Comparaison des Décisions sur la langue de 1673-1679 avec le texte du Dictionnaire de 1694

20. i, y

La résolution et son interprétation disent en substance que l'usage que doit observer l'Académie est le suivant:
  1. les participes finissant en -i/-y doivent s'écrire avec i (ex. fini);
  2. les noms dérivés de ces participes doivent s'écrire avec i;
  3. de façon générale, y doit être remplacé par i, avec les exceptions suivantes:
    1. les mots y, cy, cecy, icy, ny;
    2. le y se maintient en fin de mot après une voyelle (ex. aimay, loy);
    3. le y se maintient entre deux voyelles (ex. loyal, voyez);
    4. le y se maintient dans des mots qui viennent du grec (ex. sympathie).
Cette résolution et la suivante (sur les mots en -ant/-ent) se distinguent des décisions, en ce que les premières engagent l'Académie dans une politique générale à l'égard du lexique (microsystèmes morpho-lexicaux extensifs), alors que les secondes ne concernent que des unités lexicales ponctuelles ou des microsystèmes réduits (listes closes).

Seront examinées ici une à une les différentes classes énumérées ci-dessus pour voir dans quelle mesure la politique ainsi dégagée est observée dans les faits du dictionnaire. Sont indiquées entre parenthèses dans les listes: a) la graphie du mot en vedette, sous-vedette ou co-adresse (= capitales); et éventuellement b) la ou les graphies, avec fréquences, du mot dans le reste de son propre micro-article (= italique).

20.1. Les mots en -Ci/-Cy

Selon la résolution et son interprétation (item 3 ci-dessus), tout mot finissant par une consonne suivie de i ou de y doit s'écrire avec i (sauf cy, cecy, icy, ny); non seulement des participes comme fini, mais aussi des mots comme ennemi. La liste "Ci/Cy" donne toutes les formes du dictionnaire qui s'écrivent tantôt -Ci, tantôt -Cy, avec leur fréquence (demi/demy et mi/my sont traités à part), ainsi que les participes en -Vi/-Vy (ex. enfui/enfuy.

Cette liste appelle un certain nombre de remarques:

  • concurrence entre formes en -i et formes en -y: le premier type est majoritaire mais il est loin d'être exclusif, comme pourrait le laisser supposer la résolution; la forme en -i est même largement minoritaire dans quelques cas: bailli, bouffi, cramoisi, jeudi, lundi, oui, par exemple; à noter aussi la haute fréquence de quelques graphies en -y: amy 42, cry 35, ennemy 45, mary 54, midy 37, oüy 71, parmy 56, party 53;
  • en adresse, c'est la forme en -i qui est donnée dans une majorité de cas; beaucoup d'exceptions pourtant: ADVERTY, BISTOURY, BOUFFY, CRAMOISY, DESUNY, par exemple;
  • les noms: les noms propres ont tendance à résister à la modernisation graphique (Henry, Montmorency); les noms des jours de la semaine aussi (lundy, jeudy, vendredy, samedy; mais mardi, mercredi);
  • concurrence avec des formes archaïques en -if: apprentif, baillif, tous deux donnés comme graphies principales (c.-à-d. en vedette).

    20.2. Noms dérivés des participes en -i/-y

    Tous – abolissement, abolition, accomplissement, advertissement, amortissement, apprentissage, assoupissement, avilissement, etc. – s'écrivent avec -i-.

    20.3. y, cy, cecy, icy, ny

    La nomenclature donne: Y, CY, CECY, ICY, "NY, ou NI". Fréquences globales: y 4968 / i 0 (sauf comme lettre ou chiffre romain); cy 131 / ci 3 (celuy-ci s.v. MEILLEUR, ci-dessus s.v. NOMMÉ, ceux-ci s.v. NON); cecy 9 / ceci 1 (s.v. FANTAISIE); icy 168 / ici 2 (s.v. ESCLAIR, STOICIEN); ny 355 / ni 322. Ajoutons voicy 33 / voici 1 (s.v. PONTE). La grande exception à la règle est donc ni.

