Par site savant, nous entendons un site réalisé par un érudit, ou par un groupe d’experts (membres d’une équipe, laboratoire) qui contient des informations rares, donc précieuses (sont donc exclus les « sites vitrines » à faible contenu). Une revue savante électronique se distingue d’un site savant en ce sens qu’elle est constituée autour d’un comité de rédaction, qui définit une politique éditoriale, opère un travail de sélection scientifique des articles à publier, des ouvrages dont elle décide de rendre compte.
Dans leur forme électronique, la revue et le site savants s’éloignent beaucoup de l’imprimé: on n’est pas obligé d’attendre l’obtention d’un nombre minimum de pages pour publier un ou plusieurs articles. La diffusion en est quasi-instantanée. Dans sa forme actuelle, un article (ou un ouvrage) imprimé est soumis à de fortes contraintes: une taille à ne pas dépasser, un nombre limité d’illustrations, souvent en noir et blanc, obligent le chercheur à « aller à l’essentiel », à convaincre plus qu’il ne démontre, et l’empêchent de faire profiter, pour analyse critique ou pour prolongation de la recherche, ses lecteurs des données qu’il a souvent patiemment acquises et organisées.
Avec le faible coût de la publication électronique, des outils essentiels, et traditionnels, retrouvent donc leur place: sources primaires (iconographie, archives, tableaux statistiques, bases de données, notes explicatives, etc.) ou dossiers documentaires. Ces objets peuvent se construire au fur et à mesure (ex: bibliographie).
Les publications électroniques proposent aussi des outils nouveaux: liste de pointeurs, description des colloques et manifestations, comptes rendus de séminaires sont les plus classiques. L’insertion d’un moteur d’interrogation interne rend la revue totalement indexable 1 et permet au lecteur de la parcourir et de la reconstruire suivant ses propres centres d’intérêt 2.
Enfin, les concepteurs peuvent donner au lecteur la possibilité de travailler lui-même sur les sources proposées pour créer les objets scientifiques dont il a besoin: par exemple, à partir de tableaux statistiques relatifs à des données spatialisées, laisser le lecteur réaliser la carte de son choix, quand l’éditeur ou l’auteur n’aurait proposé qu’une sélection réduite de telles cartes. Cette production d’outils —qui n’est jamais qu’une forme de génération de pages dynamiques— peut offrir une autonomie totale au lecteur: si on lui propose de produire des statistiques à partir de données existantes sur le serveur, on peut lui permettre d’en produire à partir de ses propres données.
Réactivité plus grande à l’égard de l’état des lieux de la recherche, indexation quasi-automatique, argumentations renforcées, grâce à l’exhaustivité potentielle des sources et méthodes, mais aussi grâce à l’écriture hypertextuelle, liberté accrue du lecteur (en même temps que son profil peut-être connu avec l’analyse des archives électroniques), donnent des avantages décisifs à la revue électronique par rapport à son équivalent actuel imprimé.
Par ailleurs, le site savant —souvent production individuelle— n’a pas sa place dans l’imprimé 3.