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Avant-propos
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Mutations de l'économie et mécanismes de la Net économie : acteurs traditionnels et dot com ... è une
remise en cause de l'ensemble des acteurs économiques
1°) e-business : un virage indispensable Internet apparaît pour toutes les entreprises et pour tous les autres acteurs économiques comme un nouveau marché à conquérir. Pour certains il s'agit de proposer des services supplémentaires et surtout d'être le premier à le faire comme Volkswagen qui développe avec la société esual des technologies permettant de visualiser ses modèles. Pour d'autres la nouveauté n'est pas un argument, le réseau est seulement une dimension supplémentaire. Ainsi Valeo souhaite devenir l'AOL ou le Cisco de l'industrie automobile. Selon cette entreprise "Il est temps de proclamer la fin de la nouvelle économie. Il níy a plus de nouveauté quand même ce qui est ancien veut devenir « nouveau »." Ce positionnement se distingue des grosses entreprises du secteur, telles que Peugeot, qui rejette la transposition, même partielle, de ses activités sur le Web. Internet représente en outre de nouveaux débouchés, une véritable aubaine pour les P.M.E. : ainsi la vente de fromages , d'aliments bio online par exemple s'est répandue, permettant à des entreprises locales, voire de quartier, de vendre à l'international. Ce phénomène semble donc être une mutation profonde puisque les entreprises leaders, qui elles aussi exportent via Internet, sont en concurrence directe avec les P.M.E.. Internet permet ainsi de restructurer les marchés préexistants, comme dans la distribution où des acteurs "moyens" comme Télémarket font face à des filiales de grands groupes comme Cora (Houra.fr) ou Carrefour (Ooshop.fr). Internet suscite enfin des redéfinitions
de stratégies de marque, des réorganisations d'entreprises
et des repositionnements d'activités. Le cas de la Fnac,
rebaptisée
fnac.com
est à ce titre représentatif. Souhaitant promouvoir ses activités
online - proposées par fnac.com mais aussi fnac.fr - l'entreprise
a doucement changé la déclinaison de son identité,
commençant notamment par transposer la nouvelle identité
visuelle sur ses sacs.
2°) la convergence des technologies La spécificité de l'audiovisuel, de l'informatique et des télécommunications est aujourd'hui en question : c'est une évolution qui incite encore plus les entreprises de ces secteurs à parier sur les développements électroniques et sur Internet. Le cas du WAP - Wireless Application Protocol - montre l'importance des espoirs suscités : "l'avenir appartient à l'Internet mobile" , c'est en tout cas le pari des entreprises Vivendi, Vodaphone et Mannesman qui ont récemment fusionné. La communication de fusion apparaît ainsi comme une conséquence indirecte de l'explosion des NTIC. L'enjeu du Wap est à lui seul si conséquent qu'un consortium international de 250 membres s'est bâti pour associer fabricants et prestataires de services. Les prévisions portent à 10% la proportion de téléphones mobiles qui seront équipés d'ici à la fin de l'an 2000. Trois millions de Français et sept millions d'Européens seront concernés. L'idée générale de ces évolutions est une personnalisation croissante des services, pour le Wap comme par exemple pour la télévision numérique. Les secteurs liés aux NTIC vivent un redécoupage incessant du marché et sont le cadre d'une course aux alliances, partenariats et autres fusions. La surprenante fusion d'AOL et de Time Warner l'illustre tout à fait, avec cette démesure que ce soit la "petite entreprise" qui mange celle qui est plus de 5 fois plus grosse qu'elle. Cet exemple met également l'accent sur l'importance des contenus pour tous les acteurs, enjeu véritable de l'Internet. Ils apparaissent aujourd'hui comme l'un des points faibles d'une nouvelle économie tournée quasiment uniquement vers la supériorité technique. Il ne faut en effet pas oublié que c'est parce que l'on peut trouver beaucoup de choses sur le Net que les gens y vont. Il reste que les acteurs "techniques", souvent les invisibles de la Net économie, conservent une réelle importance, étant souvent les seuls à être déjà rentables. Les providers mais surtout les câblo-opérateurs font partie de ceux-là, comme Cisco Systems , quasiment inconnu il y a deux ans, dont la capitalisation boursière en dit long sur son importance dans l'économie. 1°) les dot com, au coeur d'un nouveau système Internet apparaît comme le nouvel eldorado, d'où une prolifération des naissances des start-up, ou "jeunes pousses". Ce phénomène n'est pas sans rappeler l'explosion des radios libres dans les années 1970. L'ébullition suscitée par les First Tuesday en atteste, ces réunions où se rencontrent investisseurs, porteurs d'idées et journalistes. Débutées à Londres, elles se sont exportées à la fin 1999 à Paris, et depuis peu en province également. Il s'agit en fait de l'émergence de nouveaux circuits économiques et nouveaux acteurs, tels que les gestionnaires de pépinières (Défi Start up et autres). Ce qui n'est pas nouveau c'est le moteur de ce système : l'attrait de gains pour chaque acteur. Seul l'intérêt individuel potentiel explique ce développement. Du créateur aux boursicoteurs en passant par les capitals-riskers, les business angels (journaldunet) et les cabinets conseils, chacun pense retirer un avantage substantiel de son implication dans le Net économie. Le créateur, celui qui a