    20.4. y en fin de mot après une voyelle

    De rares exceptions à la règle:
  • -ay/-ai: ay 1307 / ai 2 (j'ai trouvé s.v. EMMI, je n'ai point dit s.v. PRETENDRE); delay 30 / delai 1 (s.v. RETARDEMENT); deviendray 1 / deviendrai 1 (s.v. DEVENIR); vray 299 / vrai 2 (s.v. APPELLANT, TRANSCENDANT);
  • -oy/-oi: foy 340 / foi 1 (s.v. RASSEURER); loy 236 / loi 1 (s.v. TRANSGRESSER); moy 532 / moi 1 (s.v. MOY); quoy 387 / quoi 5 (s.v. BUTER, GESNER, SUPPUTER x 2, TRISTE); soy 278 / soi 1 (s.v. EFFARER);
  • -uy/-ui: appuy 48 / appui 1 (s.v. ARC-BOUTANT); autruy 146 / autrui 3 (s.v. DESPENS x 2; PROCUREUR); celuy 1462 / celui 8 (s.v. MESCONTENTEMENT, GAGE, etc., VOLONTÉ); ennuy 25 / ennui 1 (= renvoi alphabétique: "DESUNNUYER. Voy sous ENNUI"); luy 5079 / lui 20 (s.v. BREVET, COUPER, etc., TERRIER) – cf. les participes (in)ouy/oui, enfuy/enfui, espanoüy/espanoui dans la liste "Ci/Cy".

    Mais: quay 5 / quai 7 (s.v. QUAI).

    20.5. y entre deux voyelles

    De rares exceptions à la règle: glayeul 2 / glaieul 1 / glaïeul 2 (nomenclature: GLAIEUL); plaidoyer 18 (= différentes formes) / playdoier 1 (ce serait une faute); ennuyeux 48 (différentes formes) / ennuieuse 1 (s.v. MONOTONIE).

    20.6. y dans des mots venant du grec

    Comme le Dictionnaire de l'Académie n'indique que très rarement l'étymologie des mots et que ce serait un anachronisme méthodologique que de fonder un examen sur les connaissances étymologiques d'aujourd'hui, nous prendrons comme étalons
  • a) les trois mots cités dans la résolution (sympathie, physique, Libye), plus la liste donnée par Mézeray (éd. Beaulieux, p. 236): Astyanax, Byzance, Cyprés, Cypre, chrysolite, Dynastie, dysenterie, gymnastique, Gypseux, hydre, hyperbole, hypotheque, hymen, Lycée, lyenterie, Libye, lymphatique, Lyre, lyrique, Myrrhe, myrabolans/myrobalans, mystere, mysterieux, mystique, myrthe, nymphe, pygmee, pyramide, pyrauste, pyrethre, Pyrrhus, Pyrenees, Pythagore, Pythonisse, Syrie, Assyrie, Tyr, Thermopyles, Tyran "et ses derivez", Thyane;
  • et b) les étymologies proposées par Furetière dans son Dictionaire universel paru quatre ans avant le Dictionnaire de l'Académie (le Dictionnaire étymologique de Ménage fut publié dans la même année que le DAF); ne sont retenus ici que les mots dits (explicitement ou implicitement) par Furetière d'origine grecque – ou peut-être d'origine grecque, étant éventuellement passés par le latin – dans lesquels l'upsilon est représenté dans le Dictionnaire de l'Académie soit par y, soit par i.

    Cette liste réduite (liste "y grec") suffit à la démonstration de la fragilité de la règle, dont l'applicabilité est sujette à la connaissance de l'origine des mots, à l'exercice d'une conscience étymologique et à la force de l'usage, lequel est soumis au poids d'une prononciation identique pour i et y (comme, d'autre part, pour th/t ou ph/f). Les faits saillants de cette liste comprennent les suivants:

