Méthodes d'enseignement de la langue (cf. le document "Articulation des théories et de la pratique")
Approches "grammaire/traduction" vs. "audio-linguale" vs. "communicative" vs. "suggestopédique" vs. "communautaire" vs. "cybernautique".
Questions:
Comment le rôle de l'enseignant a-t-il évolué?
Comment le rôle de l'apprenant (élève, étudiant) a-t-il évolué?
Comment l'espace d'apprentissage a-t-il évolué?
Comment le matériel didactique (le manuel, les textes de lecture) a-t-il évolué?
Comment les travaux ont-ils évolué?
JR p. 41 évoque, en citant un article de Pierre Calvé ("Vingt-cinq ans d'immersion au Canada, 1965-1990", Études de linguistique appliquée, 82 (1991)) l'opposition immersion vs. submersion en parlant de l'immersion sauvage en Belgique, pays souvent comparé au Canada en ce qu'il a deux langues officielles dans le cas de la Belgique le français (ou wallon) et le néerlandais (ou flamand).
Un document en ligne intitulé "Enseignement immersif des langues", publié par le conseil de la commune belge de Frasnes-Lez-Anvaing, contient le paragraphe suivant :
Dans le contexte montréalais des débuts du développement des programmes d'enseignement immersif, l'opposition correspond, pour les enfants anglophones, à l'immersion en français des programmes offerts par les écoles protestants anglophones et la submersion en français des programmes des écoles catholiques francophones. C'est le premier modèle, avec variations, qui a été retenu pour la suite du développement des programmes d'immersion française au Canada. (Cf, aussi JR, pp. 50-51.)
Énoncés de principes et de caractéristiques (JR pp. 56-62)
Principes du Guide d'immersion précoce du ministère de l'Éducation de la Nouvelle-Écosse (JR pp. 56-57).
Caractéristiques générales dérivant d'Ouellet et Genesee.
Caractéristiques socioculturelles de Genesee.
Caractéristiques pédagogiques de Genesee.
Caractéristiques méthodologiques d'Ouellet.
Caractéristiques d'une méthodologie centrée sur les activités (projets) de Stevens.
==> points saillants : apprentissage naturel (vs. systématique, formel) et développement d'une compétence communicative ; développement des facultés cognitives, affectives, sociales ; priorité du contenu sur la forme (et corrections sélectives) ; passage graduel d'un enseignement centré sur l'enseignant vers un apprentissage centré sur l'apprenant ; importance de la movivation chez l'apprenant.
Les études avant 1960 ont en général mené à des conclusions négatives. On voit des études canadiennes à résultats positifs à partir du début des années 1960. Trois champs théoriques pris en considération : neurolinguistique, psycholinguistique et sociopsychologie. On tient compte de Vygotsky (1962) qui a dit que le fait de pouvoir exprimer la même pensée dans des langues différentes rendrait un enfant capable de s'apercevoir que la langue n'est qu'un système de communication parmi beaucoup d'autres ; l'enfant deviendrait ainsi sensible aux opérations linguistiques. Au sujet de l'âge idéal pour apprendre une langue seconde, on n'est toujours pas d'accord sur la question de savoir si l'enfant est oui ou non moins apte après la puberté. Les études en psychologie sociale tendent à montrer que l'enfant est plus ouvert à l'apprentissage d'une deuxième langue parce qu'il n'a encore développé ni préjugés défavorables ni attitudes débilitantes. (JR pp. 69-71)
Dodson (1981) observe que l'élève bilingue a une langue qu'il préfère employer selon les fonctions et les situations. (JR p. 74)
Notion du niveau-seuil. Ouellet (1990) : "Pour qu'il y ait transfert de la compétence cognitive de la langue maternelle à la langue seconde, il faut que les élèves aient atteint un niveau-seuil de compétence dans la langue maternelle." (JR p. 76)
Cummins & Swain (1986) parlent de l'importance dans le bilinguisme de l'interdépendance linguistique entre L1 et L2. (JR p. 76)
Notion de l'interlangue. Selon Selinker (1972) et Selinker-Swain-Dumas (1975), les productions orales et écrites en langue seconde des élèves des programmes d'immersion représentent un système linguistique particulier, appelé interlangue, qui n'est celui de la langue seconde visée, ni celui de la langue première. Swain (1985) prône donc la nécessité d'une production compréhensible obligeant les élèves à un emploi cohérent et efficace de la langue. (JR pp. 78-79)
Niveau de maîtrise du français (JR pp. 81-111)
Les études des programmes d'immersion sont nombreuses et, inévitablement, se contredisent sur plusieurs points. Les principales questions de départ sont :
Quels sont les effets de l'immersion sur l'apprentissage du français langue seconde?
