6. Voix
C'est de loin le champ le plus difficile à baliser et le plus sujet aux décisions arbitraires. Mais c'est aussi le champ le plus intéressant à interroger et essentiel au projet sur "Voix de la scène, voies vers la scène". L'ordre alphabétique retenu dans la longue liste des voix (pour pallier le temps de chargement, elle s'affiche dans une autre fenêtre) permet au curieux de voir (et ensuite d'évaluer) l'étendue de la reprise, d'une pièce à l'autre ou d'un auteur à l'autre, de certains noms de personnages. Par exemple, Arlequin dans le théâtre de la foire d'abord, puis dans plus d'une douzaine des pièces de Marivaux. Les dimensions de la liste garantissent l'occurrence de fautes quasiment inévitables. On peut aussi regarder un bref traitement de la polyphonie des voix (identité, polysémie, homonymie) chez Corneille ou bien un article sur "Les voix de Marivaux".
Le grand arbitraire du balisage des voix s'illustre bien chez Molière, par exemple. La gamme des voix y est complexe. Il y a quelques personnages (dramatis personae) sans voix, comme il y a nombre de voix sans personnage. Sur le plan des voix textuelles (la musique instrumentale ne subsistant que dans les didascalies), plusieurs des pièces fonctionnent comme des opéras a cappella, les personnages jouant le rôle de solistes, les autres voix représentant les choeurs : choeurs à voix par pupitre ou chantant à l'unisson ; thème, variations et résolution. Distinguer des voix discrètes dans les parties chorales relève en grande partie d'un exercice arbitraire. La liste des voix doit donc être considérée comme n'ayant qu'une valeur relative, sujette à révision. Le "locuteur" est la personne, singulière ou plurielle, qui donne voix à une séquence textuelle, dont Didascalie.
Il faut tenir compte aussi des fautes éditoriales. Dans l'édition Garnier d'Esther de Racine, par exemple, on lit tantôt "Assuérus", tantôt "Assuréus". De même, chez le même éditeur, on lit, dans Le Menteur de Corneille, tantôt "Clarice", tantôt "Clariste" ; et dans La Veuve, tantôt "Chrysante", tantôt "Chrisante".
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