Gilles Ménage (1613-1692), grammairien et lexicographe

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La polémique littéraire dans le Dictionnaire étymologique

Roger Zuber

Université de Paris IV

« Ménage a fait peu de choses. Il n'est bon que pour ses Etymologies » : ces propos de jansénistes mondains, tirés du manuscrit récemment édité par Jean Lesaulnier [1], montrent que, du vivant de notre auteur (nous sommes vers 1670), ses Origines sont appréciées par des amateurs avertis de littérature française. Les interlocuteurs port-royalistes ressuscités par cette édition de manuscrit cherchent le secret de la bonne prose. À la différence d'un maître historien d'aujourd'hui, comme Jean-Pierre Chauveau [2], ils tendent à sous-estimer la poésie de Ménage. « On acquiert bientôt sa réputation. Qu'a-t-il tant fait ? Ses vers sont pris d'un côté et d'autre », déclare sèchement le même manuscrit [3], qui pourtant ne méprise pas le commentateur de Diogène Laërce.

Le même extrait de ces propos, recueillis à bâtons rompus, nous permet d'aborder directement le contenu du Dictionnaire étymologique, que nous célébrons aujourd'hui. Vers 1670, ce manuscrit, dit « Recueil de choses diverses », contenait déjà ces mots : « Ménage passe pour habile parce que les habiles vont chez lui » (Lesaulnier, p.613), et ajoutait : « les jeunes gens vont chez lui ». En 1694, le lecteur du Dictionnaire découvre ceci, à la fin de l'entrée GRIMAUD :

La réplique porte contre Richelet, dont les liens avec Boileau-Despréaux étaient bien connus, et elle est d'autant plus efficace que les deux lexicographes sont d'accord sur le sens à donner à grimaud : "petit écolier". Ménage vient d'appuyer ce sens par deux références à Rabelais. Il a le ton du savant, plutôt que celui d'un satirique. Il se garde donc bien d'indiquer que l'entrée GRIMAUD de Richelet commençait par l'observation : « Terme injurieux ». À plus forte raison, il ne dit rien, dans ce passage en tout cas, du trait (« petit grimaud » !) que lui avait sournoisement décoché Molière, dans Les Femmes savantes (III, 5, vers 1015). [5]

On sait que, malgré l'évidence contraire [6], le Menagiana s'applique à faire croire que le Vadius des Femmes savantes n'est pas Ménage. C'est une façon élégante de garder la face devant la postérité, et, plus généralement, c'est un exercice de magnanimité auquel se prête la part sénéquienne de la personnalité de notre auteur :

Mais jusqu'où faut-il pousser cette part sénéquienne ? Elvire Samfiresco, après avoir constaté qu'en face de Cotin, « Ménage n'était pas rancunier » [8], tire également du Journal des savants du 15 août 1692 un article nécrologique assez mitigé : « Jamais personne ne parla avec moins d'uniformité et de conséquence que fit M. Ménage sur les livres qui parurent contre lui. »

Ainsi, quelque fâché qu'il fût contre Boileau et son disciple Richelet, notre compilateur-polémiste ne leur refuse pas systématiquement son estime ou sa compréhension :

Et, dans le cadre même du Dictionnaire étymologique, c'est avec patience qu'il relève le contresens commis par Richelet sur une explication qu'il avait donnée dans ses Origines (« J'ai parlé des Arabes, et non pas des Français »), et c'est presque avec du respect qu'il s'oppose à lui sur l'étymologie de momie. Pour ce mot, en effet, Richelet suit la leçon de Scaliger et de Saumaise, qui sont si souvent pris pour garants par Ménage lui-même [10].

Il y a mieux. L'étymologiste se comporte parfois en annotateur, et, pour ainsi dire, en futur éditeur de Boileau. Est-ce que, mis en goût par son propre commentaire de Malherbe, Ménage, s'il avait vécu cent ans, serait devenu une sorte de Brossette ? Nous trouvons, en tout cas, sous l'entrée COTEAUX, ce curieux développement où s'affirme le refus de voir vieillir le récit du « Repas ridicule » :

Ainsi, le vers 107 de la Satire 3 (« Et qui s'est dit profès dans l'ordre des Coteaux ») continuerait à faire sens pour les lecteurs de l'avenir [11].

