemin. Cohaeres, socius, sodalis,
cognatus, Personarius, i. qui
eandem nobiscum personam gerit. »
2.1.5.3.2. Bibliographie [52]
Nombre d'auteurs/textes : 70
Nombre de mentions total : 124
1. /ambroise/ (S 1606 : 1)
« S. Ambroise » ; = IVe s. ; BN :
AMBROISE (Saint)
2. /amiot/ (S 1599 : 2)
« Amiot en Plutarque » (1) ; = humaniste français,
XVIe s. ; BN : PLUTARQUE : Opuscula
Plutarchi ; trad. en fr. : Les OEuvres morales et
meslées de Plutarque, translatées du
grec en françois, par Messire Jacques Amyot, 1572 + 1574, 1575,
1579, 1587, etc.
3. /arianus/ (S 1606 : 1)
BN : ARIANUS (Candidus) : De generatione divina, 1540
4. /augustin/ (S 1606 : 1)
« S. Augustin » ; = IVe-Ve s. ;
BN : AUGUSTIN (Saint)
5. /bartas/ (S 1599 : 1 ; S 1606 : 3)
« Du Bartas au 7, liu. de sa seconde semaine » (S 1606 :
1) ; = poète français, XVIe s. ;
BN : DU
BARTAS (Guillaume de Saluste, seigneur) : La Sepmaine, ou Creation
du monde, 1578 +
1582, 1584, 1589, 1593, etc.
6. /cesar/caesar/ (S 1606 : 2 (dont 1 = Ragueau))
« commencement du 7. liu. des Commentaires de Caesar de la guerre
des Gaules » (1) ; = Ier s.
av. J.-C. ; BN : CÉSAR (Caius Julius Caesar) :
De bello gallico
7. /charlemagne/caroli/ (S 1606 : 7 (dont 1 = Ragueau))
« Capitulaires », « ordonnances » ; =
VIIIe-IXe s. ; BM : GERMANY, Charles I,
Emperor :
Praecipuae Constitutiones Caroli Magni [...] a
Lothario Nepote [...] collectae, 1545 ;
LOMBARDS : Leges Longobardorum seu capitulare diui ac sacratissimi
Caroli magni
imperatoris, 1512 + 1537
8. /ciceron/cic/ (S 1599 : 10 ; S 1606=Ragueau : 1)
« en sa 2. Philipp. » (S 1606) ; = Ier s. av.
J.-C. ; BN : CICÉRON (Marcus Tullius Cicero) :
Philippicae orationes in M. Antonium
9. /col/ (S 1599 : 1)
= agronome latin, Ier s. ; BN : COLUMELLE (Lucius
Junius Moderatus)
10. /curopalates/ (S 1606 : 1)
« Curopalates [...] Catalogue des charges ou offices de l'Empire, &
de la grande Eglise de
Constantinople » ; = CODIN ou CODINUS (Georges), curopalate ou
maître du palais à la cour des
derniers empereurs de Constantinople, XVe s. ; BN :
CODINUS (Georgius) : Sapientissime
curopalatae (Georgii Codini), de officialibus palatii
Constantinopolitani et officiis
magnae ecclesiae libellus, graece et latine, 1588,
1596
11. /cyprian/ (S 1606 : 1)
« S. Cyprian » ; = évêque, IIIe
s. ; BN : CYPRIEN (Saint), de Carthage
12. /gregorius/ (S 1606 : 1)
« Gregorius Turonens. » ; = historien, VIe
s. ; BN : GRÉGOIRE de TOURS
13. /haillan/ (S 1599 : 1 ; S 1606 : 1)
« Du Haillan au 4. liure de l'estat des afaires de France »,
« du Haillan en son discours des Estats
de France » ; = historien, XVe-XVIe
s. ; BN : DU HAILLAN (Bernard de Girard, seigneur) : De
l'estat et succez des affaires de France [...] depuis Pharamond,
premier roy des
Francs, Francons ou Françoys, jusques au roy Loys unziesme, 1570
+ 1571, 1572,
1573 ; De l'Estat et succez des affaires de France, oeuvre despuis
plusieurs precedentes
editions augmenté de plusieurs belles recherches, contenant
sommairement l'histoire
des roys de France, 1594 + 1595
14. /herodote/ (S 1606 : 2 (dont 1 = Ragueau))
= historien grec, Ve s. av. J.-C. ; BN :
HÉRODOTE d'HALICARNASSE
15. /hesychius/ (S 1606 : 1)
prob. BN : HÉSYCHIUS d'ALEXANDRIE = grammairien et lexicographe
grec, prob. IVe s.
16. /horat/ (S 1599 : 2)
= poète latin, Ier s. av. J.-C. ; BN : HORACE
(Quintus Horatius Flaccus)
17. /jerosme/ (S 1606 : 1)
« S. Jerosme » ; = docteur de l'Église latine,
IVe-Ve s. ; BN : JÉRÔME
(Saint)
18. /joinville/ (S 1603 : 1)
« la gentile Chronique de Iean, Sire de Ioinville » ; =
XIIIe s. ; BN : JOINVILLE (Jean, sire de) :
L'Histoire et chronique du tres-chrestien roy S. Loys IX, 1547 +
1595, 1596
19. /josephe/ (S 1606 : 1)
« liures de Iosephe » ; BN : HERBERAY (Nicolas de),
sieur des Essars : Les Sept livres de
Flavius Josephus de la guerre et captivité des Juifs traduicts de
grec et mis en
françoys, 1553
20. /liu/ (S 1599 : 2)
= historien latin, Ier s. av./apr. J.-C. ; BN : TITE
LIVE
21. /matthieu/ (S 1606 : 1)
« S. Matthieu »
22. /montagne/ (S 1599 : 1)
= écrivain français, XVIe s. ; BN :
MONTAIGNE (Michel Eyquem de)
23. /nicetas/ (S 1593 : 1)
« Nicetas historien Grec » ; = historien grec,
XIIe-XIIIe s. ; BN : NICÉTAS
ACOMINATUS ou
CHONIATAS
24. /ouid/ (S 1599 : 1)
= poète latin, Ier s. av./apr. J.-C. ; BN :
OVIDE (Publius Ovidius Naso)
25. /pasquier/ (S 1606 : 2 (dont 1 = Ragueau))
« Pasquier [...] recerches de France » ; = poète,
jurisconsulte et magistrat français, XVIe-XVIIe
s. ;
BN : PASQUIER (Etienne) : Les Recherches de la france,
à partir de 1560
26. /pausanias/ (S 1593 : 1)
= historien et géographe, IIe s. ; BN :
PAUSANIAS
27. /plaute/plaut/ (S 1599 : 3)
« Plaute [...] en son Asinaire » (1) ; = poète comique
latin, IIIe-IIe s. av. J.-C. ; BN : PLAUTE
(Titus Maccius Plautus)
28. /plin/ (S 1599 : 3)
= Pline l'Ancien, naturaliste et polygraphe romain, Ier s. ;
BN : PLINE l'Ancien
