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L'internet comme
"cyberspace" possède sa propre culture. Procède-t-elle cependant
d'un processus d'universalisation?
La culture cyberpunk comme fondement Si
l'Internet est un monde nouveau, il doit lui correspondre une culture propre,
une "cyberculture", comme on l'entend fréquemment. D'où vient
cette conception?
Vers une forme de réalité de la cyberculture Peut-on
dire cependant que chaque internaute, à l'époque de l'Internet
grand public, se sent investi de ces références historiques?
Force est de constater que non. Bon nombre d'entre eux n'ont même
jamais entendu parler de culture cyberpunk Il est vrai que la réalité
des pratiques sur internet sont actuellement essentiellement marchandes
(e-commerce) ou utilitaires (chat, forums).
Une
autre façon d'invalider la thèse de l'émergence d'une
identité collective est de penser que l'Internet a la capacité
d'engendrer ses propres mythes. Ne peut-on pas considérer que Bill
Gates, ou des figures plus proches de nous comme le sont celles de Jérémy
Béréby, par exemple, contribuent à fonder le mythe
de l'entrepreneur du 21 ème siècle qui peut se payer le luxe
d'inventer ses propres règles et de casser les codes en vigueur?
Même si les pionniers de l'internet des années 70 doivent
se sentir trahis par l'Internet acquis à la logique du tout business,
force est de constater que l'esprit libertaire est toujours là,
même chez des entrepreneurs les plus soucieux de leurs marges de
profit. Et c'est peut-être là une nouvelle façon d'exister
qui, si elle ne correspond pas à quelque chose de vécu pour
la majeure partie des internautes, fonctionne comme un mythe dont chacun
est un peu investi.
La question qui se pose alors consiste à se demander si cette identité collective particulière à l'internet, cette cyberculture, possède une force d'universalisation qui pourrait nous faire parler d'acculturation. Mais la propre culture de l'internet n'est pas "acculturée" : un "Universel sans totalité" (Pierre Lévy) Peut-on affirmer que la cyberculture possède un ensemble de référents unifiés? Peut-on dire qu'elle se dirige franchement vers une forme d'universalisation, ou ne devons-nous pas y voir un phénomène plus complexe? Que
ce soient les écrivains cyberpunk des années 80 ou des auteurs
comme Jean-Claude Guédon, tous soulignent l'évidente analogie
entre la cyberculture et la culture du maillage ou de la diaspora. Philippe
Quéau, dans cette logique, considère que la cyberculture
est un élément qui peut nous aider à vivre la mondialisation,
à l'intégrer, en ce sens qu'elle est "glocale".
Il insiste d'ailleurs lourdement sur la fonction d'une telle culture dans
notre société, considérant qu'elle peut nous faire
comprendre le global avec le local.
On voit donc comment Philippe Quéau répond à la thèse de l'internet vu comme une étape dans un processus d'acculturation. Cependant, on peut aller bien plus loin que le simple concept de culture glocale. Pierre Lévy utilise celui "d'universel sans totalité". Il veut ainsi distinguer la recherche de l'universel du processus d'universalisation. Il considère alors que les hommes tendent effectivement à ne plus former qu'une seule communauté mondiale, même si cette dernière est inégalitaire et conflictuelle.Ce qu'il souligne, c'est que cette communauté mondiale n'est pas dominée par la cyberculture. C'est ce qu'il démontre en affirmant que la cyberculture est bien loin de constituer une menace totalitaire. Il faut prendre bien soin de distinguer menace totalitaire et recherche de l'universel. Ainsi
Pierre Lévy nous fait dépasser le débat acculturation
/ nouvelle culture, en posant le principe selon lequel on a bel et bien
une nouvelle culture qui recherche l'universalité sans être
pour autant "acculturante".
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