2.2.l.2.2. Orthographe et phonétique

À moins d'un commentaire explicite de la part du lexicographe, on ne peut pas toujours savoir si une différence de graphie correspond ou non à une différence de prononciation. Il y a, cependant, certains indices.

Si, par exemple, un mot auquel on est renvoyé figure, dans le renvoi, sous une forme différente de celle donnée dans l'ordre alphabétique, on peut être amené à conclure à une prononciation identique. Ainsi, des trois articles "EPELER, Cerchez Espeler, ou Eppeler, ou Appeler", "ESPELLER ... corrompu de la mignardise de la prononciation du vulgaire, pour Appeller, & le conuiendroit escrire Eppeller" et "Appeler ... que aucuns dient Eppeller" (N 1606), on peut inférer que epeler, espeler, eppeler, espeller et eppeller sont censés avoir une même prononciation, différente de celle de appeler/appeller. Les changements faits, d'une édition à l'autre, à la graphie des vedettes (cf. 2.2.1.2.1), et qui le plus souvent perturbent l'ordre alphabétique, ne seraient pas des changements phonétiques. Entre autres, on peut remarquer les allographies suivantes:

Les déclarations faites dans les articles renseignent souvent sur le statut phonétique des variantes, confirmant à l'occasion des conclusions tirées du classement alphabétique. Ainsi, s.v. Bande, on lit: La prononciation sera donc tantôt une: tantôt multiple: Mentionnons ici, enfin, les variantes dialectales dont la forme différente correspond seulement à une différence de prononciation. [104] On note, par exemple: 2.2.1.2.3. Variantes morphologiques, variantes lexicales

Vu leur importance dans la nomenclature, nous trouvons nécessaire de considérer à part les variantes morphologiques, qui se distinguent par leurs affixes, et les variantes lexicales, qui sont unies par le seul signifié ou référent. Dans le cas des variantes morphologiques, c'est surtout le suffixe qui varie:

Parfois, il s'agit d'une expansion analytique: On trouve aussi quelques variantes préfixales: Voisins des précédents sont les composés à formant lexématique: Il y a, enfin, le cas limite où c'est le radical qui est touché: Du côté des variantes lexicales, on remarque le nombre de dénominations multiples: Certaines formes sont régionales ou particulières à une profession:
2.2.1.2.4. Statut des variantes: unités de traitement ou définisseurs?

Les deux articles CREDIBLE servent à poser le problème:

Tandis que, dans le second, la copulative ou confère aux trois variantes un rang d'équivalence non seulement du point de vue sémique mais aussi de celui de leur fonction dans l'énoncé lexicographique (elles sont toutes unités de traitement -- cf. les exemples avec ou donnés ci-dessus a
2.2.1.2.1-3), dans le premier, les informations grammaticale et prosodique, le point devant le mot croyable et l'initiale majuscule de celui-ci concourent à rejeter "Croyable, & creable" dans la métalangue définitionnelle à la manière de "CREATEVR, m.acut. Celuy qui crée, ou a creé ... Creator", par exemple. Pourtant, les deux aires se confondent vite. Lorsque les termes reliés à la forme d'entrée par ou ne sont pas de simples variantes graphiques ou morphologiques, ils sont sentis comme un traitement sémantique du premier terme aussi bien que comme des entrées-variantes; [105] autrement dit, ils sont à la fois entrées et sorties. Par exemple: Il est évident, d'après ces exemples, que plus le deuxième terme est analytique plus il constitue du premier une définition proprement dite. L'équivoque apparaît aussi quand le passage de l'autonymie à la métalangue de définition est moins marqué que dans l'exemple (CREDIBLE) donné plus haut, se réduisant souvent à la virgule plus initiale majuscule sinon à la seule virgule. Comparez les exemples suivants: Le fait que l'article "Brouyr, Bruser" (T 1564) est précédé de "BROVY, ou BRVY, c'est à dire Bruslé" renforce la fonction métalinguistique de bruser [sic, = brusler]. La copulative & fonctionne la plupart du temps au niveau de l'articulation des composants de l'énoncé lexicographique, et, comme tel, sert à relier des termes synonymiques tout comme ou. Cependant, là où ou coordonne normalement des adresses-variantes, &, quoique pouvant faire de même ("BABOIN, & BABOVIN, m.acut. ... Nugator" (N 1606)), tend à être reservé à un rôle définitionnel. &, ainsi que ou, peuvent, à l'occasion, fonctionner comme conjonctions à l'interieur de l'unité de traitement en reliant entre eux les constituants de celle-ci. [106]

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