VITRUVIUS
(Marcus Vitruvius Pollio)
Architecture, ou Art de bien bastir

traduit en français par Jean Martin
Paris, Jacques Gazeau, 1547
Édition électronique: © 1994, 1996 T.R. Wooldridge

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1. Descriptif de l'oeuvre

Vitruve (Vitruvius en latin), architecte et ingénieur, rédigea au premier siècle avant J.-C. un traité d'architecture classique, De architectura, d'inspiration helléniste, qui par la suite fit loi à l'époque de la Renaissance, surtout en Italie. Traduit en italien dès 1521, son traité ne tarda pas de l'être en français pour répondre à l'influence qu'exerçait l'Italie sur l'architecture française. Outre des abrégés, c'est Jean Martin ("Secretaire de Monseigneur le Cardinal de Lenoncourt", titre) qui en 1547 publia la premiére traduction intégrale, destinée à l'architecte français moyen de l'époque. Le texte de Martin nous intéresse ici moins comme traduction du traité de Vitruve (cf. le jugement de Blondel rapporté dans la notice de la Nouvelle biographie générale) que comme témoin de la langue de la Renaissance: abondamment cité dans les grands dictionnaires de langue de Robert Estienne et de Jean Nicot, il a contribué à l'introduction en français de termes comme perspective et relief.

Le vocabulaire de l'Architecture, ou Art de bien bastir est assez étendu, puisque Vitruve parle d'une variété de sujets (Martin n'emploie pas tous les termes suivants pour en parler) -- urbanisme, édifices publics et maisons particulières, installations portuaires, décors et matériaux de construction; géométrie, mensuration, proportion, symmétrie et perspective; horlogerie, astronomie, climatologie; hydraulique et engins militaires et civils; scénographie et harmonie musicale -- le tout situé dans le cadre de réflexions philosophiques inspirées des auteurs grecs.

La langue est représentative du français du milieu du XVIe siècle, l'impression est soignée et contient assez peu de fautes (voir 5). Les dix livres du traité sont complétés d'un glossaire rédigé par Martin et illustrés d'environ 140 figures qui sont le fait de Jean Goujon, architecte du roi ("maistre Iehan Gouion n'agueres Architecte de monseigneur le Connestable, & maintenant l'vn des vostres", épître dédicatoire à Henri II).

2. Le texte

Page de titre: "ARCHITECTVRE, ou Art de bien bastir, de Marc Vitruue Pollion Autheur ROMAIN ANTIQVE: MIS DE LATIN EN francoys, par Ian Martin Secretaire de Monseigneur le Cardinal de Lenoncourt. POVR LE ROY TRESCHRESTIEN HENRY .II. A PARIS. AVEC PRIVILEGE DV ROY. On les vend chez Iacques Gazeau, en la rue sainct Iacques a l'Escu de Colongne. M. D. XLVII."

Achevé d'imprimer: "FIN DES ANNOTATIONS SVR VITRVVE: Imprimées a Paris, pour la Veuue & Heritiers de Ian Barbé. 1547."

Pièces:

Réimpression en fac-similé: "Reproduced by kind permission of the Royal Institute of British Architects from the original in its possession. Republished in 1964 by The Gregg Press Incorporated, 171 East Ridgewood Avenue, Ridgewood, New Jersey, U.S.A. Printed in Holland." C'est un exemplaire de cette édition qui a servi à la saisie; exemplaire détenu par la Pratt Library du Collège Victoria de l'Université de Toronto, cote: NA 2515 V74 1964 Large VUCR.

3. Représentation informatique du texte

Le texte électronique -- interrogeable sous forme de base de données -- est une représentation textuelle, plutôt que matérielle, de l'original. Cela veut dire que les titres courants, les réclames et les numéros de cahiers sont supprimés (sauf lorsque ceux-ci sont récupérés dans les références de localisation -- voir 4.3). Les figures sont signalées par un jalon (voir 3.5 et 4.4), le texte d'une figure est transcrit. Les graphies sont celles de l'original, sauf les cas notés dans les paragraphes suivants.