29. /sabin/ (S 1593 : 1)
« Sabin. lib. de appellatione, situ, moribus ac populis Marchiae
Brandeburgensis. » ; = littérateur
et historien allemand, XVIe s. ; BN : SABINUS (Georg
Schuler, dit Georgius) : voir REINECCIUS ;
REINECCIUS (Reinhard Reynete connu sous le nom de Reinerius) :
Origines illustriss. stirpis
Brandeburgicae [...] e germanica lingua in latinam
conversae. Item commentarius de
marchionum et electorum Brandeburg. [...] Accessit in fine historia
de vita Hugonis et
Theodorici, 1581
30. /seneque/senec/ (S 1599 : 1 ; S 1606=Ragueau : 1)
« 3. liu. de Ira, en Seneque » (S 1606) ; = philosophe latin,
Ier s. ; BN : SÉNÈQUE (Lucius
Annaeus Seneca) : De Ira
31. /suetonio/ (S 1593 : 1)
« Suetonio in Galba cap. 2. » ; = historien latin,
Ier-IIe s. ; BN : SUÉTONE (Caius
Suetonius
Tranquillus) : De XII Caesaribus
32. /terent/ter/teren/ (S 1599 : 5)
= poète comique latin, IIe s. av. J.-C. ; BN :
TÉRENCE (Publius Terentius Afer)
33. /titinnius/ (S 1606 : 1)
« en l'ancien Comique Titinnius » ; BM : TITINIUS :
Fragmenta in ESTIENNE (R.) : Fragmenta
Poetarum veterum Latinorum, 1564
34. /vigenere/ (S 1599 : 2)
« Vigenere en ses Commentaires sur Caesar » (1) ; =
littérateur français, XVIe s. ; BN :
VIGENERE
(Blaise de) : trad. et comment. César, Les Commentaires
[...] des guerres de la Gaule, 1584
35. /virg/ (S 1599 : 2)
= poète latin, Ier s. av. J.-C. ; BN : VIRGILE
(Publius Virgilius Maro)
Sources citées par S 1606 tirées de Ragueau
36. /aimoin/aimonius/ (4)
« es Chron. du temps de l'Empereur Martian, en l'addition à
l'hist. d'Aimonius, liu. 5. cha. 34. »
(s.v. Purger) ; = Xe s. ; BM : AIMOINUS, Monachus
Floriacensis : Historiae Francorum lib. V
[...] multo emendatories, 1567
37. /arrest/edit/edictum/ (3)
« arrest de parlement, l'an 1279. & 1364. », « En
l'ancien stile du Parlement de Paris [...] en l'edit
du roy Philippe le Bel l'an 1302 », « edictum Regis Philippi
Pulchri, anno 1302 » ; NU : FRANCE,
Parlement (Paris) : Les olim ou registres des arrêts rendus
par la Cour du roi, sous les
règnes de Saint Louis, de Philippe le Hardi [...]
38. /athenee/ (1)
« Athenee au 1. [liu.] » ; = rhéteur et grammairien
grec, IIe-IIIe s. ; BN :
ATHÉNÉE, de Naucrate
39. /burchard/burchardo/ (2)
« in decret. ex Burchardo » ; = jurisconsulte et canoniste
allemand, Xe-XIe s., évêque de
Worms ;
BN : BURCHARD de WORMS : D. Burchardi [...]
Decretorum libri XX., 1548, 1549, 1550
40. /chronique/ (1)
« au ch. 94. de l'ancienne Chronique de Flandres » ;
BM : FLANDERS : Cronique de Flandres
anciennement composée par auteur incertain, et nouvellement mise en
lumiere par D.
Sauvage, 1562
41. /cod/ (1)
« Cod. de Compensat. » ; BN : JUSTINIEN Ier,
empereur : Corpus juris civilis (Codex,
Pandectes [...])
42. /coustume/coustumes/coustumiers/ (4)
« coustume d'Auuergne », « coustume de Chaalons »,
« coustumes de France », « diuers
coustumiers » [+ cf. ci-dessus section sur remarques d'usage
régional] ; = les différentes
coutumes de France furent publiées début XVIe
s.
43. /cujas/ (1)
« Cuias en son Commentaire de Feudis » ; = jurisconsulte fr.,
XVIe s. ; BN : CUJAS (Jacques) :
Opera Jacobi Cujacii [...] [t. 4 :] De feudis libri
quinque et in eos commentarii, 1577
44. /curtio/ (1)
« Q. Curtio » ; = historien latin, Ier s. ;
BN : QUINTE-CURCE
45. /ferronus/ (1)
« Arnoldus Ferronus ad art. 3. tit. 12. consuetud.
Burdigal. » ; = conseiller au Parlement de
Bordeaux, historien, XVIe s. ; BN : LE FERRON
(Arnoul) : Arnoldi Ferroni [...] In
consuetudines Burdigalensium libri II [...] secunda hac editione
aucti et locupletati,
1540 + 1565, 1585
46. /gratian/ (1)
« Gratian. Can. Mennam. C. Omnib. C. Consuluisti. 2. quaest.
5. » ; = (BM :) GRATIANUS, the
Canonist ; (LarXIX) : canoniste italien, fin XIe - c.
1150 ; BN : GRATIEN : Decretum Gratiani,
seu verius Decretorum canonicorum collectanea, 1471 etc., 1500 etc.,
1550 etc.
47. /gregor/ (1)
« Niceph. Gregor. lib. 6. cap. 1. » ; = historien byzantin,
XIVe s. ; BN : GRÉGORAS (Nicéphore)
48. /hotoman/ (1)
« F. Hotoman au 44. ch. de sa dispute de Iure Feudali » ; =
jurisconsulte fr., XVIe s. ; à Genève
1570-9, 1584-9 ; BN : HOTMAN (François) : Franc.
Hotomani [...] de feudis commentatio
tripertita : disputatio de iure feudali, 1573 + 1576, 1586
49. /isidore/ (S 1606 : 1)
= prob. BN : ISIDORE de SÉVILLE (Saint) = théologien,
chroniqueur, érudit espagnol, VIe-VIIe s.
50. /ius/ (1)
« Ius canonicum » ; BM : ROME, Church of, Corpus Juris
Canonici : Corpus Iuris Canonici
emendatum et notis illustratum, 1591
51. /ivo/ (1)
« Ivo Carnotensis episcopus epist. 78. 91. » ; =
prélat français, XIe-XIIe s. ;
BM : IVO, Saint,
Bishop of Chartres : Ivonis episcopi carnotensis
epistolae, 1584
52. /laert/ (1)
= philosophe et historien grec, IIe-IIIe s. ;
BM : DIOGENES, Laertius
53. /lampridius/ (1)
= historien latin, IVe s. ; BN : LAMPRIDIUS
(AElius)
54. /lege/ (1)
« lege Angl. & Thuringorum tit. 15. » ; = c.
