En réponse à la question « quelles sont aujourd’hui vos activités liées à Internet? Sont-elles dans le prolongement direct de votre initiative? », continuité et développement sont les maîtres mots des enquêtés; 20 personnes le rappellent. Pour elles, cela signifie tout d’abord passer beaucoup de temps à réaliser des tâches a priori insignifiantes et routinières 1: s’informer, en consultant les moteurs de recherche et en s’abonnant aux listes de discussion pertinentes, échanger, en lisant son courrier électronique et en y répondant: « maintenant Internet c’est: d’abord le mail, pour les messages quotidiens et pour quelques listes de discussion scientifiques qui marchent bien et auxquelles je suis fidèle. Ensuite la gestion de mes signets, qui me renvoient à des sites essentiels pour moi. Enfin, des recherches ‘à l’aveugle’ quand il me manque une information »; « [je joue] de plus en plus le rôle de relais d’infos diverses entre le monde scientifique anglo-saxon et mes collègues et étudiants français »; « très forte activité de recherche de contenus sur l’Internet [...] Correspondance: j’y passe des heures... »; « réalisation en cours de ce projet + consultation des listes de discussion liées à cette activité ».
Ces activités de consultation et de communication arrêtent souvent les chercheurs qui découvrent l’internet. À plusieurs reprises, des enseignants de l’ENS ont formulé la remarque suivante: « je ne réponds pas à mon mail, car sinon, j’y passe des heures et je ne peux plus travailler ». Il est toujours difficile de comprendre pourquoi de tels universitaires excluent le courrier électronique de leurs activités professionnelles, ce qu’ils ne font pas pour leurs communications téléphoniques 2.
Restent les activités de production. Les enquêtés sont désormais responsables, non pas d’un, mais de plusieurs sites: « je suis cowebmaster du réseau X, webmaster du laboratoire Y, de l’école doctorale de Z »; « j’ai mentionné ci-dessus mon activité principale mais j’aurais pu ajouter que j’ai collaboré à la création de plusieurs sites (association X, doctorat conjoint des universités Z, T, U). Par ailleurs, [...], je peux mentionner à nouveau la création de plusieurs listes de discussion [...dont] une dans le cadre d’un cours effectué par vidéo-conférence entre les universités A, B et C »; « oui, j’ai développé ce qui m’intéressait et notamment des sites 3 [...] je fais une revue avec mes étudiants (http://www.x.fr) ».
Ces activités d’enseignement autour de l’internet prennent de plus en plus d’importance: « par ailleurs, je pousse mes étudiants à employer Internet pour leur faire chercher et trier de l’information, tester un sujet de maîtrise. J’ai fabriqué et testé un module de licence au printemps 2000 »; « [mes activités] se situent dans un prolongement naturel. À la fois sur le plan scientifique [...] et à un niveau de vulgarisation et de diffusion de connaissance »; « je fais également des formations à l’Internet pour les X »; « maintien de pages personnelles avec travaux et cours, + liens »;
Mais tout cela reste parfois précaire et fragile, notamment quand les pionniers sont en thèse et n’ont donc pas encore un poste stable. Il s’agit alors de songer à la survie du projet: « Je continue à gérer les listes électroniques et le site web, mais de loin seulement. Mon but est de réussir la transition (c’est-à-dire que mon initiative me survive) »; « assurer la pérennité de la revue, ce qui n’est jamais sûr lorsqu’elle est effectuée par des étudiants, ce statut étant précaire par nature ».