Dans ce souci de contribuer à l'éclaircissement d'un poème contemporain, Ménage -- chose curieuse -- prend le relais du P. Bouhours, qui s'inquiétait du même vers de Boileau et redoutait que, dans un délai d'une ou deux générations, on ne prît l'habitude de lire « ordre de Cîteaux » pour « ordre des Coteaux » [12]. Entre les deux grammairiens, l'identité des intérêts est ici d'autant plus remarquable qu'on sait combien ardente fut leur guerre de plume. Une ardeur dont maint article du Dictionnaire étymologique conserve la trace évidente, malgré la réconciliation intervenue entre les deux écrivains. Il faudrait regrouper les notices éparses dans les chapitres nombreux des deux éditions et des deux volumes des Observations sur la langue françoise (1672, 1675-6) et les confronter méthodiquement avec les entrées du Dictionnaire pour voir ce qui en a été copié. Nous n'avons pas rempli ce programme. Mais on peut déjà, nous semble-t-il, tirer quelques conclusions de l'examen d'une entrée traitant d'un terme privilégié.

Nous examinerons donc en détail l'entrée PROSATEUR, un mot dont certes l'étymologie n'offre aucune difficulté (il est calqué sur l'italien prosatore), mais qui n'en pose pas moins le problème de son origine : qui l'a inventé ? On voit clairement ici quel rôle jouent les écrivains dans la création du vocabulaire, et -- pour nous en tenir à notre auteur -- comment se mêlent sous sa plume la science et la susceptibilité. L'entrée, quoique condensée par rapport aux passages correspondants des Observations [13], est encore longue pour un article du Dictionnaire. La disposition de la matière est nouvelle ; elle renforce l'argumentation du lexicographe-ouvrier de la langue. En effet, dans ses Observations de 1672, Ménage déclarait « avoir fait » prosateur. Et, dans ses Doutes de 1674, puis dans ses Remarques nouvelles de 1675, Bouhours avait ironisé sur ces prétentions. D'où, dans la seconde édition des Observations, une réplique plus savante, mais assez verbeuse, de Ménage -- que le Dictionnaire, sagement, va améliorer, en l'allégeant. En la complétant aussi, comme nous allons le voir. Car, dans l'intervalle, Richelet (lié à Bouhours) était intervenu, avec son espièglerie habituelle : sans nommer Ménage, il se référait à la « Remarque » de Bouhours sur le mot prosateur, en la qualifiant de « plaisante » [14].

Beau joueur, Ménage commence son entrée par relever cette pointe (mais, irénique, il l'atténue, en remplaçant « plaisante » par « curieuse »). Et il poursuit par une nette transition : « Comme cette observation de M. Richelet est faite contre moi, je demande permission à mes lecteurs d'y répondre en cet endroit. » [15] La suite de l'entrée PROSATEUR se déroule selon l'ordre suivant : 1) une concession, 2) un recours aux autorités, 3) un historique de la dispute avec Bouhours sur l'origine et la légitimité de ce mot, 4) un second recours aux autorités. L'article s'achève par un rappel de la réconciliation des deux protagonistes.

La concession initiale de Ménage consiste à admettre que, dans les années 1680, prosateur reste un terme trop technique pour être couramment appliqué à un écrivain élégant du XVIIe siècle. Cette objection, reposant sur l'usage, avait été soulevée par Richelet, qui, prenant l'exemple d'un écrivain particulièrement à la mode, citait le traducteur d'Ablancourt, et affirmait : « On ne dit pas : 'Monsieur d'Ablancourt était un excellent prosateur', mais : 'était un homme qui écrivait bien en prose' ». Ménage se range à cet avis, accepte que prosateur conserve un petit air de nomenclature grammaticale, mais corrige, comme il le fait souvent, le concept d'usage par une vue plus large de la bienséance, ou par ce qu'on dénommerait aujourd'hui la pertinence sociolinguistique. Rappelant que, selon Quintilien, les mots sont de bon usage d'après leur fonction d'emploi, l'auteur du Dictionnaire étymologique en donne pour preuve véhémentement, enquerre, améliorissements, des termes que respectivement le Palais, l'Académie (pour l'élaboration de son propre Dictionnaire), l'Ordre de Malte utilisent quand ils conviennent.

Après cette (relative) concession, Ménage repart à l'attaque, dans le paragraphe que voici :

Comme Châtelain, dont le Vocabulaire hagiologique figure en appendice du Dictionnaire étymologique, est son proche confrère, on peut dire que Ménage ne s'écarte guère du cercle étroit des érudits de profession. Et que, par conséquent, il ne répond qu'imparfaitement aux arguments avancés par Bouhours et par Richelet, et qui étaient tirés de l'usage du monde.

