Traduction et notes: avril 2002
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  • Quelques paragraphes traduits par BabelFish
    **Les liens dans le texte renvoient au commentaire.**

    La grippe boursière

    (par Pierre Bergeron, Le Droit, Montréal, 30 octobre 1997)

    Nous sommes devenus des intervenants par procuration sur la scène économique mondiale.

    Les petits investisseurs assistent bien impuissants à la tourmente qui touche les grandes places boursières de la planète depuis le début de la semaine. Plusieurs d'entre eux n'ont pas oublié le triste Lundi noir du 19 octobre 1987 qui avait alors vu une chute spectaculaire de 22,6 % des titres boursiers de la Bourse de New York. Il s'en était suivi des difficultés majeures pour ceux qui avaient spéculé sur marge auprès de leur firme de courtage.

    Dix ans plus tard, il semble bien que les grandes leçons du Lundi noir ont été apprises et que les pertes nettes seront moins importantes que ne le laissait présager la débâcle de lundi.

    Les mécanismes de sécurité visant à mieux gérer une flambée boursière ont fonctionné adéquatement. Les investisseurs institutionnels ont gardé leur sang froid; les programmes automatiques de transaction ont été stoppés; les ordres de transaction ont été décalés; la bourse de New York a suspendu ses activités temporairement lorsque l'indice industriel Dow Jones a perdu 350 points et prématurément, en fin d'après-midi, lorsque la chute s'est poursuivie. Sans être parfaits, ces mécanismes ont permis de mieux contrôler les excès de panique d'un marché global de plus en plus intégré.

    Dès mardi, les grandes places boursières reprenaient une partie des pertes de la veille et hier les bourses asiatiques emboîtaient le pas avec le même enthousiasme en dépit des pertes spectaculaires de la dernière semaine. II aura fallu la double intervention, d'abord du président américain Bill Clinton appelant tout le monde au calme, et ensuite, hier, celle du président de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, tempérant les attentes de rendement des investisseurs, pour que les marchés se rajustent et qu'un certain calme revienne.

    Pour les milliers de consommateurs qui se sont jetés avec abandon sur les fonds mutuels comme nouveau véhicule de leur épargne, ces événements seront sans doute moins perturbants que ne l'avait été la chute des titres en 1987. À cette époque, les fonds d'actions étaient moins connus; les Québécois, en particulier, étaient encore sous le charme du Régime d'épargne-actions qui avait gonflé artificiellement la valeur de nombreux titres de qualité douteuse. La performance des fonds mutuels au cours de la dernière année a sans doute fait croire à ces nouveaux investisseurs qu'il était normal d'attendre des rendements supérieurs de leurs fonds communs de placements sans possibilité de perte. Petit à petit, l'appât du gain a anesthésié leur tolérance au risque.

    Alan Greenspan s'est chargé, hier, de rappeler tout le monde à l'ordre en ramenant les attentes de tous les agents économiques à de plus justes proportions et en soulignant que la volatilité des marchés n'était pas étrangère à leur interactivité.

    Pour nous tous qui assistons en spectateurs à cette joute économique planétaire, les événements des derniers jours sont riches d'enseignements. Personne n'est vraiment à l'abri de ces soubresauts. Nos fonds de retraite privés ou publics ainsi que nos fonds communs de placement, nos employeurs, nos gouvernements et nos institutions financières, sont autant d'acteurs puissants qui ne nous isolent plus des fluctuations boursières. Par institutions et gouvernements interposés, nous sommes devenus des intervenants par procuration sur la scène économique mondiale.

    Nous ne pouvons donc plus nous désintéresser de la chose économique en croyant que c'est l'affaire des grands ou l'affaire des autres. Nous ne pouvons plus ignorer que les économies mondiales sont intégrées à des réseaux interdépendants qui ne permettent plus l'isolement, l'ignorance et l'indifférence. Le « village global », c'est en plein cela!


    Translation

    Market Ailments

    We have become actors by proxy on the global economic stage.

