« [...] augmenté de beaucoup de ce dont il est le plus necessaire, qu'il n'auoit esté és Editions precedentes [...] »
Ajouts de de Brosses [222]
Nombre de lignes | 439 |
Mots de texte | 2220 |
Mots de texte français | 1598 |
Alinéas nouveaux | 190 |
Alinéas augmentés | 16 |
Alinéas marqués | 202 |
L'édition de de Brosses est la plus pauvre des six éditions du GDFL en termes d'additions concernant le français, ou même d'additions tout court. Les ajouts sont concentrés vers le début du texte : sur le total de 206 alinéas nouveaux ou augmentés, 88 se trouvent sous la lettre A, 167 sous A-E, 195 dans la première moitié de l'alphabet (A-M) ; les ajouts s'arrêtent à la lettre S (s.v. Sçavoir). Ils tendent aussi à se concentrer dans certaines pages du texte : les 27 items ajoutés sous la lettre D concernent tous des mots en des-, dont 24 en dess- ou dest- (pp. 426-7).
Les mots-adresses nouveaux sont les suivants :
absolument, abyssins, accordable, adorner « mettre en ordre », amarice « herbe nommee Bruyere, on l'appelle aussi Erice, Tamarice, Myrice », ambarum « Ambregris », ambarvales « feste, en laquelle on sacrifioit tous les ans vne hostie ou victime pour les biens de la terre », ameia « semence d'orme », amie « poisson », amminées « sorte de sep de vigne », amnestie, amphemerinos « espece de fiebure quarte que les Medecins appellent exquise », anodimene « Ouurage d'Apelles », antidose « Retribution », antipathie, apolectes « Conseil ou Senat », arcadien « Epithete du Dieu Pan », archieunuque « premier des Chambellans du Roy », archives, aromates, assideles « Tables ausquelles s'asseoyent les Flamines quand ils faisoyent leurs sacrifices », assipitum « viande douce », astrobolisme « maladie des arbres », asyle, attile « poisson », avenaire « espece de Cigale », aulicoques, babyloniques « voiles », balsamelaeon « Suc », comique, desherance, despamper « mettre bas & ietter les pampes », desrener, dessabler, dessuer, desteindre « Esteindre », destination, destinément, empoulé, engouleur, enthemes « emplastres [...] ; [...] surgeons », entr'embrassement, epicene (t. de grammaire), episcopat « Euesché », faincte, fatidique « qui declare le destin », insolvable, option.
De Brosses ajoute un petit nombre de syntagmes lexicalisés (ex. avant-chien « estoile » s.v. Chien, cinquiesme fueille « Herbe » s.v. Cinquieme), d'acceptions (à « Vers », terre avare s.v. Avare), de définitions (« [Aesopet] Nom d'homme », « [Attester] prendre à tesmoing », « [Cicatrice] marque qui demeure d'vne playe »), de synonymes (« [liuree des chanoines] voyez prebende », « [Rachais] Rongneux, Galleux »), de variantes (« Achapt, voyez [...] Achept », « Faulteur, voyez fauteur ») et une remarque de prononciation (s.v. Rains).
En dehors des étymologies implicites suggérées par la confrontation du mot-adresse avec un équivalent (« Apolectes [...] Apolecti », « Episcopat [...] Episcopatus »), de Brosses propose quelques étymologies explicites :
« Ambarum, Ambregris, à Graecis » ;
« [Ambezas] Quasi dicas ambo asses » ;
« Aulicoques, exta dicuntur in aulis siue ollis cocta » ;
« [Empreigner] Ce mot vient du Latin
Praegnans » ; « [Estiomene] A
Graeco.
» ; « Famille
vient du mot Latin
familia » ;
« [Funerailles] Ce mot est pris de
funis » ; « Aucuns tirent le verbe Oultrager du Latin
Vltra agere ».
Outre des équivalents latins, le texte donne un équivalent arabe : « Assipitum que les Arabes disent Ziribergi ».
« [...] pour vostre aduancement en la cognoissance du langage François & Latin [...] »
La majeure partie des ajouts faits par l'édition de de Brosses concernent des items bilingues, soit qu'il ajoute des items français-latin, soit qu'il joint des équivalents latins à des items qui n'en avaient pas ; par exemple :
« D'aage en aage, In secula // Aage de minorité, Pupillaris aetas // Quand on meurt deyant l'aage, immatura mors // Vieil aage. Senilis aetas // Plus que l'aage ne porte, Vltra aetatem // Si quelqu'vn veut conter tout son aage. Si quis totam eius aetatem percenseat » s.v. Aage
« [Affinees & entierement purifiées par la vertu] Expurgatae »
« [Affinoir, lieu où l'on affine quelque metal] Aurifusorium »
« [Affinerie, l'art d'affiner] Ars fusoria »
Le texte prend plus ouvertement l'allure d'un dictionnaire de thème lorsque l'équivalent latin est signé du nom d'un auteur classique :
« Destiner à soy vne femme. Sibi destinare aliquam in matrimonio. Suet. // Destiner la ruine de quelqu'vn. Destinare exitium alicui. Cic. // Aage destinée & subiecte à beaucoup de maux. AEtas multis periculis & discriminibus obnoxia. Cic. »
que le signe (signifiant et signifié) français est un latinisme :
« Ambaruales, c'estoit vne feste, en laquelle on sacrifioit tous les ans vne hostie ou victime pour les biens de la terre, Ambarualia, ium, ambarualis hostia »
« Apolectes c'estoit vn Conseil ou Senat d'hommes choisis. Apolecti. Liu. »
ou qu'une remarque d'étymologie met l'accent sur le latin :
« [Empreigner] Ce mot vient du Latin Praegnans, duquel vsent Virgile & Terence pour signifier vne femme grosse ou enceinte »
L'effort de rendre le dictionnaire plus bilingue est mené sur deux fronts : l'addition d'items bilingues et d'équivalents latins ; la modification, voire la suppression, de bon nombre des ajouts de Marquis, jugés sans doute comme trop « français » ou marginaux, ou même trop « lyonnais » [224].