Un peu déçu par cette manière brusque de recourir aux autorités, le lecteur se laisse davantage convaincre par le style enlevé du résumé, qui suit, de la polémique entre les deux grammairiens. Ménage est bien placé pour donner l'étymologie d'un mot qu'il a forgé, et il confirme qu'il est l'« inventeur » de prosateur -- en parallèle avec l'« invention » du mot ode par Ronsard, et avec quelques autres enrichissements de ce genre. Il conteste qu'une pareille revendication soit un signe de « vanité », et il fait mine de ne pas entendre le reproche (assez fondé) de Bouhours -- s'appuyant lui-même sur Vaugelas --, selon lequel il est impossible de faire admettre un nouveau mot par des locuteurs contemporains sans y mettre les formes de la modestie. Ces formes, d'ailleurs, sont une des nouveautés de cette entrée PROSATEUR, par rapport aux passages correspondants des Observations sur la langue françoise [17]. L'auteur n'épilogue presque plus sur l'idée de vanité, et il consacre l'essentiel de la démonstration à l'exemple précisément souligné par Richelet : celui de d'Ablancourt. Dans le cas de cet illustre défunt, le terme recommandé avant 1650 par les lexicologues était celui d'orateur. Ce terme ne convient pas pour un traducteur, qui se met au service, non de la parole, mais de l'écrit. Ménage argumente avec le sourire ; il supprime trois sources savantes (Guez de Balzac, Saumaise et Quintilien) ; il ajoute, en revanche, les références précises d'un mondain renommé (Bautru) et de deux Français déjà classiques (Ronsard et Du Bellay).

Mais, comme l'érudition ne perd jamais ses droits dans le Dictionnaire étymologique, l'entrée que nous examinons ici s'achemine vers sa conclusion par une réflexion sur Blaise de Vigenère et sur Sidoine Apollinaire :

L'un des objectifs de ce recours supplémentaire aux autorités est d'écarter, en n'ayant pas l'air de le faire, un raisonnement plutôt spécieux de Bouhours, qui avait soutenu qu'un nom composé du suffixe -ateur devait se fonder sur l'existence d'un verbe de la même famille. Or *proser n'existe pas.

Il y avait donc de la malice à introduire dans le débat l'éphémère et douteux prosier. Ménage en profite pour retourner l'argument, et pour justifier prosateur par ces mêmes raisons d'usage et de familiarité dont Bouhours et Richelet s'étaient servi pour le discréditer :

Le rappel de la réconciliation peut donc intervenir sur un terrain bien préparé. Il est bien vrai que Ménage et Bouhours sont amis. Mais c'est Ménage qui a raison.

Dans ces articles polymorphes, dont Isabelle Leroy-Turcan a bien caractérisé la rédaction, « nombreuses sont les entrées de mots qui nous apprennent des détails sur la vie et la personnalité de l'auteur » [19]. Du point de vue de l'histoire littéraire, on peut retenir la valeur des entrées GRIMAUD, COTEAUX, PROSATEUR et de beaucoup d'autres. La polémique, qui est souvent considérée, à l'époque, comme l'une des manières de rendre compte du mouvement contemporain des lettres [20], ne saurait être absente, en ces années de pleine querelle des Anciens et des Modernes, même dans un ouvrage de haute science, comme est le Dictionnaire étymologique. Ménage, qui reconnaît volontiers ses dettes, doit bien des étymologies à Saumaise, qui lui écrivait dès 1645 : « Toutes sortes d'animaux me font la guerre » [21], et qui concevait sa vie de philologue comme un combat permanent. Il est sans doute arrivé à notre auteur de considérer Bouhours comme un « animal », si l'on en croit cette saillie, tirée de l'entrée PEINDRE :

Pourtant, comme souvent chez Saumaise, la passion n'oblitère pas le raisonnement de Ménage. Il répond aux attaques personnelles, mais il est généralement capable de se réjouir de déceler une suggestion utile dans un reproche trop brusquement articulé.

Évoquons, pour conclure, son amitié pour Pierre-Daniel Huet, en nous bornant aux rapports qu'ils ont entretenus comme étymologistes. Quelle brutalité, de la part d'un ami [23], dans cette lettre du 12 décembre 1691, qui dénonce des « étymologies monstrueuses » (chicot venant de truncus, rat de mus, laquais de verna, etc.) et qui accuse Ménage et sa « confiance aveugle » de « hasarder des paradoxes et des origines incroyables et insoutenables » ! Voici, d'ailleurs, comment commençait cette aimable missive :

Que répondit Ménage à toutes ces algarades ? On n'a qu'à se reporter à la belle thèse d'Isabelle Leroy-Turcan pour admirer la façon dont il a su repenser, décanter et employer les notes et les annotations abondamment fournies par son bourru confrère et excellent ami.