3.1. Les variantes et l'unité de saisie

Du point de vue de la saisie, les variantes ne causent problème que lorsqu'elles mettent en question l'identité de l'unité de saisie, c'est-à-dire le mot graphique (suite de caractères alphabétiques précédée et suivie d'un délimiteur). Nous laissons donc de côté les variantes graphiques courantes du type fait/faict, sauf à mentionner quelques cas moins habituels: a) l'accent diacritique est à ses débuts: on trouve indifféremment a ou à pour mod. a (verbe) ou à (prép.); la, et pour mod. ; ou pour mod. ou ou ; b) il y a élision occasionnelle de u: q'il (qu'il), q'un (qu'un), q'une (qu'une), quelq'un et quelqu'n (quelqu'un), aulqu'n (aulqu'un); c) la graphie oi/oy dans les terminaisons de l'imparfait et du conditionnel connaît une exception: pesait (f. 153r).

L'apostrophe n'est pas encore solidement établie, est flottante la séparation des mots par l'espace, objectif (clairement plus grand que celui séparant les lettres à l'intérieur des mots) ou subjectif (guère de différence physique entre les deux types); ceci est vrai surtout des mots outils composés (déterminants, pronoms, adverbes, prépositions et conjonctions), lesquels revêtent encore aujourd'hui des formes incohérentes quoique généralement fixes (cf. mod. quoique, bien que, parce que, quelque, quel que, l'on, aujourd'hui, d'autant, davantage, à l'encontre, alentour, etc.). Il est à noter que bien que le trait d'union s'emploie à l'époque du texte de Martin, l'imprimeur n'utilise que le trait d'union typographique pour les mots coupés en fin de ligne. Le texte de Martin renferme des variantes syntagmatiques comme alentour, al'entour, a lentour, a l'entour, à l'entour, etc., que nous laissons telles quelles.

En revanche, tout en restant conscient du fait que la frontière entre syntagme libre et syntagme figé est toute relative, nous avons matérialisé, au moyen de l'astérisque, l'apostrophe virtuelle d'un certain nombre de séquences: ainsi j*ay pour jay, l*extremité, s*efforce.

3.2. Les formes abrégées

L'abrègement étant une astuce de justification de la mise en lignes, il concerne davantage la matérialité du texte que son contenu. Les abréviations ont été résolues.

3.2.1. Consonne nasale remplacée par tilde sur voyelle précédente

C'est le type d'abrègement de loin le plus fréquent. Dans la plupart des cas le choix entre m et n n'est pas problématique. Lorsqu'il y a variation possible, nous avons opté pour la forme systémique. Ainsi les cinq autres occurrences de autonne explicitant par n la première nasale, la nasale implicite de l'occurrence du f. 24v a été réalisée par n. Le cas de circumference/circunference est plus complexe: la première consonne nasale est toujours réalisée par m (32 occurrences) sauf dans le livre 10 où elle est systématiquement réalisée par n (7 occurrences); aussi avons-nous réalisé par m la nasale implicite du f. 61r (livre 4), par n la nasale implicite des f. 142r, 146v et 149v (livre 10).

3.2.2. Séquences fréquentes

Conformément à la tradition manuscrite des textes latins, certaines séquences fréquentes sont abrégées dans le texte de Martin.

3.2.2.1. par, per, pre, pro, que, qui

Exemples:

3.2.2.2. ae

Exemple: ae de Araeostyle imprimé "e" avec une queue qui se courbe vers la droite.

3.2.2.3. us

Exemple: us de plus imprimé petit "9" en exposant.

3.2.2.4. et

La perluette & est sytématiquement transcrite "et".

3.3. S long/court

En principe, le s est long sauf en position finale (cf. les deux sigmas grecs). La règle connaît des exceptions, certaines plus explicables que d'autres. Dans quelques mots, peut-être sentis par l'imprimeur comme étant composés, le s final du premier élément est souvent court; ainsi sur les 37 occurrences de aucunesfois, 30 contiennent deux s courts; les six occurrences de dedansoeuvre ont un s court (il y a également 6 occurrences de dedans oeuvre); dans 15 sur les 17 occurrences de souventesfois, le deuxième s est court; de même, 125 sur les 146 occurrences de toutesfois ont deux s courts. Dans ces mots, la coupe en fin de ligne à l'endroit du s final du premier élément tend à favoriser un s long: "aucunes-|fois" avec s long dans les deux cas; "toutes-|fois" avec s long cinq fois sur six. Selon une autre distribution, basée sur les parties du texte, sur les 125 premiers s courts de toutesfois, 108 sont dans les pièces liminaires ou le traité, 17 dans les pièces annexes, alors que 13 sur les 25 occurrences avec s long se trouvent dans les annexes. Pourtant, si le s court de trois des occurrences de tresbien pourrait s'expliquer selon le critère du sentiment de mot composé, celui des mots commençant par esb (esbahir, esboulement, esbranler, etc.) a besoin d'une autre explication. Encore un autre facteur qui joue donc -- la forme de la lettre qui suit le s, une hampe initiale de lettre pouvant gêner l'emploi du s long (cf., ci-dessus, "aucunes-|fois", "toutes-|fois"): sur les 15 occurrences de mots qui commencent par esb, 13 ont un s court; sur les 24 occurrences de la séquence sf en dehors des adverbes en -fois -- il s'agit des formes de satisfaire, transferer, transformer, de esforcent et du nom propre Maximiliansforce -- 17 ont un s court (13 des 15 occurrences du verbe satisfaire). En revanche, les 14 occurrences de eschauffe/eschauffer, les 16 de estend/estendre ont un s long; pour les formes en esloign- et eslongn- le s court ne s'emploie que 3 fois sur 15.