Un enseignement immersif affecte-t-il le niveau de développement de la langue première des enfants, en l'occurrence l'anglais?
Est-ce que le fait d'enseigner des matières scolaires comme les mathématiques ou les sciences dans la langue seconde a des effets sur le rendement scolaire des enfants?
Quelles sont les répercussions psychologiques et sociales de l'immersion?
Les programmes d'immersion sont-ils faits pour tous les enfants? En particulier, peut-on inscrire à de tels programmes les élèves qui présentent des risques élevés d'échec scolaire? (JR pp. 81-82)
Conclusions concernant la premère question (Quels sont les effets de l'immersion sur l'apprentissage du français langue seconde?). De manière générale, les résultats concernant l'immersion précoce sont les mêmes que ceux concernant l'immersion tardive sauf qu'ils sont relativement meilleurs pour le premier type d'immersion.
La différence entre conclusions favorables et conclusions défavorables est, en général, une différence de degré. Les observateurs sont d'accord pour trouver que la compréhension (de l'oral et de l'écrit) est supérieure à la production (ou expression orale et expression écrite). L'accent étant mis sur la communication (approche communicative), on constate des faiblesses au niveau de la grammaire, du vocabulaire, des registres (niveaux de langue) et de la prosodie (prononciation, intonation, rythme).
Observations particulières :
Pour certains observateurs, la compétence en compréhension ne concernerait que le contexte scolaire et laisserait l'élève assez démuni dans une situation de langue naturelle en dehors de l'école. À ce sujet Bibeau parle de "comptétence extralinguistique" (pour le deuxième type de situation), que l'on pourrait appeler aussi "compétence pragmatique". Lyster utilise l'expression "parler immersion" (premier type de situation).
Certains observateurs trouvent que le français des élèves est une interlangue contenant un grand nombre d'anglicismes et de fautes de toutes sortes (notamment fautes de genre, d'accord, de temps verbal). Quand les fautes deviennent enracinées, on parle de fossilisation des erreurs.
Les attentes des observateurs seraient différentes : d'un côté, ceux qui voient le but des programmes d'immersion comme donnant aux élèves une compétence fonctionnelle ; de l'autre, ceux qui voudraient que ces programmes mettent les apprenants en prise directe avec les milieux qui parlent français.
==> Remarques (RW) : 1) Dans quelle mesure le deuxième but est-il réaliste dans un cours d'immersion française donné à Mississauga ou à Toronto? 2) À votre avis, quel est le meilleur moyen d'être en prise directe avec les gens qui parlent français?
(RW) On observe que les groupes contrôles utilisés dans les comparaisons de mesure de maîtrise du français sont surtout des classes de francophones. Autrement dit, on mesure le degré de maîtrise du français en comparant des compétences en langue seconde avec des compétences en langue première.
JR conclut (pp. 110-111) en disant qu'on "s'accorde [...] pour reconnaître que les capacités productives des élèves de l'immersion n'atteignent pas celles des locuteurs natifs, mais qu'elles dépassent celles des élèves ayant appris le français dans des programmes traditionnels."