Bibliographie

Bluche, François (1990). Dictionnaire du Grand siècle. Paris, Fayard.

Bray, Laurent (1986). César-Pierre Richelet, 1626-1698 ; biographie et œuvre lexicographique. Tübingen, Niemeyer (Lexicographica, series major, 15).

Caminiti Pennarola, Lea, éd. (1993). Gilles Ménage : Lettres inédites à P.-D. Huet, 1659-1692. Napoli, Liguori.

Collinet, Jean-Pierre, éd. (1985). Boileau : Satires, Épîtres, Art poétique. Gallimard.

Jeune, Simon (1955). « Molière, le pédant et le pouvoir. Notes pour le commentaire des Femmes savantes », Revue d'histoire littéraire de France, p.145-54.

Lamarque, Jean-Marie, abbé de Tilladet (1720). Dissertations sur diverses matières de religion et de philologie. La Haye ; 1ère éd., Paris, 1712.

Leroy, Pierre (1983). Le dernier voyage [...] de Claude Saumaise. Amsterdam-Maarssen, APA-Holland University Press.

Leroy-Turcan, Isabelle (1991). Introduction à l'étude du Dictionnaire étymologique ou Origines de la langue françoise de Gilles Ménage (1694). Les étymologies de Ménage : science et fantaisie. Lyon, Centre d'études linguistiques Jacques Goudet.

Lesaulnier, Jean (1992). Port-Royal insolite. Édition critique du Recueil de choses diverses (ms. B.N., n.a.fr. 4333). Paris, Klincksieck.

Ménage, Gilles (1675-6). Observations sur la langue françoise, 2e éd. [Voir Bibliographie de l'œuvre linguistique de Ménage.]

Ménage, Gilles (1750). Dictionnaire étymologique (éd. Jault). [Voir Bibliographie de l'œuvre linguistique de Ménage.]

Menagiana, 2e éd., 1694-5. [Cf. article de I. Leroy-Turcan sur les originaux et les contrefaçons.]

Pitou, Spire (1949 et 1954). Sur Richelet, Modern Language Notes, 64, p.474-6 ; 69, p.109-10.

Richelet, Pierre (1693). Dictionnaire françois, 2e éd. Genève, Ritter & Miège, 2 vols.

Samfiresco, Elvire (1902). Ménage polémiste, philologue, poète. Paris, L'Émancipatrice.

Simone, Franco (1972). Dizionario critico della letteratura francese. Torino, Einaudi.

Tolmer, Léon (1940). « Huet grammairien et étymologiste », Le Français moderne 8, p.37-46 et 237-46.

Zuber, Roger et al. (1992). Littérature française du XVIIe siècle. Paris, P.U.F. (Coll. « Premier cycle »).


Notes

1. Lesaulnier 1992 : 429. Nous modernisons l'orthographe, comme dans la suite de cette étude.

2. Auteur de l'entrée Ménage, in Bluche 1990 : 1013, entrée qui juge équitablement le lexicographe.

3. Lesaulnier 1992 : 613 (ms., f. 359 v°). L'auteur de ce propos est-il Eusèbe Renaudot (1648-1720), jeune alors et encore oratorien ? Ses qualités d'« antiquaire » ne cesseront de s'affirmer par la suite (ibid. : 797). Un des interlocuteurs du même manuscrit, Berruier (420), est très favorable au Diogène Laërce de Ménage.

4. Ce passage est partiellement cité dans le Boileau de la « Bibliothèque de la Pléiade », p.898, qui apporte aussi, sur les « mercuriales » de Ménage, le témoignage, plutôt défavorable, de Tallemant des Réaux. J'ai réduit au vers 92 de la Satire 4 la citation de Boileau, pour éviter d'évoquer ici la polémique entre Boileau et Chapelain.

5. Le rapprochement est fait par Jean-Pierre Collinet (1985 : 297).

6. Samfiresco 1902 : 155-6 ; Jeune 1955. Nous citons le Menagiana d'après la « Seconde éd. », 1694-5. Pour Vadius : II, 12.

7. Voir aussi Leroy-Turcan 1991 : 9. On sait que le sénéquisme de Ménage est aussi un choix de style : Menagiana 1694-5 : II, 127, 177, 201, etc.