Exemples de modifications :
M : « A pour en : Decius salla ruer à la plus
forte presse des combatans. Amyot opusc. »
dB : « A se met aussi comme in Latin apres les verbes de
mouuement : comme, il se rua
à la plus forte presse des combatans, in saeuississimam irrupit
praeliantium turbam »
M : « [Ingratitude] Fiere honneste, Rons. »
dB : « [Ingratitude] Mescognoissante, fiere,
deshonneste. Rons. » [225]
dB : suppression de la mention de source (« Belleau Berg. ») s.v. Oule « pot de fer »
M : « Pastis herbeux, Rons. »
dB : « Pastis herbeux, pascua herbida »
M : « Piaffe, Piaffer. Le gentil homme, qui ne sçait que bransler
vne espée à son cousté
& piaffer en pleine rue, me semble iuge incompetant d'vn docte graue, & vertueux
discours, H. F. »
dB : « Piaffe, pompaticus incessus // Piaffer, pompaticè
incedere, superbè ambulare, elatis
superciliis & buccis inflatis obloqui »
M : « Plattis, à l'endroict de ces basses, & plattis. Amy.
op. // Comme vn pilote de peur
que le nauire ne se aggraue en quelque platis, où la mer soit basse, ou en quelque
vase, Idem // Des grands marees & plattis »
dB : « Platis en mer, plagae arenosae,
arenae »
M : « Portraicts, de sa vertu, honnorez, peu venerable sans l'or, moisis des
antiques
ayeux, écortez par l'age & d'oreilles, & d'yeux, diuines statues, entré dans
mon coeur,
ingenieux, où maint beau traict se rapporte pour mieux resiouir les yeux, qui nage
dans mes yeux, Rons. au vif, naif, à qui la seule parolle
manque »
dB : « Pourtraict, pictura, effigies, imago »
L'exemple suivant pourrait servir à résumer les relations entre Genève protestante et Lyon catholique. En 1603, Stoer (Genève) avait défini ainsi le mot prone : « C'est le sermon que les Curez font à leurs paroissiens à la porte des chapelles le dimanche » ; l'édition de Marquis (Lyon) modifie cette définition : « C'est le sermon que les Curez font à leurs paroissiens à la nef des Eglises où ils chantent Messe le dimanche » ; chez de Brosses (Gex-Genève) on lit : « Predication faite en la nef de l'Eglise » [226].
De Brosses peut remplacer un article par un autre :
M : « Opter. Bacchus en faueur de cela, le mit au choix de demander ce
qu'il voudroit,
& il opta que tout ce qu'il touchoit deuint or, Vig. Im. »
dB : « Option, choix, optio »
ou tout simplement supprimer des items ajoutés par Marquis ; par exemple, l'article PLAT retient tout ce qui remonte à Stoer 1603 et retranche les alinéas (marqués) dus à Marquis (« Et pource que cela est fort plat pour donner quelque meilleur grace au contexte du tableau, Vig. im. // Faire paroistre cette histoire plus platte, Vig. chalc. // Plats entaillez au burin où s'eleuoient bossées, les victoires passées, Rons. // Platte couchée, Vig. im. // Platte peinture // Plat, tout à plat, Vig. ch. »). Les suppressions sont plutôt rares dans la première moitié du dictionnaire, mais à partir de la lettre L se font de plus en plus nombreuses, surtout d'items signés du nom de Ronsard.
La partie du texte de Marquis héritée de Stoer ou, à travers celui-ci, du Dictionaire françois-latin souffre peu ; de longs alinéas-articles « français » tels BLASON ou PROPRE restent intacts. Quelques articles ou items disparaissent cependant ; l'article PRANGELER (« Prangeler, Pic. Ruminare a prandio, Northman. Maianer, a verbo Metidiari » [227]), par exemple, peut-être considéré trop marginal.
Les sources mentionnées par de Brosses intéressent essentiellement le latin :
Higman [229] (s.v. Chien), Macrobe (s.v. Amminées), Pline l'Ancien (s.v. Ameia, Amie) pour des termes d'histoire naturelle ; Budé (s.v. Fuir), Festus (s.v. Ars, Aulicoques, Ennuyer), Nonius (s.v. Escrivain) comme commentateurs d'un mot latin ; Cicéron (s.v. Destiner x 2), Macer [230] (s.v. Fiebvre), Perse (s.v. Dessonger), Plaute (s.v. Escrimeur), Properce (s.v. Arcadien), Servius (s.v. Estincelle), Suétone (s.v. Destiner, Gage), Térence (s.v. Empreigner), Tite-Live (s.v. Apolectes, Garder), Virgile (s.v. Amminées, Empreigner) comme attestations d'emploi d'un mot, syntagme ou phrase [231].
Dans ses quelques ajouts, de Brosses utilise un certain nombre de termes linguistiques ou lexicographiques. En plus des copules pris de [fréquence métalinguistique 1], vient de [3], usez de [2], on trouve :
mot [9]
diminutif [1]
nom [2]
subst. [1], mot substantif [1]
genre [1]
nombre distributif [1]
epithete [1]
verbe [2]
lat. aduerb. [1]
façon de parler proverbiale [1]
prononciation [1]
signifier [5], lat. significat [1]
ordinairement [1]