VIIIe s. ; NU : Lex Angliorum et Werinorum, hoc
est Thuringorum
55. /lege/legis/ (2)
« ex lib. 3. legis Francicae, cap. 47. », « lege
Francica, lib. 4. cap. 57. » ; = Ve s. ; cf. BALON
(Joseph), Traité de droit salique, 1965, t. I, p. 9 :
Loi salique = loi des Francs saliens ; autre
titre = Leges Francorum Salicae
56. /lege/ (1)
« Lege Ripuaria tit. 31. 32. 33. » ; = loi des Francs
ripuaires premièrement rédigée déb.
VIe s. ;
BM : RIPUARII : Leges Riboariorum Baioariorumque,
1530 ; Lex ripuariorum voir
ECKHARDT, Leges Francorum Salicae et Ripuariorum, 1720
57. /louys/ (1)
« Es ordonnances Latines du roy Louys IX. » ; = les
Ordonnances des rois de France furent
éditées plusieurs fois au XVIe s.
58. /lud/ (1)
« Hist. Lud. Pij, lib. 5. cap. 13. » ; = histoire de Louis
le Pieux
59. /marcellin/marcellinus/ (3)
« Ammian Marcellin », « Ammianus Marcellinus » ;
= historien latin, IVe s. ; BN : AMMIEN
MARCELLIN
60. /pline/ (1)
« Pline second [...] au 2. liu. de ses epistres » ; = Pline
le Jeune, écrivain latin, Ier-IIe s. ;
BN :
PLINE le Jeune
61. /polydore/ (1)
« Polydore Virgil. au 8. liu. de son hist. d'Angleterre » ;
= érudit italien, XVe-XVIe s. ; BM :
VERGILIUS, Polydorus : Anglica historia
62. /quintil/ (1)
« Quintil. declamat. 341. » ; = rhéteur romain,
Ier s. ; BN : QUINTILIEN (Marcus Fabius
Quintilianus) : Declamationes
63. /rheginon/ (1)
= IXe-Xe s. ; BN : RHEGINO : voir
RÉGINON ; RÉGINON, abbé de Prüm
64. /rhenanus/ (S 1606 : 1)
« Rhenanus docte Aleman » ; = philologue alsacien,
XVe-XVIe s. ; BN : RHENANUS (Beatus Bild
von Rheinau)
65. /rom/romae/ (3)
« in statutis Rom. », « in statutis vrbis
Romae » ; BM : ROME, Statutes of the City :
Statuta et
novae reformationes urbis Romae, 1523 ; Statutorum
almae urbis Romae, 1567 + 1580,
1590
66. /sicile/siciliae/ (4)
« lib. 3. Constit. Siciliae, tit. 26. », « Fridericus
II. Imperator, rex Siciliae, lib. 2. tit. 32. »,
« Ordonnances de Frederic 2. roy de Sicile » (2) ; BM :
NAPLES, Laws : Constitutiones Regni
Siciliae, 1533 + 1552, 1580, 1590
67. /sigonius/ (1)
« Sigonius au 5. & 7. liu. de regno Italiae » ; =
archéologue italien, XVIe s. ; BN : SIGONIO
(Carlo) : Caroli Sigonii Historiarum de regno Italiae libri
quindecim, 1574 + 1575, 1580,
1591
68. /symmachus/ (1)
« Symmachus au I. liu. epist. 37. » ; = orateur et homme
d'état romain, IVe-Ve s. ; BN :
SYMMAQUE (Quintus Aurelius Symmachus) : Epistolarum ad diversos
libri decem, 1580,
1587, 1598, 1601, 1604
69. /tillet/ (1)
« du Tillet au 2. liu. de ses memoires » ; = historien
français, XVIe s. ; BN : DU TILLET (Jean),
sieur de la Bussière : Les Mémoires et recherches de
Jean Du Tillet, 1578
70. /vegece/ (1)
« Vegece au 2. liu. De Militia Rom. » ; = latin,
IVe s. ; BN : VÉGÈCE (Flavius Vegetius
Renatus) :
De re militari
2.1.5.4.1. Le lexicographe comme rapporteur
La lexicographie a toujours reconnu pour certains domaines linguistiques
la possibilité
de l'existence d'un choix. Au niveau du système de la langue, le
dictionnaire indiquera
pour certains lexèmes des variantes de graphie ou de prononciation,
pour certains
signifiés des variantes d'expression ; en parlant de l'histoire
de la langue, il pourra être
amené à indiquer, au moins implicitement, l'existence de
plusieurs hypothèses
concernant l'étymologie d'un mot (« X vient peut-être de
Y »). Comme l'ont montré les
sections précédentes, Stoer prête son attention aux
variantes graphiques, aux synonymes
et trait révélateur de l'état des connaissances de son
temps aux hypothèses
étymologiques. Dans ce dernier cas, l'emploi des formules
« aucuns estiment que [...]
les autres [...] », etc. [53],
paraît tout à fait normal. Il y a pourtant d'autres contextes
ils
concernent le sens d'un mot où le choix offert par Stoer trahit
plutôt une certaine
incompétence de la part du lexicographe : « Aucuns tiennent que c'est vne voile de remplage &
surcroist : les autres, que c'est le
mast où la grand voile est attachee, ou la Trochlee seruant à
la tendre » S 1599 s.v.
Artemon « Grand Chambrier, auiourd'huy maistre de la garderobe,
selon aucuns » S 1606 s.v.
Chambrier [54] Dans l'histoire du Dictionaire françois-latin, il y a
ce qu'on peut considérer
comme les auteurs de première main Robert Estienne, Jean Thierry et
Jean Nicot [55]
et les éditeurs plus en retrait, ou 'gérants de boutique',
dont Jacques Dupuys et Jacob
Stoer [56]. Le rôle de rapporteur
des dires d'autrui se double, dans l'édition de 1606 avec
ses longs extraits tirés de Ragueau [57], d'un souci de
donner au lecteur le maximum
d'informations raisonnable ; témoin quelques remarques
métalexicographiques : « Ce qui nous a semblé bon de marquer pour le
contentement du Lecteur » s.v. Pape
(article de 35 lignes) « C'est l'oeuure d'vn iuste volume que la consideration de ce
poinct » s.v. Combat (art. de
22 lignes) « Ce seroit vn catalogue trop long » s.v.
