Ronsard reçoit 97 mentions dans le DFL de Thierry, 1 chez Baudoin, 2080 chez Poille, dont 56 «Muret sur Ronsard» et 10 «Belleau sur Ronsard», et 1584 chez Marquis7. La grande autorité de Ronsard en matière de créativité poétique et lexicale explique ces fréquences exceptionnelles et la variété considérable des types d'items, notamment chez Poille, qu'elles renferment. Formes inédites:
DFL 1564 s.v. BRILLANTE: «Estoille brillante, Ronsard dit drillante, hoc est, estincellante, Scintillans.» (cf. Muret, p. 186: «Une estoile drillante.) Estincellante.»)
Poille 1609: «Driller. Rons. & Belleau. / Drillant. Rons.»
Poille 1609: «Adon pour adonis, Rons.» (cf. Muret, p. 195: «Ainsi qu'Adon.) [...] Il a dit Adon, pour Adonis, par syncope.»)
Poille 1609: «Fermer, pour arrester, mot Italien. Rons.» (cf. Muret, p. 322: «Les cieux fermez.) Arrestez. Mot Italien.»)
Poille 1609: «Parangonner, mot Italien desia commun en François, qui signifie esgaler, acomparer. Muret sur Rons.» (cf. Muret, p. 15: «Je parangonne.) Mot Italien, desja commun en nostre langue, qui signifie, j'egale, j'accompare.»)
Poille 1609: «Carolles, puissent rouer leurs carolles. Rons. / D'où vient le mot de carolles. Rons. Amiot.» (cf. Muret, p. 3: «Carolles.) Danses. Mot François ancien prins du Grec khóros.»)
Poille 1609 s.v. E: «E. mis à la fin de la premiere personne de l'imparfait d'vn verbe à l'ancienne façon de parler, comme ie tenoye pour ie tenoy, de tenir. Rons.» (cf. Ronsard 4.72.11)
Poille 1609 s.v. MIEL: «en 2 syll. Rons. Bellay & Belleau.»
Poille 1609 s.v. USER: «Vser de l'outil des soeurs pour vser de l'outil des muses faire des vers.»9 (cf. Muret, p. 21: «L'outil des Soeurs.) L'outil des Muses, le carme.»)
Marquis 1609 s.v. ESTOILLE: «Estoilles, belles, flambantes, yeux d'Argus, glissantes, compagnes, vn camp de petits feux, estoilles du iour, drillantes, menus flambeaux, heureuse fortunée, qui de bon oeil, m'apperceut, roullantes, ardentes, qui luisent au Ciel, esmeuë, qui tombe, ou qui tomber est veuë du Ciel soubs vne claire nuict, attrenant derriere sa fuitte par la vague vne longue suite de sillons de feu, qui la suit, Rons.»
On peut remarquer aussi que Poille cite souvent plusieurs poètes, dont surtout, outre Ronsard, Du Bellay (f 393 -- cf. MIEL supra) et Belleau (f 618 -- cf. DRILLER, MIEL)10.
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Note 7. Cf. Wooldridge 1992. Sur Ronsard chez Thierry, Marquis, Poille et Cotgrave, voir Wooldridge 1998.
Note 8. L'item complet de TLF 1606 -- «Encoronner, act. acut. Est attourner de Coronne. Mot inusité en France, & mis en auant par Ronsard, imitant l'Italien, qui dit Incoronare, & Incoronato, pour ce que le François dit Couronner & Couronne. Car le François se sert du mot simple en cet endroit, comme de Cotonner, & non Encotonner.» -- constitue une correction argumentée de celui de Thierry 1564 (maintenu dans DFL 1573): «Encotonner de barbe le menton. Ronsard. Lanugine mentum vestire.» En fait, Ronsard emploie encotonner et jamais encoronner: «[...] quand le second âge Nous vient encotonner de barbe le visage [...]» (éd. Laumonier, 8.173.224).
Note 9. Aux mentions explicites il faut toujours ajouter les citations non signées (cf. section 4, infra).
Note 10. Sur Ronsard, Du Bellay et Belleau dans le GDFL, voir Wooldridge 1992.