Domaines du lexique et marques d'usage (voir exemplier 7)
En examinant les articles fric-fril français on constate que moins le nombre de dictionnaires donnant un mot X
est élevé, plus ce mot X tend à être
qualifié d'une marque d'usage. En principe un mot non marqué
est courant, un mot marqué est non courant. Un mot marqué
« Fam. » (langue familière) est à
mi-chemin entre le lexique usuel et le lexique non courant.
L'exemplier 7
donne: a) la distribution des mots français non marqués et
marqués d'après la tranche fric-fril; b) les
principaux domaines du lexique non marqué et marqué.
La nomenclature: le choix des entrées (cf. Rey-Debove 1971)
1. Notion de 'mot courant' (MC) vs. 'mot non courant' (MNC)
basée sur la fréquence intuitive (compétence
linguistique). En principe tous les mots courants sont contenus dans tout
dictionnaire général quelles que soient ses dimensions
(réstrictif ou extensif).
Principe de l'inclusion: Si Dictionnaire A est plus extensif que
Dictionnaire B, tous les mots de B sont dans A:
2.2. Incertitudes quant à l'homogénéité du
lexique: La langue décrite par le lexicographe est un
ensemble de sous-langues, dont essentiellement 4 types: langues
régionales (espace), langues sociales (milieu), langues
thématiques (activité), états de langue (temps).
Chaque sous-langue a des mots qui appartiennent au noyau commun, mais en
même temps recèle une cause propre de dispersion du lexique
hors de ce noyau commun. La norme impose une certaine langue
régionale, un certain parler social; les cas marqués sont
indiqués dans le dictionnaire:
« Rég. »,
« Pop. »,
« Tech. », « Vx »,
etc.
2.2.1. Langues régionales
Les dictionnaires enregistrent des mots désignant des
particularités régionales importantes:
pissaladière, orignal. Les emprunts externes sont
voisins des mots régionaux: kibboutz (concept
étranger), week-end (concept naturalisé).
2.2.2. Langues sociales
Dichotomie: langue familière vs. langue
officielle/soignée. L'enseignement proscrit la langue
familière: raison de l'exclusion des dictionnaires de beaucoup de
mots familiers très courants. (Le dictionnaire est un objet
social.) cf. un texte sur le mot doudou
2.2.3. Langues thématiques
Ici se joue particulièrement la double opposition MC/MNC (mot) et
CC/CNC (concept). Par exemple, pour CC: jaunisse (MC) vs.
ictère (MNC), bad tooth (MC) vs. carious
tooth (MNC)
2.2.4. États de langue (sur l'axe du temps)
Synchronie théorique et synchronie pratique (+/- 60 ans). Les
vieillards emploient des mots vieillis. Un état révolu
présente des mots archaïques: importance du passé sur
le plan culturel. Un dictionnaire peut présenter sans les marquer
des mots réellement archaïques: manque de documentation;
reproduction servile d'une nomenclature ancienne (ex. certaines
éditions du Dictionnaire de l'Académie
française, les PL 1906-1948). Au début les
néologismes sont MNC; par la suite, soit ils disparaissent, soit
ils deviennent MC ou restent MNC.
2.3. Choix dans les concepts: L'aspect conceptuel, relevant des
signifiés seuls, et non des signes, n'a pas en principe à
intervenir. Il intervient de deux manières: a) censure
conceptuelle de la société, même pour des mots
très fréquents; b) manque de données sur la
fréquence du mot.
2.3.1. Les tabous
1) La sexualité; tendance actuelle: MNC -> MC.
2) La race, la politique, la religion, le sexe; tendance actuelle: MC
-> MNC
2.3.2. Les préférences référentielles
Le dictionnaire de langue étant un ouvrage didactique qui vise
à une information générale non pratique, les
thèmes de la connaissance y sont privilégiés par
rapport aux autre thèmes. On y voit apparaître plus
aisément les mots thématiques que les mots renvoyant
à des réalités familières et communes (et
moins stables - mots-concepts précaires: cure-pipe,
porte-jarretelles, yéyé). Un domaine
thématique/technique de choix: la terminologie métalinguistique,
mots peu fréquents mais toujours présents dans le
dictionnaire à cause du discours proprement lexicographique des
articles (transitif, gérondif,
préposition).
Devoir (à remettre la semaine prochaine, semaine 5)
Exercice sur les zones problématiques du lexique: voir Exemplier 7, section 4.