Courvée L'attitude objective que nous venons de noter contraste avec le ton
critique qu'adopte
parfois le lexicographe envers les ineptes, les ignorants et les
infidèles. Le peuple
vulgaire peut être taxé d'ineptie ou d'ignorance : « [Belle se semble] Le vulgaire adiouste ces mots
à voir, & auis, disant, Il semble auoir,
il semble auis. mais ces mots à voir, & auis, sont
ineptes & superflus en cest endroit » S
1599 s.v. Sembler « [Voarre] ainsi prononce le vulgaire à
Paris, en Picardie, & ailleurs, mais
ineptement » S 1603 « on appelle Triacleur tout charlatan qui en public se mesle de
vendre des drogues la
plus part falsifiees, pour attirer deniers du vulgaire ignorant »
S 1599 s.v. Thriacleur « [Le Mal sainct Mein] Ainsi parle le vulgaire,
attribuant les maladies à ceux de qui il
cuide en tirer guerison » S 1599 s.v. Mein Les moeurs sont attaquées : « La corruption de nostre siecle a renuersé la vraye
signification du mot,
indifféremment dit de femmes & filles de tant soit petite estoffe
& qualité » S 1606 s.v.
Damoiselle « Auiourd'hui ces noms de Marquis & Marquisat, comme infinis
autres sont peruertis
& confondus, par l'importunité de plusieurs aspirans à
noms de hautes dignitez, & se
contentans de cela » S 1599 s.v. Marque « Vn homme mondain, c'est à dire adonné aux
plaisirs de sa chair qui ne se soucie
que de la vie presente, est dissolu en ses dits & faits » S
1599 s.v. Mondain Cependant c'est surtout en matière de religion que Stoer exprime
sa désapprobation,
opposant ce qui est propre « On n'vse proprement de ce mot, qu'en
parlant en
toute reuerence entre Chrestiens du sainct & incomprehensible mystere
des
trois personnes en l'essence diuine, asçauoir Pere, fils & S.
Esprit, vn seul
vray Dieu » S 1599 s.v. Trinité à ce qui va
à l'encontre du christianisme [58] : « C'est le liure de la superstition & fureur Mahumetique,
contenant 124. Azoares ou
chapitres remplis de mensonges & impietez horribles » S 1599
s.v. Alcoran « les blasphemateurs transpercent & blessent furieusement
l'honneur & le nom de
Dieu » S 1603 s.v. Blasphemer « Ce mot est fort vsité entre les profanes. On entend par
ce mot ce qui auient de
prosperité ou d'aduersité. // [Qui a toute esperance
en fortune] Les Chrestiens
esperent en Dieu & s'attendent à luy // [C'est à
fortune d'en disposer] C'est Dieu qui
dispose de toutes choses » S 1603 s.v. Fortune « Ceste payennerie a esté renouuelee entre ceux qui
deuoyent aprendre à ne parler de
Dieu qu'en reuerence & crainte » S 1599 s.v. Medieu « Né à bonne heure, ou à la malheure,
[...] Ainsi parloyent les anciens payens, qui
accusoyent obliquement le Createur, comme fauteur du peché au genre
humain, &
donnoyent aux estoilles la louange appartenant à l'effect de sa grace
en ceux qu'il
gouuerne par son Esprit » S 1599 s.v. Naistre « Ceste fiction represente obscurement la creation de nostre
mere Eue, la faute du
premier homme & les maux qui en sont auenus. Les pauures payens ont oui
parler en
confus de ces choses, qu'ils ont falsifiez puis apres par leurs
fictions » S 1599 s.v.
Pandore « En françois on vse du mot simple, destinee fatale,
prins de l'opinion des Stoiques &
Astrologues, lesquels ont ignoré la verité touchant la
predestination & prouidence
diuine » S 1599 s.v. Predestinée Stoer personnel n'est pas toujours critique pourtant : « les
practiciens sont gens
actifs, peu contemplatifs, qui n'ont pas la langue liée, ni les deux
pieds en vn
soulier, qui cerchent tousiours nouuelle besongne & practique pour
gaigner » S 1606 s.v. Praticien. Stoer a, du moins dans le domaine de la prononciation, une conscience
assez
développée de la structure du texte dictionnairique et de
celle de la langue : formules
codées, regroupements des unités de la macrostructure,
observations sur les tendances
générales du français [59]. Les
synthèses sont fréquentes aussi dans les
discussions
étymologiques et les mentions de sources [60]. Ailleurs
elles sont rares [61]. Les articles
construits à la Nicot sont également rares : rappelons
PERSONNIER (S 1606) [62] et
citons TRAIN (S 1603) : « Train signifie la maniere de viure d'vn homme soit bonne ou
mauuaise. Comme il
meine bon train, ou mauuais train en sa maison, Vitam priuatam
benè vel malè instituit.
Item ce que l'homme fait en diuerses vocations : comme train de
marchandise, &c.
Mercaturam exercet, &c. Plus l'estat diuers des afaires au monde.
Selon quoy l'on dit, tel
est le train de la vie humaine. Sic viuitur. » qui donne trois acceptions dans une structure récurrente :
définition + exemple +
équivalent latin de l'exemple. Une autre façon de construire
l'article est de faire
précéder un nombre d'alinéas-items d'un tour de
présentation : « Le mot de Cens,
Censif, Censiue, auec ses adioincts se dit diuersement en françois,
comme »
S 1606 s.v. Cens ; « Il a d'autres significations qui se
voyent es manieres de
parler suyuantes » S 1603 s.v. Entretenir. Le renvoi joue le
même rôle : « Autre est
le droit de Seigneuriage, dont sera parlé en la lettre S. »
S 1606 s.v. Brassage. On observe chez Stoer une explicitation embryonnaire, exprimée par
l'alternance
romain/italique, des niveaux du texte dictionnairique. L'outil est
très imparfait puisqu'il
doit servir en premier lieu, comme depuis Estienne, à distinguer le
français (italique)
du latin (romain). Nous avons déjà étudié
l'alternance romain/italique pour différencier,
dans la séquence sur la prononciation, la copule et
l'information [63]. Notons aussi la
séquence suivante, dans laquelle la copule charnière est
imprimée en romain : « Quelquefois c'est vn aduerbe appellant comme O Dieu,
deliure moy, O pauure coeur,
cesse de t'affliger » S 1599 s.v. O Quoiqu'en général, dans l'édition de Stoer, la langue
cible soit le français, le sujet de
l'énoncé lexicographique comme nous avons déjà
pu le constater au sujet de
l'utilisation que fait S 1599 de ses sources latines [64] ou à celui des syntagmes [65] est
parfois le latin. Ainsi, Stoer pourra commenter du latin : a) le sens : « Synagoga signifioit aussi le lieu où se faisoyent les
assemblees Ecclesiastiques des
Iuifs. Comme le mot Ecclesia peut signifier ce que nous
appellons Templum » S 1603 s.v.
