Avant-propos
Observations
de sites Web
Mutations
de l'économie
Tentative
de conclusion
Contact
(remarques et
suggestions
bienvenues)
Liens
|
|
Observations de sites Web,
ou la partie visible de le nouvelle économie :
des similitudes
aux
différences ...
è des
modèles économiques préexistants
1°) le prolongement des "brick and mortar"
Les grandes entreprises de l'économie traditionnelle
transposent
- leur image, avec des sites vitrines
tels que celui de Coca-Cola,
dont le contenu semble en priorité destiné aux actionnaires,
apportant seulement au grand public une nouvelle expression de la marque
qui s'inscrit dans l'ensemble de leur communication
- leur activité, avec des sites
qui étendent leur domaine d'action, cas des secteurs de la VPC,
des services Minitel ou de la livraison à domicile, par exemple
l'entreprise Interflora
La logique de cette évolution correspond à la nécessité
vitale de prendre place sur ce nouveau support, d'élargir la définition
de l'entreprise à Internet.
2°) "click and mortar" et "pure play dotcom" aux
business
models peu innovants
Les modèles de développement économique des start-up
et autres sociétés liées aux nouvelles technologies
correspondent aux perspectives de rentabilité et de profit, et aux
moyens d'y parvenir. Or, leur fondements, que l'entreprise ait ou non une
implantation physique, n'ont rien de révolutionnaires, transposant
sur un nouveau support des schémas utilisés par d'autres
secteurs d'activité.
Ainsi, est-il possible de distinguer
- le e-commerce ou la redécouverte
de la vente : le commerce électronique reprend en effet à
son compte les principes de base de l'économie, comme le site de
vente de vins en ligne chateauonline.fr.
- le paiement de services ou le règne
de la société de services : Internet n'a pas inventé
l'immatériel, s'étant implanté dans des sociétés
déjà fortement tertiarisées ; il n'est alors pas étonnant
que le réseau serve à accéder à des données
autant qu'à des produits, telles que des images avec arttoday.com,
et ce de façon gratuite comme payante - le débat sur la nécessité
ou non de paiement de l'information est ainsi très vif.
- la publicité ou le fondement de l'économie
des médias : la logique de financement basée sur le trafic,
c'est-à-dire l'audience, est empruntée aux médias
traditionnels, la valeur dépendant du nombre et du profil des personnes
pouvant être touchées. Le guide de voyage webtour.frillustre
ce modèle, appliqué également par les sites de communauté
comme respublica.fr.
Ce dernier modèle apparaît de plus en plus comme une condition
nécessaire mais non suffisante, une perspective d'économie
uniquement développée sur Internet conduisant à un
jeu à somme nulle entre investissements et recettes publicitaires,
chaque site redépensant autant qu'elle reçoit. Les business
plans tendent ainsi à intégrer les différentes composantes,
du projet à la stratégie de développement et de stabilisation
jusqu'aux perspectives d'IPO.
è des
modifications structurelles : vers une concurrence pure et parfaite ?
1°) le bouleversement de l'économie d'oligopoles
Comme dans les théories néoclassiques,
Internet semble permettre un nombre illimité d'entrants : l'exemple
en France du courtage en ligne (selftrade.com
; boursorama.fr;
etrade.com
etc.) est frappant puisque plus d'une vingtaine de sites se sont développés,
alors que peu de secteurs de l'économie compte plus de 2 ou 3 acteurs
majeurs. Selon Jean-Bernard Tellio, responsable de la branche Europe du
fond de capital risque américain Carlyle, l'évolution
de la net économie aboutira à la même situation, et
3 à 4 sites par secteur au maximum sont viables. Pour lui, les investissements
actuels sont du "dumb money", de l'argent gâché. Reste que
dans chaque secteur, les acteurs sont aujourd'hui - mars 2000 - très
nombreux, et toujours de plus en plus en nombreux à s'implanter.
La question de la remise en cause des acteurs
traditionnels, si elle peut paraître prématurée, mérite
tout de même d'être posée : et si les majors d'aujourd'hui
étaient en passe de céder la place ? L'exemple le plus étonnant
est celui du conflit
etoys.com
vs. toys'R'us,
un combat qui se déroule sur deux
terrains.
Le premier, etoys, est un site de vente de jouets en ligne,
dont le chiffre d'affaires est d'environ 30 millions, tandis que le second
est le géant américain du jouet, à la tête de
11 milliards de chiffres d'affaires. Ainsi etoys représente
l'équivalent financier de deux magasins Toys'r'us, et pourtant
ce dernier semble se sentir menacé par celui qui a pris l'ascendant
sur le Net, le commerce électronique résumant l'avenir. Or
sur ce terrain, Toys'R'us, qui a lancé un site, n'obtient
pas les résultats escomptés. L'idée d'une nouvelle
économie dévorant l'ancienne se répand donc, comme
confirmée par l'incessante fuite de compétences qui s'opère
des entreprises traditionnelles vers les start-up.
