Extraits de la notice sur Jean Goujon dans la Nouvelle biographie générale, Paris, Firmin Didot, t. 21 (1857)

GOUJON (Jean), célèbre sculpteur et architecte français, né à Paris, vers 1515, assassiné dans la même ville, le jour de la Saint-Barthélemy (24 août 1572). Il fit ses études en France, sous un habile maître, dont le nom est resté inconnu, mais auquel on attribue la statue et les bas-reliefs du tombeau de François Ier. Il se rendit ensuite en Italie, et y étudia consciencieusement les chefs-d'oeuvre de l'antiquité; cependant, de retour en France, il dut transiger avec le style sévère et plein de dignité qui caractérise les morceaux des anciens. Il lui fallut ployer son talent au désir d'une cour voluptueuse et efféminée. [...]

Jean Goujon avait acquis les bonnes grâces de Henri II et de sa favorite. Il fut chargé de la décoration du château d'Anet; il s'associa Jean Cousin pour la peinture et Philibert Delorme pour l'architecture, et ces trois illustres maîtres embellirent la demeure de Diane de Poitiers de nombreuses merveilles. [...] Plus tard, avec Bernard Palissy, il exécuta d'admirables travaux au château d'Écouen, l'édifice de Jean Beaulant. De retour à Paris, il orna la porte Saint-Antoine de quatre petits bas-reliefs en pierre d'une délicatesse exquise [...]. Goujon orna ensuite l'hôtel de ville d'une suite de panneaux en bois sculptés [...].

L'oeuvre capitale de Goujon est certainement la Fontaine des Nymphes, dite des Innocents. Ce monument fut d'abord édifié (1550) à l'angle des rues Saint-Denis et aux Fers [...]. Les archivoltes de ce monument, dont l'architecture est de Lescot, sont ornées de plusieurs renommées, dues également au ciseau de Goujon.

Goujon a beaucoup travaillé, et son oeuvre ne se borne pas aux monuments admirables que nous venons de citer. Le Louvre lui doit aussi une partie de ses richesses sculpturales. [...]

Il existe, rapporte Miel, une traduction de Vitruve par Martin, extrêmement curieuse: elle fut imprimée à Paris, en 1547, in-fol. Les planches de ce volume ont été exécutées par Jean Goujon, qui gravait aussi sur bois et en médailles. A la suite de la traduction de Martin, on trouve un appendice écrit par Jehan Goujon, studieux d'architecture. Ce petit opuscule ne se compose que de cinq pages; mais ces cinq pages, toutes pleines de substance, révèlent la haute intelligence de l'auteur. [...]

Alfred DE LACAZE.

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