Assemblée « Nepos en Latin signifie celui qui est né de mon fils,
ou de ma fille. Pourtant Abnepos,
Atnepos, Trinepos, &c. ne se peuuent entendre des descendans des
neueux qui sont
collateraux : mais se rapportent aux descendans des fils & filles
en droite ligne » S
1599 s.v. Neveu [66] b) l'antonymie : « Alacer [...] Les Latins opposent à ce mot Lacer,
qui signifie Deschiré, & celuy qui a
quelques membres trompez » S 1599 s.v. Alaigre [67] c) l'étymologie ou la motivation sémantique : « Aucuns estiment que ce mot Carentena ou Carena,
soit vieux Aleman. Les autres le
deriuent du Latin Careo, & Carentia, à cause
que les poenitens carebant victu & potu
ordinario » S 1606 s.v. Quarantaine « Mysteria [...] à cause que on y void vne chose, &
lon y en entend vne autre » S 1599
s.v. Sacremens [68] Certains items sont construits autour d'une dénomination
latine : « Assemblée, pour exercice de religion, Ecclesia,
Du temps des Iuifs, telle assemblee se
nommoit Synagoga » S 1603 s.v. Assemblée « Le pere de mon ayeul paternel ou maternel, Abauus. //
Le grand ayeul de mon
bisayeul, Tritauus » S 1599 s.v. Ayeul « La porte d'vne ville, [Porta] :
La porte d'vne maison, [Ianua] » S 1599 s.v.
Porte « Par metaphore l'Enuie est appellée des Latins,
Liuor » S 1599 s.v. Terni [69] Le latin, qui dans la plupart des syntagmes phraséologiques, ou
exemples, est
subordonné au français presque tout syntagme illustratif
français est suivi d'un ou de
plusieurs équivalents latins , doit être parfois
considéré, dans S 1599, comme
constituant la source, voire la cible d'un item. Ceci est frappant dans les
cas où il s'agit
d'une citation latine signée : « A peine trouuera on place pour serrer ce grand amas &
monceau d'argent, vix iam
videtur locus esse, qui tantum pecuniae aceruum capiat. Cic. » S
1599 s.v. Amas « Les Capitaines Grecs las de guerroyer, & combatus de
destin, bastissent vn cheual
de bois, Fracti bello, fatisque repulsi ductores Danaûm equum
ligneum aequum aedificant.
Virg. » S 1599 s.v. Capitaine « [Composer vers] Ou il folie, ou il versifie, Aut
insanit, aut versus facit. Horat. » S 1599
s.v. Vers ou encore ceux auxquels il manque le mot-adresse
français : « Les pourceaux preferent l'ordure aux bonnes senteurs,
Suibus Alabaster plenus vnguenti
putere videtur » S 1599 s.v. Alebastre « Durant le temps que les oeufs prennent vie, & forme
d'oiseaux, Diebus quibus
animantur oua, & in speciem volucrum conformantur. Col. » S 1599
s.v. Animer « La Bise soufle, flat Boreas » S 1599 s.v.
Aquilon « Plus la mousche à miel est grande & grosse, moins
elle vaut, Quanto grandior apis
atque rotundior, tanto peior » S 1599 s.v. Aveille [70] Stoer continue la tradition, héritée du Dictionaire
françois-latin, qui consiste à
penser l'énoncé lexicographique indifféremment en
français ou en latin. Dans la
séquence définitionnelle, nous trouvons, par exemple :
« Genus vasis aquam continens
ad ablutionem manuum, vel ad vinum diluendum » S 1599 s.v. Aiguiere,
à côté de
« sorte de sargette pour vestemens » S 1599 s.v.
Droguet ; « certa terrae mensura »
S 1606 s.v. Bonniere, mais également « s'entend de diuerses
mesures de choses
seiches & liquides » S 1606 s.v. Sextier. La métalangue
de base est tantôt
monolingue (français ou latin), tantôt bilingue : « Inde dicterium Picardis familiare, Pis ou-an, qu'antan,
id est, potius hoc anno, quàm
proximè praecedenti. » S 1599 s.v. Antan ; cf.
« Le Picard dict, Loup ouarou. Les Alemans
appellent tels loups VVedervvolf, c'est à dire Loup de
rechef » S 1599-1606 s.v. Loup « les noms, verbes & autres mots commençans par qu.
se prononcent comme par C ou
K simple, Quadrain, Cadrain ou Kadrain, & sic de caeteris,
iusques à quenouille,
querelle, &c. » S 1606 s.v. Quadrain ; cf. « Et
ainsi faites es autres mots où il y a double
tt entre deux voyelles » S 1603 s.v. Attaincte « Ironicè dicitur de nebulone » S 1599 s.v.
Caution ; cf. « Par ironie & mespris on appelle
Sainct vn hypocrite & meschant » S 1599 s.v. Sainct « Alij dicunt Perrieres, ou Pierrieres » S 1606 s.v.
Quarrieres ; cf. « Aucuns disent,
Lamponner » S 1606 s.v. Ramponner « Hodie, Casque, Armet » S 1606 s.v. Salade ; cf.
« auiourd'huy Casque » S 1599 s.v.
Heaume Stoer utilise un certain nombre de termes linguistiques ou
lexicographiques dont
quelques-uns étaient courants de son temps, d'autres moins : mot [au moins une occurrence dp. S 1593 ; fréq.
métalinguistique env. 200], lat. vocabulum
[4], vox [5] diminutif [dp. S 1599 ; 3] terme [dp. S 1599 ; 1] nom [dp. S 1599 ; 17], nom propre [dp. S
1599 ; 1], lat. nomen [6] substantif n.m. [dp. S 1599 ; 1] f./feminin [dp. S 1606 ; 40] m./masculin [dp. S 1606 ; 49] cas [dp. S 1599 ; 1] singulier n.m. [dp. S 1603 ; 2] plurier n.m. [dp. S 1603 ; 2], pluriel n.m. [dp.
S 1606 ; 1] pronom (l'adjectif possessif moderne) [dp. S 1599 ; 2] verbe [dp. S 1599 ; 20] participe [dp. S 1599 ; 1] adverbe appellant [1] (S 1599 s.v. O :
« Quelquefois c'est vn aduerbe appellant comme O
Dieu, deliure moy ») interjection [dp. S 1599 ; 2] (dont une occurrence au
sens de "conjonction", S 1606 s.v. Ou :
« [tantost est vne interiection disiunctiue, aut, vel,
comme, chantez, ou vous en allez]
Ceste interiection n'a point d'accort ») particule [dp. S 1599 ; 1] maniere de parler [dp. S 1599 ; 4], maniere de parler
figurée [dp. S 1606 ; 2], maniere de
parler proverbiale [dp. S 1599 ; 2] proverbe [dp. S 1599 ; 2]
p./pr./pro./pron./pronon./fo
rmes pleines de prononcer [dp. S 1599 ; 559],
prononciation
[dp. S 1599 ; 4] + formes latines [4] escr./formes de escrire [dp. S 1599 ; 39] aspiration [dp. S 1606 ; 1] consonante [dp. S 1606 ; 1], consone [dp. S
1599 ; 3] voyelle [dp. S 1603 ; 2] lat. diphtongus [1] simple adj. [dp. S 1603 ; 3] superflu (lettre, mot) [dp. S 1599 ; 3] redonde v. (lettre) [dp. S 1603 ; 2] syllabe [dp. S 1603 ; 20], monosyllabe [dp. S
1606 ; 1], lat. syllaba [2] sens [dp. S 1599 ; 4] signifier [dp. S 1599 ; 44], signification [dp.