2°) le bouleversement de la relation entre agents économiques
pour le "B to B" :
Le "business to business" est la partie du Web
préférée par beaucoup, du fait de sa plus grande rentabilité
et de sa plus grande rapidité de retour sur investissements. Ce
secteur semble être la locomotive de la nouvelle économie.
Il prend différentes formes et recouvre à la fois
- de nouveaux besoins : l'apparition d'un
nouveau support appelle une adaptation des anciens métiers, le multimédia
pouvant par exemple permettre la simulation comme avantage décisif
lors de recherches d'informations produits à distance (cas de Volkswagen
exploitant les technologies développées par esual)
- des nouvelles formes de communication
:
le développement d'Internet permet à la fois l'émergence
d'un nouveau public, de nouvelles cibles face auquelles les communicants
doivent adapter leur discours et il permet une créativité
nouvelle, les technologies rendant possible des formes de communication
inédites, opportunité saisie par la start-up Dbee,
agence de communication spécialisée dans les NTIC qui développe
des sites pour soutenir une campagne institutionnelle ou réagir
à des événements particuliers, qui propose également
d'organiser les retransmissions de conférence de presse, etc.
- de nouvelles relations employé/employeur : ceci relève
moins du "B to B" que du "B in B", c'est-à-dire de
la vie interne des entreprises et de leur politique en matière de
ressources humaines. Pour les recrutements par exemple, Internet est ainsi
devenu un passage obligé, les sites d'emploi se multipliant, à
l'image de cadresonline ou de emploiweb. Vous êtes secrétaire
et avez besoin d'un coup de main ? Même cela trouve une réponse
sur le Web, avec le site supersecrétaire.com.
Enfin, le modèle de gestion des ressources humaines apparaît
renouvelé dans les start-up et autres entreprises liées aux
NTIC, la motivation du personnel passant désormais par les stock
options.
pour le "B to C" :
Le réseau des réseaux est également
le cadre du développement de nouveaux services qu'une entreprise
apporte aux consommateurs, notamment sur les facteurs de prix et de temps.
Ainsi naissent :
- de nouvelles opportunités, comme
l'accession à des loisirs au dernier moment et à de meilleurs
prix du fait de leur proche "date limite de consommation", service proposé
par exemple par lastminute.com
- l'aide personnalisée, très
pertinente dans les domaines où les coûts de recherches d'informations
sont très élevés pour le consommateur, comme les prêts
bancaires et immobiliers dont s'occupe le site selectaux.com,
ou les tarifs téléphoniques pour lesquels le site comparetel
s'est spécialisé, qui permet de forts gains de temps
- les moteurs recherchant les meilleurs prix,
appelés aussi shopbot, tels que kelkoo.com
et qui permettent aux consommateurs à la fois d'associer des gains
de temps et d'argent, par l'accès rapide à l'information
du prix le plus bas pour un produit donné. Ce système apparaît
d'autant plus intéressant que les annonceurs sont obligés
d'y être référencés sous peine d'être
"oubliés" par les consommateurs - dans la mesure où le trafic
du site est non négligeable, et ce faisant, doivent aligner leurs
prix car la concurrence sur ce facteur est directe.
pour le "C to C" :
Moins rentable mais tout aussi florissant et sans
doute plus visible est le secteur des services reliant un consommateur
à d'autres. Internet semble permettre l'émergence de nouveaux
rapports sociaux entre acteurs économiques auparavant isolés,
semblables à une concentration horizontale de consommateurs, pouvant
également se nommer solidarité sous une forme nouvelle, le
réseau étant ainsi le moyen
- du renouveau des enchères, pratique
auparavant limitée à une certaine catégorie de produits
et à une certaine catégorie de personnes et qui semble aujourd'hui
vivre un revirement social, comme le prouvent les succès des sites
ibazar
- français- ou ebay.com-
américain. Ces systèmes d'enchères sont d'ailleurs
contestés du point de vue de leur légalité
mais les localisations à l'étranger ou le principe des petites
annonces offrent une réponse juridique répandue
- des enchères inversées,
c'est-à-dire du regroupement de consommateurs pour obtenir des tarifs
dégressifs ; cette pratique, proposée par exemple sur clust.com
est une véritable révolution permise par le réseau
puisque l'individu devient collectif dès lors qu'il effectue la
démarche de se connecter, possédant dès lors le pouvoir
de faire baisser les prix, tel un grossiste, et ce sur n'importe quel produit,
ce qui peut avoir des conséquences très importantes sur l'ensemble
des acteurs économiques de l'offre si le phénomène
se propage largement.
La Nouvelle Economie semble, après observation des sites répertoriés,
être plus un prolongement et une mutation de l'économie qui
la précède, qu'un phénomène concurrent. Les
pratiques et les modèles de développement sont plus ou moins
comparables, les modifications correspondant plus à un rapprochement
de la concurrence pure et parfaite et à une transformation des relations
entre les agents, les complexifiant et renversant parfois leurs poids réciproques.
Quels mécanismes spécifiques sont donc à l'oeuvre
parmi l'ensemble des acteurs de la Net économie ?
|