Dans nombre de textes de l'époque, deux s contigus sont imprimés s long + s court (cf. eszett en allemand). Nous n'avons trouvé que sept exemples de ce type, dont quatre dans le peu d'italique utilisé seulement dans l'épître dédicatoire, la préface, les sous-titres de chapitres et les légendes de figures. Les formes concernées sont les suivantes: assez, aussi, Cassiopea, Colossicoteres, Massicot, necessité et assiet.

Le cerveau enregistrant les deux s comme des variantes en distribution complémentaire ou tout simplement comme la même lettre, il serait très ardu dans une saisie de repérer les différences pour les étiqueter (nous ne l'avons pas fait); cette question demande une étude spécialisée.

3.4. i, u, v

i, u et v (minuscules ou majuscules) ont été modernisés selon leur valeur phonétique. Dans le système de l'original, i s'emploie pour mod. i et j; V représente soit U, soit V modernes; u ne se trouve qu'en position non-initiale, v qu'en position initiale (après espace ou apostrophe). Exemples: iure = ivre ou jure selon le sens; VITRVVE = VITRUVE. Nous avons trouvé un seul exemple de u initial: uerser (f. 142r); aucun de v non initial.

3.5. Les ornements, les figures, les débuts de paragraphe

L'unique ornement est signalé par "[O]", les lettres ornées par "[LO]". Les figures sont représentées par "[FIGURE]". Les débuts de paragraphe sont figurés "\".

4. Le métatexte: les jalons

Des jalons ont été ajoutés pour signaler le titre, les divisions du texte, la foliotation, le niveau textuel et le caractère d'imprimerie. Nous ne nous sommes pas risqué à proposer un étiquetage des mots non français, les termes latins et grecs du texte étant autant employés que mentionnés par le traducteur; Martin signale les occurrences en mention au moyen de marques comme (noz) Romains, (en) Latin, (noz) Latins, (en) Grec et (les) Grecz. Les jalons ont été élaborés spécifiquement pour la création d'une base de données fonctionnant d'abord sous TACT, ensuite sous TACTweb.

4.1. Titre du texte

Variable: "tit".

4.2. Divisions du texte

a) Variable: "div". Valeurs: * Il y a 10 livres; le nombre de chapitres par livre est comme suit: livre 1 = 9 chapitres; 2 = 10; 3 = 3; 4 = 8; 5 = 12; 6 = 11; 7 = 14; 8 = 7; 9 = 9; 10 = 21.

b) Variable "livre". Elle s'ajoute à "div" pour permettre l'interrogation par livre. Les valeurs de "livre" sont:

4.3. Foliotation

Variable: "feuillet". Valeurs (modèles):

4.4. Niveau textuel

Variable: "niv". Valeurs:

4.5. Caractère d'imprimerie

Variable: "carac". Valeurs:

5. Les corrections

Lorsque nous croyons à une coquille plutôt qu'à une variante, nous donnons la forme jugée correcte suivie de la forme textuelle entre accolades.

Exemples:

La distinction entre variante et faute étant assez délicate à établir, les interventions de ce type sont peu nombreuses; ainsi, par exemple, "la Lac de Bolsene" (f. 20, recto) n'est pas corrigé en "le Lac de Bolsene" puisque l'identité de l'article et celle du nom ne sont pas mises en cause. L'imprimeur a apporté plus de soin au traité qu'aux pièces liminaires et annexes; d'après nos statistiques, il y a dans les dix livres du traité une faute toutes les trois pages environ, cinq fautes toutes les quatre pages environ dans les autres pièces. Il y a enfin une faute que nous avons signalée par "{Sic}" plutôt que de la corriger: il s'agit de quatre au lieu de quarante (f. 149v).

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