S 1599 ; 5] + formes latines [3] ordinairement (en parlant du sens ou d'autres aspects de
l'usage) [dp. S 1599 ; 12] proprement [dp. S 1599 ; 7] par translation [dp. S 1599 ; 5] metaphore [dp. S 1599 ; 1], lat. metaph. [1] contraire adj. et n.m. [dp. S 1599 ; 3] opposite n. [dp. S 1599 ; 2] antiphrase [dp. S 1599 ; 1] commun adj. et n.m. [dp. S 1599 ; 4],
communement/communément [dp. S 1599 ; 10] vulgaire adj. et n.m. [dp. S 1599 ; 10], lat.
vulgo [1] familier [dp. S 1599 ; 2] en bonne part [dp. S 1599 ; 1], en mauvaise part
[dp. S 1599 ; 3], en male part [dp. S
1599 ; 1] etymologie [dp. S 1599 ; 3] derivé n. [dp. S 1599 ; 5], deriver [dp.
S 1599 ; 5] composé n. [dp. S 1599 ; 6], adj. [dp. S 1599 ;
2] composer [dp. S 1599 ; 7] simple adj. [dp. S 1599 ; 4], n.m. [dp. S 1599 ;
2] relatif [1] et proche [1] "(plus ou moins) forme
analogue" (S 1606 s.v. Quelque : « Mais
plustost il vient de Aliquis, aliqua, aliquod, vel aliquid, &
des deriuez, ou composez, &
relatifs & proches d'iceux ») adjoinct "mot (formellement, syntagmatiquement) associé"
[1] (S 1606 s.v. Cens : « Le mot de
Cens, Censif, Censiue, auec ses adioincts se dit diuersement en
françois, comme [...]
Seigneur Censier, ou Censuel [...] Chef-sens. premier cens,
droit, gros ou menu à la
difference de surcens [...] Cens requerable [...] Double
Cens, à la difference du
simple [...] Cher cens [...] Cens truant, ou Cens
mort [...] Cens heredital, ou à vie [...]
Censier, qui doit le cens au Seigneur censuel ») lettre "partie de la macrostructure" [1] (S 1606 s.v.
Brassage : « dont sera parlé en la lettre
S »). Stoer parle deux fois explicitement de la correction de son
dictionnaire : « I'ay mis
peine de le rendre le plus correct qu'il m'a esté
possible » (1593, préface) ;
« Reueu, corrigé » (1606, titre). En dehors des
items ajoutés, on observe de
nombreuses modifications apportées au texte hérité de
Jacques Dupuys, voire des
changements faits d'une édition à l'autre de l'ouvrage de
Stoer. Par exemple : a) Vocabulaire (en mention ou en usage) : « Negligence
& paresse d'accoustrer [...] »
1573 s.v. Accoustrer -> « Nonchalance [...] » 1599 ;
« Aimer folement » 1573 s.v. Aimer ->
« [...] ardemment » 1599 ; « à
Nou, Natando, Natatu » 1573 s.v. Nou -> « Nouer, Nager,
Natare » 1599 ; « Penser d'aucun, c'est prendre soing de
luy » 1573 s.v. Penser -> « Penser
à aucun [...] » 1599 ; « brasser vne
alliance » 1573 s.v. Alliance -> « traiter
[...] » 1603 ;
« Pommes de Boncrestien, Poma panchresta » 1573 s.v.
Boncrestien -> « Poires de
Boncrestien, Pyra panchresta » 1603 ;
« locution » 1573 s.v. Ca -> « maniere de
parler »
1603 ; « terme coarcté à certaine maniere de
compaignie » 1573 s.v. Compaignon -> « [...]
restreint à [...] » 1603 ; « voyez
Perturber » 1573 s.v. Pertroubler -> « Voyez
Troubler » 1603 ;
« l'obsidion d'une ville » 1573 s.v. Siege ->
« l'assiegement [...] » 1603 ; « Vn cheual
qui
ha le corps & les iambes allegres » 1573 s.v. Taille ->
« [...] gresles » 1603 ;
« Affriolement » 1573 sub voce ->
« Affriandement » 1606 ; « Banc
d'argentier » 1573 s.v.
Banc -> « Banc de changeur » 1606 ; « le
Corpus Domini és eglises » 1573 s.v. Ciboire ->
« l'hostie » 1606 ; « religieux »
1573 s.v. Conventuel -> « moines » 1606 ;
« Aquilo » 1573
s.v. Faner -> « La Bise » 1606 ; « se
potager & gouuerner » 1573 s.v. Hubir -> « venir
à
bout » 1606 ; b) Forme : « Oiseliere, Aucupium, Aucupatio »
1573 s.v. Oiseliere -> « Oiselerie [...] »
1593 ; goulard, goularder 1573 sub voce ->
gouillart, gouillarder 1599 [71] ;
« Curation de
playe » 1573 s.v. Curation -> « Cure [...] »
1603 ; « Delicateté » 1573 sub voce ->
« Delicatesse » 1603 ;
« Applanir » 1573 s.v. Esplanade ->
« Esplaner » 1603 ; « Du Liarre »
1573 -> « Du Liarre [...] l'Hierre » 1603 ->
« Du Liarre [...] Hierre » 1606 ;
« Reaument »
1573 -> « Reaument [...] Pr. Realement » 1603 ->
« Reaument [...] pron. Reellement » 1606 ;
« Aruc, [sic] ou deuenir ari » 1573 s.v. Ari ->
« Arir, ou deuenir ari » 1606 ;
« Regardure »
1573 sub voce (deux occurrences) -> « Regard »
1606 ; c) Graphie des mots sub voce : arcon 1573 ->
archon 1593 ; doulx (x 20), doulce,
doulcet, doulcelet, doulceastre,
doulcereux (tous x 1), doulceur (x 10),
doulcement (x 8)
1573 -> doux, douce, doucet, douceastre,
doucereux, douceur, doucement 1593
[doulcelet supprimé] ; grammarien 1573 ->
grammairien 1593 ; almandes 1573 ->
almadies 1599 ; antimonium 1573 -> antimoine
1599 ; assaisinateur [sic] 1573 ->
assassin 1599 ; assasinement [sic] 1573 ->
assassinat 1599 ; cadaver 1573 -> cadavre
1599 ; « Eneuche » 1573 -> « Enuche, ou
Eunuque » 1599 ; estropiat 1573 ->
estropié
1599 ; cavailler 1573 -> cavallier 1603 ;
desgaigner (x 3) 1573 -> desgainer 1603 ;
fustiguer 1573 -> fustiger 1603 ; gonfanon
(« de l'eglise ») 1573 -> gonfanonier
1603 ;
palemaille 1573 -> palemail 1603 ;
araignee/araignée (x 5) 1573 -> araigne
1606 ; cerche
1573 -> recerche 1606 s.v. Cerch... ; fraiz (« ,
Fraischement ») 1573 -> frais 1606 ; fraiz
(« & despens ») (x 9) 1573 -> frais
1606 ; hirundelle 1573 -> hirondelle 1606 ; d) Graphie des mots sub voce, changements progressifs :
adresser/addresser : les cinq
occurrences vont progressivement de adresser (1573 x 5) à
addresser (1603 x 5) en passant
par des étapes mixtes en 1593 et 1599 ;
adresse/addresse : de même, adresse
(1573 x 3)
devient finalement addresse (1606 x 3) ;
arain/airain : arain (1573 x 11) ->
airain (1606 x
11) -> cf. « Arain [...] pron. Airain » (1599) ;
besoing/besoin : besoing (1573 x 21, dont
adresse), besoin (x 3) -> besoin (1606 x 24) -> cf.
