« Augmenté des noms [d']Arbres, Herbes, Plantes & Fleurs, auec leurs genres, obmis és precedentes impressions. »
En ce qui concerne le lexique français, la plupart des additions de Baudoin, en nombre restreint, ont effectivement trait à la nomenclature botanique, mais aussi, et davantage, à la nomenclature zoologique, surtout des noms de poissons ; les noms populaires français sont suivis du nom latin, et, dans quelques cas, de variantes régionales. Les indications de genre sont au nombre de vingt ; il s'agit du genre du nom latin.
L'édition de Baudoin ajoute aussi plusieurs centaines d'équivalents latins, souvent avec une indication de genre ou de source, à des items existant déjà dans le dictionnaire ; il n'en sera pas question dans les discussions qui suivent.
2.2.1.1. Mesure quantitativeAjouts de Baudoin [74]
Nombre de lignes | 449 |
Mots de texte | 3247 |
Mots de texte français | 2834 |
Alinéas nouveaux | 193 |
Alinéas augmentés | 21 |
Alinéas marqués [75] | 2 |
Parmi les mots arbres, herbes, plantes et fleurs mentionnés dans le titre, seul herbe (ou le latin herba) est utilisé comme élément de nom ou comme définisseur dans le texte des additions. Sont ainsi qualifiés 32 items (nous les donnons dans l'ordre du texte) :
afrodille, cheveux de Venus, herbe aux cuilliers s.v. Cuilliers, dragon, herbe au cancre, herbe de bouc, herbe aux aulx, herbe du feu « ou flame aquaticque », herbe d'esprevier, herbe sainct Jacques, herbe de sainct Jean, herbe au laict, herbe aux limassons, herbe aux clochettes, herbe à cent maladies, herbe au vipere ou serpent « vulgò buglossum syluestre, bourrache sauuage », herbe contre la gravelle, herbe à cotton, herbe doree, herbe aux ceuilliers, herbe aux polmons « ou herbe de coeur », monoyere « ou herbe à cent maladies », mouron violet, oreille de souris, politric, herbe à Robert, rosee au soleil, sainct foin, soude « il y en a vne autre sorte qui s'appelle blanchette », staphisague « ou herbe aux pouilleus », tue chien « ou mort au chien », verge d'or.
Autres ajouts (plantes, arbres, fleurs, fruits) :
ambres « sorte de saulle », basilic sauvage, bes « ou bouleau », chou de cypre, farigole « Serpollet », francosier « sorte de saule », grosse germandree, giroflee jaune « ou violier iaune », violette des dames « ou gyroflee des Dames », giroflee d'eau, glajeul puant, moly « rutae species », mort aux pourceaux s.v. Mort aux chiens, myrecoutons « sorte de pesches », ortie puante, oseille menue « ou oseille de brebis », oseille ronde « ou romaine », poires muscadelles, poire burgamotte, poire blanchette, grosse muscadelle, poire d'argent, poire forest, poire de S. Martin, poire d'espine, poire chat, poire de S. Jean, poire de nostre Dame, pommes susines, riorté, roinete « ou barbe de Cheures », savoree « ou Sadree », tourne sol « Heliotropij species », tremble « espece de peuplier », violette de marine, violette d'automne, violette de damas « ou gyroflée de damas, ou violette des dames », viorne « sorte de vigne sauuage ».
Les mots suivants sont donnés comme dénominations géographiques :
a) avignonnais : farigole « serpollet » ;
b) lyonnais : amarines « salix amarina » s.v. Francosier ;
c) normand : ambres « [ibid.] » + s.v. Francosier ;
d) Paris : osier « [ibid.] » s.v. Francosier ;
e) Savoie : amarines « [ibid.] » s.v. Francosier.
Cinquante-quatre vocables ajoutés à la nomenclature se voient qualifiés de « poisson de mer », « poisson marin » ou, dans un petit nombre de cas, de « poisson de rivage/ocean/saxatile/lac/riviere » :
ange, aphie, barbier, baveuse, bernadet, bernard l'ermite, bize, cabot, cognil, faulcon de mer, fritou « ou friteau », gange, girelle, glanis, herisson de mer, lamie, lampuge, liche, lievre, liparis, malarmat, milandre, mirallet, mole, moube, muschebout, oreille marin, orphe, ortie « ou cul d'asne », pagre, pagel, paon, poisson d'avril, poisson royal, pompille, porc, poulpes, retourné, rhomboide/rhombisine, sanglier, sarache, sargo, scare, scolopendre, scorpion, senedette, serran, spareille, spet, thon, tiburon, tortue de mer, trompette, vivelle.