une idée, est motivé par la perspective de gagner de l'argent par l'expansion de son entreprise, par celle des stock options et par celle d'une revente future. Les boursicoteurs espèrent effectuer rapidement des plus values : ce sont à la fois les traditionnels investisseurs institutionnels et les petits porteurs - en France 500 000 personnes sont abonnées aux home banking et 130 000 au courtage en ligne (prévision, de 1,5 millions en 2004 selon International Data Corporation). Les capitals-riskers et les business angels comptent soit sur la rentabilité des nouvelles sociétés, soit sur les stock options, dans la mesure où ils acquièrent des parts de société en échange des investissements et /ou conseils. Posséder une start-up se résume parfois pour un investisseur à posséder des actions de cette société. Le modèle est souvent identique pour les cabinets conseils .Pour les employés la motivation a trait au dynamisme du secteur et aussi aux Stock options. Avec le développement de la Net économie
s'organise l'avènement d'une nouvelle logique : le potentiel
au secours du chiffre d'affaires. En effet le critère principal
qui était auparavant utilisé pour juger une entreprise consistait
en un taux de profit réalisé. Aujourd'hui des cas comme celui
d'Amazon.com
montrent l'importance de la projection en l'avenir. Ainsi lorsque des licenciements
ont été annoncé, le cours de l'action a chuté,
alors qu'habituellement ce type de décision mène à
l'effet inverse car les actionnaires considèrent qu'il va
permettre une hausse des gains. Dans ce cas, les licenciements ont été
interprété comme une preuve de faille dans l'organisation
de l'entreprise. A l'inverse lorsqu'Amazon a annoncé son
bilan négatif (seule la vente de livres aux États-Unis étant
bénéficiaire), les actions ont monté, les investisseurs
anticipant les gains potentiels à moyen et long terme permis par
les investissements réalisés. Le cycle semble ainsi être
: plus une start-up perd de l'argent, plus elle a investi en publicité
et/ou en innovation technologique et/ou en extension internationale, donc
plus le trafic du site sera important, plus elle a aura besoin d'argent
pour son développement et plus les actionnaires seront nombreux
par anticipation de celui-ci, plus la start-up investira et perdra de l'argent.
2°) la Bourse, véritable moteur de la nouvelle croissance ? Le système de la Net économie ne semble donc viable que parce que le rêve du profit existe, l'anticipation auto réalisatrice matérialisée par le Nasdaq et ses cours vertigineux. Ainsi l'IPO (initial public offering) apparaît souvent comme une finalité pour les dot com, notamment face à des exemples comme celui de Yahoo!. Ces sociétés ne cherchent pas à réaliser des profits par leur activité mais à prouver qu'elles peuvent potentiellement à long terme en réaliser... Car c'est ici que réside la motivation de l'ensemble des acteurs : les gains se produiront avant tout sur les actions, telle est en tout cas le consensus implicite qui réunit les différents intervenants. Il s'agit donc de réussir d'abord dans l'économie financière virtuelle, les marchés boursiers, avant de réussir dans l'économie réelle ou même dans la Net économie, ce qui finalement n'a plus d'importance. La distinction la plus importante semble donc s'opérer entre la sphère financière des investisseurs et les activités économiques des entreprises, et non pas entre une économie traditionnelle et une nouvelle économie... Cette prépondérance de la sphère financière n'est pourtant pas l'apanage de la nouvelle économie. La capitalisation boursière de Coca-Cola est par exemple considérée comme un tiers de fois supérieure au chiffre d'affaires de l'entreprise, cette différence étant expliquée par la valeur de l'immatériel possédé par Coca-Cola. Ce qui diffère dans le cas des entreprises de la Net économie est l'ampleur de ce phénomène. La part d'immatériel dans leurs cours est souvent la seule explication de valorisation dix, cent ou mille fois supérieure à leur chiffre d'affaires réel, notamment lorsque les bénéfices sont inexistants. La valeur de ces entreprises réside ainsi dans leur potentiel de développement, le nombre de leurs clients et également dans l'acquis de leur marque et nom de domaine. Cette évolution correspond elle à une spéculation meurtrière ou à une véritable révolution fondée sur le potentiel ? Au delà de l'enthousiasme généralisé, cette question est au coeur de la Net économie. L'opinion de Jean-Pierre Gaillard, analyste de marchés, est plutôt négative, arguant de la survie inéluctable des produits physiques comme le pain. Pourtant il a lui même développé un site Web... La plupart des autres observateurs valident l'hypothèse de baisses inéluctables des cours, comparant souvent les évolutions actuelles à celles connues pour le chemin de fer au dix neuvième siècle, les profits imaginés initialement ayant été revu à la baisse à l'époque mais le secteur s'imposant petit à petit. Une rectification des cours s'est d'ailleurs produite une première fois en avril 2000, assainissant quelque peu cette part de l'économie, permettant par exemple de reconsidérer les business plan des start-up en réintroduisant la notion de rentabilité. Les activités Internet prendront ainsi sans doute place dans l'économie comme toutes les autres activités l'ont fait avant elles, notamment par des rachats de sites opérés par de grands groupes, ce qui se multiplient déjà. En tout cas, le retour en arrière semble impossible. |