« Escriuez & prononcez, besoin sans g. »
(1603) ; doleur/douleur : doleur (1573
x 36) -> douleur (1599 x 36) ;
prain/preigne/praigne : « Prain [...]
vne ourse prain » 1573 -> « Prain, ou Preigne
[...] vne
ourse prain » 1599 -> « Prain, ou Preigne [...]
vne ourse praigne » 1603 ; e) Graphie, cas divers : voirriere 1573 s.v. Vitre ->
verriere 1599 ; soldart 1573 s.v. Ban ->
souldart 1603 ; « Glazon Francis » 1573
s.v. Ouazon -> « Gazon [...] » 1603 ;
« cerchez
Souspeçon » 1573 s.v. Soubson -> soupçon
1606 ; f) Lexicalisation : « du Bausme » 1573 ->
« Bausme » 1603 ; « vne Anime » 1573 ->
« Anime, f. » 1606 ; « vn Bac » 1573 ->
« Bac » 1606 ; « vn Balay » 1573 ->
« Balay » 1606 ;
« vne Baleine » 1573 -> « Baleine » 1606 ;
« vne Borne » 1573 -> « Borne, f. » 1606 ;
« vne
Cerise » 1573 -> « Cerise, f. » 1606 ;
« des Coquerez » 1573 -> « Coqueret, m. »
1606 ;
« Des coquerettes » 1573 -> « Coquerettes,
f. » 1606 ; « Scier vne Gerbe de
blé » 1573 ->
« Gerbe de blé » 1606 ; « toute
sorte d'Humeur » 1573 -> « Humeur » 1606 ; g) Catégorie grammaticale : « Mentiri » verbe,
1573 s.v. Mensonger -> « Mendax, Menteur »
subst./adj., 1603 ; h) Type d'information : « Medecine minoratiue »
exemple, 1573 s.v. Minoratif -> « bruuage
medecinal » définition, 1603 ;
« Soubtraire » 1573 sub voce -> « Soubtraire [...]
Soutraire »
variante, 1599 -> « Soubtraire [...] pron. Soutraire »
prononciation, 1606 ; « Soubz, ou Soub »
variante, 1573 -> « Soubz [...] Sous, ou dessous » 1599
-> « Soubz [...] pron. Sous. ou
dessous » prononciation, 1606 ; « id est, Meschef &
infortune » définition, 1573 s.v.
Meschance -> « pron. Méchance » prononciation,
1606 ; i) Étymologie : « Semble qu'il vienne
de » 1573 s.v. Cueur d'une eglise -> « il vient
de »
1599 ; « Semble qu'il soit diminutif de ville » 1573
s.v. Villebrequin -> « Les autres disent
Vibrequin, à vibrando, ou plustost, à
vertendo » 1606 ; j) Usage [72] :
« aucuns dient Eppeller » 1573 s.v. Appeler ->
« le vulgaire dit Eppeller »
1599 ; « Autres prononcent Foible » 1573 s.v. Flebe
-> « Autres prononcent (comme il
faut) Foible » 1599 ; « Aucuns escriuent &
prononcent Renouille » 1573 s.v. Grenouille ->
« Les Sauoyards & autres [...] » 1599 ;
« Cubiculaire, ou Vallet de chambre » 1573 ->
« Cubiculaire, dites Vallet de chambre » 1599 ;
« Aucuns prononcent Abeille » 1573 s.v.
Aveille -> « La pluspart [...] » 1606 ;
Ronsard 1573 s.v. Sepulchral, Serener -> Bartas
1606 ;
entre gens ecclesiastiques 1573 s.v. Sire -> par le
vulgaire 1606 ; « Crucier, &
tormenter » 1573 -> « Crucier [...] vsez du mot,
Tormenter » 1606 ; k) Définition : « Miauler, c'est le cri d'un
chat » 1573 -> « Miauler, c'est crier comme vn
chat » 1599 ; « C'est villain, pourry, & par
consequent oyseux, fayneant » 1573 s.v.
Pouacre -> « C'est villain, pourry, qui ne fait que cracher &
se moucher sans respect
d'aucun » 1599 ; l) Sens : « Occiant, Occidens » 1573 s.v. Occire
-> « Occiant, Occidens, Couchant » 1599 ->
« Occiant, Occidens, Tuant » 1606 ; m) Formulations diverses : « Ce veu que les anciens
faisoyent au diable, Deuotio » 1573
s.v. Vouer -> « Ce veu que les Payens faisoyent à leurs
Dieux, auec grand serment : &
la protestation extraordinaire en fait de religion, Deuotio »
1599 ; « le bas de toutes
choses & soustenement » 1573 s.v. Bas -> « le bas
& soustenement de toutes choses »
1603. À travers les exemples donnés ci-dessus, on observe le
désir de la part de l'éditeur de
corriger, préciser, améliorer, moderniser. Dans ce même
but, il lui arrive de supprimer
ce qu'il juge hors de propos ; par exemple : a) Articles : ARTIS « en langage de
iargon » supprimé en 1599 ; CABO
(espagnol) 1599 ;
CAPO (italien) 1599 ; CONCHIER 1599 ; DESACRER, DESAVENTURE,
DESADVOUER (« voyez
Desauouer »), DESAGENOUILLER (4 articles de suite,
d'une ligne chacun) 1599 ; PRESAGIEUX
1599 ; ANGOISSEUX 1603 ; FORNIQUER 1603 ; CORPORAIL,
CORPORALIER 1606 ; b) Sources [73] : Berinus 1599 s.v. Angoisseux, Chalanger (x 3) ; 1603 s.v.