    Small investors have been ((completely)) powerless spectators of the upheaval (/turmoil) affecting the planet's major stock markets since the beginning of the week. Several of them have not forgotten the sad Black Monday of 19 October 1987, which saw a spectacular 22.6% fall in stock prices on the New York Stock Exchange (/when stock prices on the New York Stock Exchange plummeted 22.6%). Major difficulties ensued (/followed) for those (/people) who had speculated on margins (/margin securities) at their broker's (/who had got their broker to speculate on margin securities).

    Ten years later it seems (/would appear /would seem to be the case) that the important lessons of Black Monday have been learned (/learnt) and that net losses will be smaller than (/not as great as) this Monday's collapse led one to expect.

    Security mechanisms aiming at a better management of stock market surges worked adequately. Institutional investors stayed calm (/didn't panic); ((automatic)) program trading was stopped; transaction orders were put back; the New York Stock Exchange (/Wall Street) suspended its activities temporarily when the Dow Jones Industrial Index (/Average) lost (/dropped) 350 points, and then brought an early end to the late afternoon dealings when the drop persisted. These mechanisms, without being perfect, have allowed ((for)) better control over outbursts of panic in an increasingly integrated global market.

    By Tuesday the major stock exchanges had started making up (/recouping) a part of the previous day's losses and yesterday Asian markets followed suit with the same enthusiasm, in spite of (/despite) the past week's spectacular losses. It needed the intervention both (/joint intervention, first) of U.S. President Bill Clinton calling on everyone to remain calm, and then yesterday of the American Federal Reserve chairman, Alan Greenspan, tempering investors' expectations ((of returns)) ((in order)) to allow markets to adjust and some calm to return.

    For the (/those) thousands of consumers who jumped (/plunged) headfirst into (/jumped on /turned abruptly to) mutual funds as a new vehicle for their savings, these events will no doubt be less disruptive (/disturbing) than the shares collapse of 1987 ((was)). At that time equity funds were less well known; Quebecers in particular were still under the spell of the stock savings plan, which had artificially inflated the price (/value) of many securities of dubious quality. The performance of mutual funds over the past year no doubt led these new investors to believe that it was normal to expect higher returns from their mutual (/common) investment funds without danger of suffering a loss. Little by little the lure of profit (/gain) numbed (/deadened) their resistance to risk.

    Yesterday Alan Greenspan undertook to call everyone to order by bringing the expectations of all economic agents (/participants) into proportion and by underlining that the volatility of markets wasn't foreign (/unrelated) to their interaction.

    For all of us on the sidelines of (/present as onlookers at) this planetary economic joust (/sparring match) the events of the last few days have a great deal to teach us. No-one is truly immune to such jolts. Our public and private pension funds as well as our common investment funds, our employers, governments and financial institutions, all are powerful actors that no longer protect us from market fluctuations. Through the intermediary of institutions and governments we have become participants by proxy on the global economic scene (/stage).

    We can no longer then not take an interest in economic affairs (/matters) by thinking that they are the concern of the powerful or of other people (/others). We can no longer ignore (/be ignorant of) the fact that global economies are integrated into interdependent networks that no longer allow isolation, ignorance and indifference. That's what the "global village" is all about!


    Notes sur la deuxième partie du texte: 1. para. 5: ne pas confondre la dernière année et l'année dernière. 2. para. 6: rappeler à l'ordre (cf. para. 4: appeler au calme) = to call to order. 3. para. 6: en ramenant... à de plus justes proportions = by bringing... into proportion (il s'agit d'une expression idiomatique; il faut donc éviter le mot-à-mot). 4. para. 7: sont riches d'enseignements (expression idiomatique) = have a great deal to teach us. 5. para. 7: isolent est polysémique = a) isolate, b) insulate; il s'agit ici du deuxième sens au figuré (cf. être à l'abri de plus haut). 6. para. 8: la chose économique = "ce qui relève de l'économie" = economic matters. 7. para. 8: l'isolement = premier sens d'isoler (cf. note 5) = isolation.