2. Du Fouilloux

La chasse et la guerre étant traditionnellement les deux principales occupations actives du Prince, il n'est pas surprenant que le vocabulaire de la vénerie ait un statut privilégié dans les dictionnaires. Estienne ajoute en appendice de la deuxième édition du DFL deux lexiques de «mots et manieres de parler appartenans a la Venerie» pris dans le De philologia de Budé; la page de titre des troisième et quatrième éditions du DFL, ainsi que celle du TLF et de toutes les éditions du GDFL, font spécifiquement mention des «mots de Venerie». À partir du DFL de 1573, la source principale des termes cynégétiques est La Venerie de Jacques Du Fouilloux, publiée pour la première fois en 1561. Le nom de Du Fouilloux est cité 44 fois dans le DFL; à ces 44 mentions, le TLF en ajoute 19 et le GDFL de Poille 963. L'auteur des articles du DFL et du TLF dans lesquels il est question de Du Fouilloux serait Nicot, qui aurait également projeté la publication de ses travaux sur le vocabulaire de la vénerie ou, du moins, sur le traité de Du Fouilloux, puisque dans le TLF s.v. RAMURE on lit: «voyez ce que i'ay noté sur le 21. chap. de la Venerie du Fouillous».

Nous nous contenterons ici de quelques remarques sur l'exploitation du texte de Du Fouilloux faite par Nicot et Poille, puisque ce travail en cours demande que l'on tienne compte également d'autres sources cynégétiques antérieures citées par Nicot, dont Budé, Phebus, Le livre du roy Modus et, de façon globale, «les veneurs».

Comme Estienne dans le TLL, Nicot a l'habitude de donner une référence de localisation lorsqu'il cite un auteur; pour Du Fouilloux, il donne soit le numéro de chapitre, soit le sujet particulier, soit les deux: «cha. 3.» s.v. POURCHASSER; «parlant des chiens fauues» s.v. FORPAÏSER, HERIGOTÉ, RETROUSSÉ; «chap. 3., parlant des chiens fauues» s.v. COMMUN, LIMIER. Tantôt Nicot cite textuellement:

tantôt il rapporte le propos de Du Fouilloux: Dans les années 15705, un «Recueil des mots, dictions & manieres de parler en l'art de venerie, auec vne briefue interpretation d'iceux extraicte des autheurs anciens & modernes qui en ont escrit» est ajouté au traité de Du Fouilloux dans l'édition publiée par Galiot du Pré, ainsi que dans toutes les éditions postérieures. Nicot marque bien la distinction entre le texte de Du Fouilloux et le recueil anonyme. S.v. BAUDS, il nomme Du Fouilloux en citant le traité et se réfère à «aucuns» et à «il y en a qui disent» en rapportant des items du recueil: Les courts items non référencés de Poille 1609 sont typiquement des unités lexicalisées: ou des citations textuelles: avec des déformations éventuelles:

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Note 3. Cf. Wooldridge 1992.

Note 4. En fait, le texte de DFL 1573 donne «[...] donner garde Et de les croiser [...]», corrigé dans le TLF.

Note 5. Remigereau (1952: 68 ss.) prétend que le Recueil paraît pour la première fois en 1573, bien qu'il n'arrive pas à expliquer la date de 1571 qui accompagne le portrait de Charles IX. Une première parution en 1571 est vraisemblable puisque le Recueil est déjà exploité dans le DFL de 1573.

Note 6. Cf. Du Fouilloux 1561, ch. 2, intitulé: «Du naturel & complexion des Chiens blancs, dictz Baulx, & surnommez Greffiers.» (p. 22) et ch. 1: «les Chiens blancs: la race desquels ie pense estre venue de Barbarie» (p. 20); Recueil, éd. Ardant, 1973, p. 234: «Cerfs Chiens.», «Blancs muts.» et «Baux ou Greffiers. Par ce qu'ils sont hardis et deliberez.» Sur la formule de distanciation «aucuns» chez Nicot, cf. Wooldridge 1995.