Baudoin donne parfois un genre prochain plus spécifique :
« espece de Squille » s.v. Bernard l'ermite, « de ceux qu'on appelle Rochiers » s.v. Girelle, « espece de derbio » s.v. Liche, « Scorpion » s.v. Lievre de mer, « espece de raye » s.v. Mirallet, « entre les merlus de l'ocean » s.v. Muschebout, « c'est un maquereau » s.v. Poisson d'avril, « espece de Chalcis » s.v. Sarache, « espece d'aiguille » s.v. Trompette ; il lui arrive aussi de nommer un poisson d'apparence semblable : « semblable au Thon » s.v. Bize, « semblable au Muge » s.v. Fritou, « presque semblable à la Daurade » s.v. Spareille, « semblable à la pelamyde » s.v. Thon.
Autres noms d'animaux marins ajoutés par Baudoin :
albergame de mer « sorte de Zoophiste », scandebec « espece d'huistres », scinel « espece de lezard, qui se prend en la mer rouge », toupie de mer « espece de coquille », vit de mer « sorte de zoophyste », araigne de mer s.v. Vive.
Baudoin définit comme « certain oyseau », « espece d'oyseau » les mots barnacles et cingle. Deux noms d'oiseaux définis par des définisseurs plus spécifiques sont sabec « espece d'Autour » et zimiec « espece d'aigle ». Il ajoute quelques termes de fauconnerie : chiller « mot de fauconnerie », enduire « entre les Fauconniers », esmeutiment, gorge « entre les Fauconniers », tien le chien « dont se seruent les oyseleurs », oyseau tripier, vol pour le gros « terme de fauconnerie » ; plus six noms de maladies d'oiseaux dont tous, sauf le deuxième, concernent les faucons : aiguilles, barbillons, croye, pantaix, subtil, verole.
Enfin, deux noms d'animaux, ni aquatiques, ni volatiles : courterolle « vermis » [76], turc « ver [...] qui gaste la racine des vignes ».
Les mots suivants sont donnés comme dénominations géographiques :
a) lyonnais : courterolle, turc ;
b) languedocien : peis rei « poisson royal » s.v. Poisson, trompette « espece d'aiguille » ;
c) Marseille : cognil ;
d) Suisse : haluz « glanis » s.v. Glanis.
Baudoin donne quelques noms d'éléments ou produits naturels ou de substances dérivées : ambre gris « sorte de liqueur aromaticque », bezar « ou bazar sorte de pierre [...] Elle sert d'anthidote », bysse « lin [...] C'est encore une espece de laine », porcelaine « sorte de paste », sain de verre s.v. Soude, thonnine « chair de Thon » s.v. Thon, toute saine s.v. Toutebonne, zest « petite peau ou cartilage [...] au dedans de la noix » ; il ajoute aussi les définitions suivantes à des items existants : « drogue des Apoticaires » s.v. Agaric, « Boys à faire lardoyres » s.v. Fuzain, « breuage des malades » s.v. Tisanne.
2.2.1.5. Autres ajouts2.2.1.5.1. Domaines lexicaux divers, expressions figurées
Mentionnons, entre autres, les domaines suivants :
a) militaire : appointé « soldat », baston à feu, calibre, hastellier, mousquet, mousquetine, portee ;
b) papier : maculature, trenche ;
c) mathématiques : rhomboide ;
d) signes du zodiac : sagittaire, toreau ;
e) personnes : agen, lige, togue ;
f) lieux : Sorbonne ;
g) objets divers : gange « sorte de barril », sacquebute s.v. Sac.
On note également, comme expressions figurées : yeux de molue « prouerbe François » s.v. Moluë, poisson d'avril « prouerbe » s.v. Poisson, il ne vaut pas un zest « quand nous voulons estimer vn homme de peu de valeur » s.v. Zest.
2.2.1.5.2. Informations linguistiquesBaudoin propose quelques remarques sur :
a) l'orthographe : s.v. Ayr, Tiran ;
b) l'usage : « vulgò buglossum sylvestre » s.v. Herbe au vipere, « mot vulgairement vsurpé » s.v. Homme, « mot [...] commun entre tous les François » s.v. Laboureur ;
c) l'étymologie [77] : « escorché du grec » s.v. Mysanthrope, « tiré du Latin » s.v. Volter.
