[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 788]
VENT, s. m. VENTER, v. n. VENTEUX, [VENT]EÛSE, adj.
[Van, vanté, teû, teû-ze:
1re lon. 2e é fer. au 2d; lon. aux deux
dern.] Vent, 1°. air poussé d'un lieu à un
aûtre avec plus ou moins de violence. "Le vent du Nord, du
Sud, etc. "Vent impétueux, froid, chaud, humide, ou,
doux, frais, agréable. "Le vent soufle, se lève, change,
tourne, cesse, est apaisé, est tombé, s'est abatu.
... foule aux pieds la nue et marche sur
les vents.
| Le Franc.
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"Être exposé au vent; à l'abri du vent.
Cheval qui va comme le vent: oiseau qui fend le vent:
vaisseau qui flote au gré du vent, à la merci du
vent; cheveux qui flotent au gré du vent: esprit
léger, qui tourne à tout vent. == Fig. Avoir le
dessus du vent, l'avantage sur quelqu'un. Être au dessus du
vent, en état de ne rien craindre. == Avoir le vent
contraire, se dit, au figuré comme au propre: "Vous avez
trouvé le vent contraire: je n'en suis guère surprise:
vous y êtes assez sujette, soit sur le Rhône, soit sur la terre.
Sév. Voilà les deux sens réunis. -- Avoir le
vent en poupe, avoir du succês. Cette expression n'est que du st.
famil. soit au propre, soit et encore plus au figuré. Corneille
l'a employée dans une Tragédie, et il réunit les deux
sens dans le même vers.
Ayant le vent en poupe, ainsi que
la fortune.
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Ce langage n'est pas digne de Melpomène. Aller contre vent et
marée; luter contre les obstacles. == Avoir le vent d'une
chose, en avoir quelque indice, quelque soupçon. "Il avoit eu le
vent de la conjuration de Bessus. Vaug. Q. C. == On dit, en st.
prov. Regarder d'où vient le vent; ne savoir où doner de
la tête. -- Ecouter d'où vient le vent; baguenauder,
s'amuser.
Ayant du temps de reste pour
brouter,
Pour dormir et pour écouter
D'où vient le vent, il laissa la
tortue
Aller son train de Sénateur.
| La Font.
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== Plus vite que le vent, extrêmement vite. "Vains discours de la
multitude, discours plus légers que les vents, perdez-vous avec
eux dans les airs. L. F. Vie de S. Grég. de Naz. -- Doner
ou tourner à tout vent, au moindre vent: être
inconstant et léger.
Ce n'est qu'un étourdi, cela
tourne à tous vents.
| Piron.
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-- Mettre flamberge au vent, tirer l'épée. -- Selon le
vent la voile: il ne faut pas aller au delà de ses forces, de son
revenu. -- Quel bon vent vous amène? Quel bon dessein vous
oblige à venir ici? -- Quelque vent qu'il vent; quoiqu'il
arrive. -- Autant en emporte le vent: Cela n'aboutit à rien: les
éforts sont inutiles.
Son argus l'aperçoit, et d'abord,
d'importance,
Il le réprimande, il le tance:
Autant en emporte le vent.
| L'Ab. Reyre.
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-- Aler selon le vent, s'acomoder au tems, aux circonstances.
REM. Brebeuf dit, les
vents, pour l'air, l'atmosphère.
Ce que l'Averne enfin exhale dans les
vents
Ne fait pas aux mortels des venins si
présens.
-- Et le nombre des morts qui corrompent les
vents,
Augmente chaque jour le péril des
vivans.
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C'est la rime qui a produit cette impropriété d'expression,
comme elle en a produit tant d'aûtres. == Il fait vent, il
fait soleil. L'Acad. dit également ces deux expressions,
quoique Vaugelas les ait condamnées, en quoi, dit La Touche, je
crois qu'il avoit raison. -- Dans la dern. édit. l'Acad. ne met
que, il fait grand vent, ce qui est aûtre chôse, et est une
expression reçue.
2°. Vent se prend pour l'air agité
par artifice.
[Image de l'original: Dictionaire critique, tome III, page 789]
"Faire du vent avec un chapeau, un éventail. --
Le vent d'un boulet de canon: "Le vent du boulet le jeta par
terre. -- Instrumens à vent, dont le son est formé par
l'air qu'on y introduit. "La trompette, le haut-bois, la flûte, etc.
sont des instrumens à vent. == 3°. L'air retenu dans le
corps de l'animal. "Il a des vents, il est plein de vents. "Cela
caûse, done, engendre des vents. "Lâcher un vent,
des vents. -- Doner vent au vin, à un muid de vin;
faire une petite ouvertûre au muid, pour y faire entrer l'air, ou pour
le faire sortir. == 4°. Populairement, respiration, haleine.
"Prendre, reprendre, retenir, retirer son vent. == 5°. L'odeur qui
vient d'une chôse. "Le sanglier a eu le vent du gland; les
corbeaux ont eu le vent d'une bête morte: l'ordeur en est
parvenûe jusqu'à eux. == Fig. Avoir vent d'une
chôse, en avoir quelque soupçon. N'en avoir ni vent ni
nouvelle, ni vent ni voie. L'Acad. dit que le premier est
populaire, et l'âutre proverbial. Voy. plus haut, avoir le vent
de. == Le vent du Bureau; ce qu'on présume des dispositions
de ceux de qui dépend la décision d'une afaire, ou la
distribution des grâces: "Il a le vent du bureau pour lui, ou,
contre lui. "Le vent du bureau lui est, ou ne lui est pas
favorable. == 6°. Vanité. "Il y a bien du vent dans cette
tête.
Des riens, des airs, du vent, en
trois mots le voilà.
| Le Méchant.
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-- Dans les trois derniers sens, il ne se dit qu'au singulier.
VENTER, faire vent. Il est
ordinairement impersonel. "Il a venté toute la nuit.
"Qu'il pleuve, qu'il grêle, qu'il vente, peu m'importe, j'ai de
quoi vivre. == Il est quelque-fois neutre, joint à vent.
"Quelque vent qui vente: on ne peut pas empêcher le
vent de venter. -- L'actif est éventer; et c'est un
gasconisme que de dire, venter le feu: elle se vente
continuellement. Le dernier fait même une équivoque avec le verbe
se vanter, se glorifier.
VENTEUX: 1°. Qui est sujet
aux vents; (n°. 1°.) plage, saison venteûse. ==
2°. Qui caûse des vents dans le corps. (n°. 3°.) Les pois
sont venteux: les pommes sont venteûses. == Colique
venteûse, causée par des vents.
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