Achoisonner, Acquiter ; gardé
pourtant s.v. Chalanger (x 1), Claim, Descouronner ; Villon 1599 s.v. Deshaict ; gardé s.v. Haict ; Amadis 1603 s.v. Aisné, Apennager,
Arçonné, Armures, Chamaillis ; gardé s.v.
Attaincte,
Carriere, Compaignon ; Budé 1603 s.v. Bolever ; généralement
gardé (ex. s.v. Bourg) ; Gerard d'Euphrate 1603 s.v. Creancer ; mais garde (s.v. Creancer)
Artus de Bretaigne, Guy
de Waruich, Huon de Bordeaulx ; Nicot 1603 s.v. Encombriers, Estour ; gardé s.v. Bord,
Embler, Lancer ; Roman de Josué le Triste 1603 s.v. Cepier ; Ronsard 1603 s.v. Embompoint, Mielleusement ; gardé s.v.
Dévier, Empourprer (x 2) ; Pasquier 1606 s.v. Alteres ; c) Variantes, synonymes : astronomien 1599 s.v.
Astronome ; bouticle 1599 s.v. Boutique ;
taverneur (« hanteur de cabarets ») 1599 s.v.
Cabaret ; « vous pouuez vser des locutions
de Accointer » 1603 s.v. Achalander ; « Mieux
elire » 1603 s.v. Eslire ; « Vn babillard, Vn
rapporte nouuelle, Vn deceleur de secrets » 1606 s.v.
Babillard ; d) Mot-adresse : grenouilliere (« Grenouiller,
Grenouilliere ») 1606 ; e) Sens, syntagme : « Appariteur aucunesfois signifie
autant que Bourreau » 1603 ;
« Harenc bouffi » 1603 s.v. Bouffi ;
« L'escroue du geolier » 1606 s.v. Geolier ; f) Équivalents espagnols : s.v. Accueil, Acheminer
(1599) ; l'équivalent italien s.v. Acheminer
est gardé pourtant. Les diverses modifications apportées au texte ou, au contraire,
le manque de révision
peuvent résulter en un certain nombre d'inconséquences ;
par exemple : renvoi à cabo s.v. Cap ; CABO
supprimé (v. supra) ; renvois à Mesopotamie s.v. Dierbach, à
Challon s.v. Chaalons ; la plupart des articles de
noms de lieu, dont MESOPOTAMIE et CHALLON, furent mis en appendice en 1599 ; « Delicateté [...] Pasquier dit
Delicatesse » 1573 -> « Delicatesse [...]
Pasquier dit
Delicatesse » 1603 ; « Ie pense qu'on veult dire [...] » s.v.
Moisson ; ce n'est pas Stoer qui s'exprime, cette
affirmation date de Thierry 1564 ; « Estude fort aspre, Sudium [sic] flagrans » 1573
s.v. Aspre ; DFL 1539-1564 =
« Studium » -> « Estre [sic] fort aspre,
Sudium flagrans » 1593 ; « Cost // Costau // Coste » 1573 -> « Cost // Costeau //
Coste » 1606 ; perturbation de
l'ordre alphabétique ; « Famine // Fan, ou Faon // Fanal » 1573 ->
« Famine // Faon ou Fan // Fanal » 1606 ;
ibid. Parmi d'autres erreurs, notons : le pied-de-mouche du DFL changé en croix devant :
« Deuis ordonnance & estat » 1603
s.v. Estat ; « Chien de mer » 1606 s.v. Chien ;
« A qui dira mieux » 1606 s.v. Dire ;
« Estre
mis à l'echelle & mitré » 1606 s.v.
Mitré ; « Signe manuel » 1606 s.v.
Signe ; articles/items mal placés : ABORDÉ 1599 s.v. Bord ; CORROMPU 1599 au milieu de
CORRUPTION ; LANGUIT 1599 au
milieu de LANGUEUR ; MARQUE
1599 au milieu de
MARQUER ; CHEPIER 1606 au
milieu de CHEOIR ; quelques fautes d'imprimerie ; par ex. : rigeur 1599
s.v. Epicaizer ; bannissesement 1606
s.v. Confiscation ; dans dans 1606 s.v. Brandonner ;
frand pour grand, 1606 s.v. Connestable. Il y a, enfin, quelques rares cas où l'édition de 1603
rejette le texte de 1599 pour
revenir à celui de 1593 ; exemples : l'article CENTRON et l'item-renvoi CHAALONS (noms de lieu), supprimés en 1599, sont
rétablis en 1603 ; CENTURIE : « Centurie, Centuria. »
1593, 1603 ; « Centurie, Centuria. C'est vn nombre
d'hommes, ou de choses, qui qu'elles soyent, iusques à
cent. » 1599 ; cette précision aurait
été supprimée en 1603 afin de faire de la place pour
le rétablissement de CENTRON ; POISONNEUX : « Poisonneux,
Venenosus. » 1593, 1603 ; « Poisonneux, veneneux ou
empoisonné, Venenosus. » 1599 ; [1606 =
« Poisonneux, Venenosus. vsez du mot
Venimeux, ou du composé Empoisonneux. »] ; POLTRON : « Vn Poltron, Homo
nihili. mot d'Italien, Vn vaut neant. » 1593 ; 1599
ajoute : « C'est vn homme qui ne fait rien seruant au vrai
bien des autres : vn
paresseux, qui fuit le trauail & toute honneste
occupation. » ; 1603 = 1593 + « Vn
faineant, Deses, Otiosus, Laborum hostis. » ; à noter
que 1603 rétablit immédiatement avant
POLTRON l'article POLONE (nom
propre), supprimé en 1599. Les quelques petites modifications, corrections et fautes faites
à Paris par Jean Du
Carroy en 1605 (« Reueu & corrigé de nouueau, en ceste
derniere Edition »)
n'ont d'intérêt que pour établir la filiation avec les
éditions de Baudoin et de Poille.
Plutôt que de regarder les corrections apportées par Du Carroy
et qui auraient pu être
faites indépendamment dans les éditions de Baudoin et de
Poille, nous examinerons
quelques fautes et modifications introduites par Du Carroy et maintenues par
Baudoin
et Poille. Quelques exemples suffiront à la
démonstration : « Baillé en garde,
Commendatus » 1603 s.v. Bailler -> « [...] Commodatus »
1605 ; « Le Languedoc
dict Baile [...] par ce que [...] » 1603 s.v. Bailli ->
« [...] pource que [...] » 1605 ;
« Accroistre d'vn an le labeur » 1603 s.v. Labeur ->
« [...] de labeur » 1605 ;
« Laisser aller le cordage d'vne nauire » 1603 s.v.
Laisser -> « [...] d'vn nauire »
1605 ; « grandes trainées de flot » 1603 s.v.
Lame -> « [...] flots » 1605.
2.1.5.4.2. Le lexicographe comme critique
2.1.5.4.4. Le statut du latin en langue et en métalangue
2.1.5.4.5. Terminologie
2.1.5.5. Correction et révision