8. Samfiresco 1902 : 157 et (pour le Journal des savants) 160.

9. Menagiana 1694-5 : II, 105, qui précise que ces vers sont inédits. Effectivement, ils ne seront imprimés, dans les œuvres de Boileau, qu'à partir de 1701, et sous une forme un peu différente : « Qu'ils charment de Senlis le poète idiot, / Ou le sec traducteur du français d'Amyot » (Epître 7, à Racine, vers 89-90).

10. Ménage 1750 : I, 280 (s.v. CAFARD), et II, 216-7 (s.v. MOMIE).

11. Ménage 1750 : I, 423 (le titre alphabétique de l'entrée est costaux). Dès 1701, Boileau propose lui-même, pour ce vers, une note, qui est plus simple, et qui tourne l'attention vers la Champagne (éd. de la Pléiade, p.22 et 888 (autres éclaircissements de l'époque sur le sujet)).

12. Ménage 1750 cite Bouhours, La Manière de bien penser, 1687 (voir l'éd. de 1715, p.464-5), en tête de l'entrée costaux. Sur la guerre de plume entre les deux auteurs : Samfiresco 1902 : 140-3 et 308-18 ; et, ici même, l'article de Antony McKenna. Sur leur réconciliation : Menagiana 1694-5 : I, 20-1.

13. Ménage 1675-6 : ch. 229 (« Inventeurs de quelques mots français ») et 230 (« Justification de ce qui a été dit au chapitre précédent touchant le mot d'urbanité et celui de prosateur »), 435-59. Débat résumé par Samfiresco 1902 : 315-7.

14. Richelet 1693 : II, 199. Sur Richelet et son Dictionnaire : Bray 1986. Sur Richelet polémiste : Pitou 1949 et 1954. Du même auteur, l'article RICHELET in Simone 1972.

15. Ménage 1750 : II, 357. Les citations suivantes de Ménage figurent aux p.357 et 358.

16. Claude Châtelain (1629-1712), liturgiste renommé. Sa traduction du Martyrologe romain paraîtra en 1705. Sa Liste des noms de saints figure dans l'édition de 1694 du Dictionnaire étymologique, précédée d'une lettre à Ménage, datée du 17 décembre 1691 (éd. 1750 : I, XLV-LXXXVI). Il est un des auteurs du Menagiana.

17. Les références de ces passages sont données plus haut, note 13. Ils contiennent aussi toute une érudition seizièmiste non reprise par le Dictionnaire étymologique, s.v. PROSATEUR.

18. Éd. André Loyer, Paris, Belles-Lettres, t.3, 1970, p.162. Ménage cite le contexte, et notamment les mots prosario loquendi genere districtus ("accaparé par la prose"). Sur Blaise de Vigenère, voir la thèse de Richard Crescenzo (Paris IV, 1993), qui donne d'autres occurrences du mot prosier.

19. Leroy-Turcan 1991 : 42.

20. Ce point est bien marqué par Emmanuel Bury, in Zuber et al. 1992 : 314-5, 395. Un des ouvrages de l'académicien François de Callières s'intitule Histoire poétique de la guerre nouvellement déclarée entre les Anciens et les Modernes (1688). De Callières, le Dictionnaire étymologique (1750 : II, 293-4, s.v. PASSECAILLE), cite longuement et avec éloge le livre Des Mots à la mode (1692).

21. Leroy 1983 : 70. Mal soulignées par Samfiresco 1902, les relations entre Saumaise (mort en 1653) et Ménage sont marquées par l'Ad Aegidium Menagium epistola super Herode Infanticida, Heinsii tragoedia, et censura Balzacii (1644). Il serait fructueux d'étudier le Dictionnaire étymologique du point de vue de ces relations.

22. Ménage 1750 : II, 303. La dispute porte notamment sur l'origine du -d- dans les finales en -dre. Autres boutades contre Bouhours : I, 535 (s.v. ENTÉRINER), II, 488 (s.v. SOMME), etc.

23. Sur l'amitié bien connue des deux savants, voir, en dernier lieu, Caminiti Pennarola 1993. La lettre que nous citons a été éditée par Jean-Marie Lamarque (1720 : II, 111-3), et longuement citée par l'abbé Léon Tolmer (1940 : 240). C'est sur un ton désapprobateur que Huet, dans cette lettre, reproduit la célèbre formule de la reine Christine (Menagiana 1694-5 : I, 176).