La Cybergéographie |
Essai bibliographique |
LA CYBERGÉOGRAPHIE
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La cybergéographie et son contexte
En 1982, William Gibson a utilisé pour
la première fois le mot « cyberspace » dans «
Burning chrome », une nouvelle publiée dans la revue de science
fiction Omni (c). Mais cest
surtout son roman anti-utopique Neuromancer qui a rendu le terme
populaire (d) ; le cyberespace
était alors représenté comme un espace « virtuel
», une zone numérique, globale, dont lontologie relevait
de l« hallucination consensuelle ». Cest surtout
à la suite de Gibson, donc, quon est venu à attribuer
le préfixe cyber- à tout ce qui se rattache à lInternet
et aux mondes virtuels. Nous en venons donc à la cybergéographie. Martin Dodge, fondateur de Cyber-Geography Research [13], est peut-être le plus grand promoteur du terme ; il a enregistré le nom de domaine cybergeography.org en 1997. Il affirme avoir vu le terme pour la première fois dans larticle de Steve Pile [40] paru en 1994 dans la revue Environment and planning A (e). Dodge a notamment été inspiré dans sa démarche par les activités de Gregory Staple, fondateur de la société Telegeography [103] qui publie depuis 1989 un important rapport annuel sur le marché des télécommunications (f). La cybergéographie est tributaire dun ensemble de révolutions épistémologiques qui se sont déroulées dans le domaine de la géographie depuis les années soixante-dix (g). La géographie na pas échappé à léclatement quont connu les autres sciences sociales, la multiplication des nouveaux objets détude et approches théoriques. On a vu lavènement dune géographie sociale, dune géographie culturelle, dune géographie des représentations. Ces développements ont été accompagnés par une mise en question des fondements de la « science géographique », et notamment du préjugé qui considère l« espace » comme étant objectif, unitaire, cartographiable, et partout compréhensible à partir de conceptions issues des cultures de lEurope occidentale. Or, nous savons au moins depuis les travaux dHenri Lefebvre que lespace est un produit social, objet de luttes indissociable des relations de pouvoir, et que les définitions et les usages de lespace varient selon les cultures (h). De même, la cartographie, élément clé de la science géographique, a été lobjet dun regard critique ; son rôle dans la conquête coloniale, son utilisation comme outil de propagande, ont été étudiés (i). On sest notamment opposé à laffirmation selon laquelle la carte représenterait fidèlement et objectivement le territoire. Car la carte est performative ; elle constitue le territoire autant quelle est constituée par le territoire ; elle représente un parti pris discursif, idéologique, qui construit lespace à travers un geste scriptural. La cybergéographie apparaît donc dans le contexte dune géographie profondément renouvelée, ouverte à la diversité des points de vue et des objets danalyse, et enrichie par des collaborations inter-disciplinaires. Ce positionnement est tout à lavantage de la cybergéographie car, face aux nouvelles formes dorganisation réticulaires, et surtout face au « virtuel », il faut innover et développer de nouveaux modes danalyse et de représentation de lespace (et effectivement, on constate que bien des « cartes » du cyberespace ne ressemblent guère aux mappemondes réalisées selon la projection de Mercator).
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David
HORN © 2003
Page créée le 8 octobre 2003 |