2.6. De Brosses

2.6.1. Augmentation

2.6.1.1. Mesure quantitative

Ajouts de de Brosses [222]

2.6.1.2. Descriptif

L'édition de de Brosses est la plus pauvre des six éditions du GDFL en termes d'additions concernant le français, ou même d'additions tout court. Les ajouts sont concentrés vers le début du texte : sur le total de 206 alinéas nouveaux ou augmentés, 88 se trouvent sous la lettre A, 167 sous A-E, 195 dans la première moitié de l'alphabet (A-M) ; les ajouts s'arrêtent à la lettre S (s.v. Sçavoir). Ils tendent aussi à se concentrer dans certaines pages du texte : les 27 items ajoutés sous la lettre D concernent tous des mots en des-, dont 24 en dess- ou dest- (pp. 426-7).

Les mots-adresses nouveaux sont les suivants :

De Brosses ajoute un petit nombre de syntagmes lexicalisés (ex. avant-chien « estoile » s.v. Chien, cinquiesme fueille « Herbe » s.v. Cinquieme), d'acceptions (à « Vers », terre avare s.v. Avare), de définitions (« [Aesopet] Nom d'homme », « [Attester] prendre à tesmoing », « [Cicatrice] marque qui demeure d'vne playe »), de synonymes (« [liuree des chanoines] voyez prebende », « [Rachais] Rongneux, Galleux »), de variantes (« Achapt, voyez [...] Achept », « Faulteur, voyez fauteur ») et une remarque de prononciation (s.v. Rains).

En dehors des étymologies implicites suggérées par la confrontation du mot-adresse avec un équivalent (« Apolectes [...] Apolecti », « Episcopat [...] Episcopatus »), de Brosses propose quelques étymologies explicites :

Outre des équivalents latins, le texte donne un équivalent arabe : « Assipitum que les Arabes disent Ziribergi ».

2.6.2. Français et latin

La majeure partie des ajouts faits par l'édition de de Brosses concernent des items bilingues, soit qu'il ajoute des items français-latin, soit qu'il joint des équivalents latins à des items qui n'en avaient pas ; par exemple :

Le texte prend plus ouvertement l'allure d'un dictionnaire de thème lorsque l'équivalent latin est signé du nom d'un auteur classique :

que le signe (signifiant et signifié) français est un latinisme :

ou qu'une remarque d'étymologie met l'accent sur le latin :

2.6.3. Révision [223]

L'effort de rendre le dictionnaire plus bilingue est mené sur deux fronts : l'addition d'items bilingues et d'équivalents latins ; la modification, voire la suppression, de bon nombre des ajouts de Marquis, jugés sans doute comme trop « français » ou marginaux, ou même trop « lyonnais » [224].

Exemples de modifications :

L'exemple suivant pourrait servir à résumer les relations entre Genève protestante et Lyon catholique. En 1603, Stoer (Genève) avait défini ainsi le mot prone : « C'est le sermon que les Curez font à leurs paroissiens à la porte des chapelles le dimanche » ; l'édition de Marquis (Lyon) modifie cette définition : « C'est le sermon que les Curez font à leurs paroissiens à la nef des Eglises où ils chantent Messe le dimanche » ; chez de Brosses (Gex-Genève) on lit : « Predication faite en la nef de l'Eglise » [226].

De Brosses peut remplacer un article par un autre :

ou tout simplement supprimer des items ajoutés par Marquis ; par exemple, l'article PLAT retient tout ce qui remonte à Stoer 1603 et retranche les alinéas (marqués) dus à Marquis (« Et pource que cela est fort plat pour donner quelque meilleur grace au contexte du tableau, Vig. im. // Faire paroistre cette histoire plus platte, Vig. chalc. // Plats entaillez au burin où s'eleuoient bossées, les victoires passées, Rons. // Platte couchée, Vig. im. // Platte peinture // Plat, tout à plat, Vig. ch. »). Les suppressions sont plutôt rares dans la première moitié du dictionnaire, mais à partir de la lettre L se font de plus en plus nombreuses, surtout d'items signés du nom de Ronsard.

La partie du texte de Marquis héritée de Stoer ou, à travers celui-ci, du Dictionaire françois-latin souffre peu ; de longs alinéas-articles « français » tels BLASON ou PROPRE restent intacts. Quelques articles ou items disparaissent cependant ; l'article PRANGELER (« Prangeler, Pic. Ruminare a prandio, Northman. Maianer, a verbo Metidiari » [227]), par exemple, peut-être considéré trop marginal.

2.6.4. Sources nommées [228]

Les sources mentionnées par de Brosses intéressent essentiellement le latin :

2.6.5. Terminologie

Dans ses quelques ajouts, de Brosses utilise un certain nombre de termes linguistiques ou lexicographiques. En plus des copules pris de [fréquence métalinguistique 1], vient de [3], usez de [2], on trouve :

[Table des matières]