Baudoin mentionne, une fois chacune, six sources : Mattioli, Pline l'Ancien et Rondelet [78] à propos de termes d'histoire naturelle, respectivement s.v. Soude, Tourne sol, Spareille ; Pontano [79] pour une information encyclopédique s.v. Lige ; Ronsard comme attestation d'emploi de empoulement ; Virgile pour l'emploi d'un mot latin s.v. Ayr [80].
2.2.1.7. TypologieL'apport de Baudoin est avant tout l'addition à la nomenclature de quelques dizaines de termes d'histoire naturelle. Pour ce qui est de la méthodologie, nous pouvons noter les points suivants :
a) emploi fréquent, dans la définition, de sorte (22 occurrences), espece (24) et species (4) ;
b) étymologies explicatives (introduites par « ainsi appellé à cause de », etc.) : s.v. Herbe aux ceuilliers, OEillet de mer, Oreille marin, Poire burgamotte, Poisson d'avril, Poisson royal, Poulpes ;
c) utilisation de quelques termes linguistiques : adverbe s.v. Empoulement, equivocant « equiuocant sur le nom dit macquereau » s.v. Poisson d'avril, synechdochicquement s.v. Togue, proprement s.v. Portee, proverbe s.v. Moluë, Poisson.
« Oeuure [...] soigneusement reueuë »
À part les ajouts, le texte du dictionnaire est très peu modifié ; on remarque surtout de nombreuses fautes ; par exemple (nous donnons d'abord le texte de S 1605, ensuite celui de B 1607) :
« Vn Baboin, Vn oison » -> « [...] Vn oiseau »
« la carte gallicane » s.v. Bacele -> « la carte gallicace »
« creste marine » s.v. Bacille -> « triste marine »
« Semble qu'il vienne de » s.v. Baculer -> « Semblable qu'il [...] »
« Badin » s.v. Badault -> « Badin, ta, tum »
« anneau qu'on pend à vne potence » s.v. Bague -> « [...] qu'on prend [...] »
descrocher -> desrocher (sub voce) ; mossue pour bossue, caurté pour cavité, puis pour pays, poissons pour poisons (tous s.v. Bezar)
« Emeute, voyez Meute » -> « Emeure, voyez Meure »
La suppression du premier item de CAGASANGUE a pour effet de faire dépendre les deux autres (« Subiect à telle maladie [...] » et « Qui engendre telle maladie [...] ») de CAFFA (nom de lieu). Certains ajouts sont mal placés : CHOU DE CYPRE au milieu des items de CHRONIQUE ; ROBERT (HERBE À) au milieu de ceux de ROBBE ; SAINCT FOIN dans SAIN ; VOLTER, VOLTE dans VOLONTAIREMENT.
« [...] les noms des Empereurs, Roys, Peuples, Empires, Royaumes, Regions, Villes, Montaignes, Mers, Fleuues & Riuieres. Et enrichi de deux beaux traictez, l'vn des Arts Liberaux & Mestiers ; l'autre des Paroemies prouerbiales, suyuies à la fin d'vn Abregé de Prouerbes François, purgez, & remis en meilleurs termes que cy deuant. »
L'appendice traitant des « noms des Empereurs », etc., s'intitule en fait « Les noms des peuples » ; c'est celui de l'édition de Stoer. L'abrégé de proverbes est « L'essai de proverbes » de Stoer 1603-1605 ; il est « purgé et remis en meilleurs termes » par rapport à la version augmentée publiée dans S 1606. Le traité des « Arts Liberaux & Mestiers » est un recueil latin-français de quatre pages pris, sans que cela soit dit, dans le Nomenclator de Junius : sur les 291 items du recueil publié par Morillon, 287 sont dans les chapitres 8 et 9 (De artificibus liberalibus et De artificibus non liberalibus siue illiberalibus) du Nomenclator [81]. Les deux pages du « Traicté des Paroemies proverbiales », rédigé en français, renferment les rubriques suivantes : « Definition de la paroemie / De ce qui est propre à la Paroemie / Des choses qui apportent nouueauté à la Paroemie / Comme la Paroemie differe de ce qui semble luy approcher / De la dignité des Prouerbes / A combien de choses est vtile la cognoissance des Paroemies / Du diuers vsage des prouerbes / Les lieux d'où on tire les prouerbes ».
[Table des matières]