  • d'abord, le statut marginal de certains des mots cités par les académiciens et rapportés dans la liste de Mézeray; pour ce qui est des noms propres, on peut quand même les observer dans les exemples du dictionnaire; Mézeray lui-même commente la marginalité de quelques mots: "Gypseux est si rare que je ne le voudrois pas mettre non plus que Pyrethre ny myrobalans [...] Je trouue dans cet article des mots a retrancher pour estre peu de la langue" (éd. Beaulieux, p. 137).
    En ce qui concerne la confrontation avec le texte du dictionnaire:
  • est donnée en général dans la nomenclature la forme en y; les exceptions sont CACOCHIME, ECLIPSE, HIRONDELLE, PIRATE, SIRENES et – cas le plus frappant – SIMPATHISER (cf. ci-dessous);
  • de manière générale, les autres occurrences du mot dans l'article emploient la même forme que l'adresse; les grandes exceptions à cette tendance sont ANALYSE et ANALYTIQUE, qui ne sont suivis dans le reste de leurs articles que de formes en i;
  • dans l'ensemble du texte du dictionnaire, les formes en y sont généralement plus fréquentes que les formes en i; la forme donnée en adresse est aussi la forme la plus fréquente dans le texte du dictionnaire, à l'exception, d'une part de analyse, analytique et simpathiser déjà commentés, d'autre part de thin;
  • l'alternance i/y est cause de plusieurs cas d'articles doubles: CIGNE/CYGNE, LINX/LYNX, SIROP/SYROP (donnés dans la liste "y grec") et SIROTER/SYROTER (sous-vedettes respectivement de SIROP et de SYROP); l'article double ARCHETIPE/ARCHETYPE (le dernier s.v. TYPE) a une autre cause: le double système de classement des unités lexicales par ordre alphabétique (macrostructure) ou par regroupement étymologique (mésostructure).

    Ne sont pas inclus dans la liste "y grec" quatre mots pour lesquels l'usage aurait imposé la lettre i à la place de y; selon Mézeray "Il y a neantmoins quelques mots ou le grand vsage a introduit vn j latin au lieu de l'y comme en rime et rimer cristal et cristallin" (éd. Beaulieux, p. 236). (Liste ouverte en fait: "quelques... comme".) Les fréquences des formes dans le dictionnaire sont comme suit:

  • rime/rimes 54 (RIME; rime 9); rimer (ttes formes) 36 (RIMER; rimer 16); cristal/cristaux 46 / crystal 9 (CRISTAL "Quelques uns escrivent encore CRYSTAL."; cristal/cristaux 12); cristallin/cristalline 6 / cristalines 1 (CRISTALLIN, -INE; cristallin 3; cristalines 1).

    Il est instructif de comparer ces résultats avec ce qui est dit dans la Préface au sujet de l'orthographe:

    Cette déclaration éclaire la résolution de maintenir le y dans les mots d'origine grecque. Cependant, Toujours le conflit règle vs. usage, ce qui explique une grande partie des contradictions entre ce qui est dit dans une décision, une préface ou un article et ce qui se lit ailleurs dans le texte du dictionnaire. Il est dit aussi dans la Préface: Sujet vaste, qui mérite une étude à part (projet en cours). Un seul exemple suffira ici pour montrer que cette dernière affirmation est sujette à caution. La sous-vedette SIMPATHISER, imprimée en capitales, serait censée donner l'orthographe approuvée. Le texte entier de l'article est comme suit: Le micro-article SIMPATHISER suit ceux de la vedette SYMPATHIE et de la sous-vedette SYMPATHIQUE. Le macro-article SYMPATHIE contient 12 occurrences de formes en sympath- (plus une fois sympatique) et une occurrence de la graphie simpath-. Ailleurs on trouve trois occurrences de sympathie (s.v. CORRESPONDANT, CORRESPONDANCE) et deux de simpathie (s.v. AMI, AMITIÉ). La résolution, la préface du dictionnaire et l'ensemble du macro-article SYMPATHIE indiqueraient que l'orthographe approuvée serait plutôt sympathiser.

    20.7. Divers

    La liste "i/y divers" donne toutes les variantes en i/y qui ne répondent pas aux critères particulières des sections 20.1-6 mais plutôt au critère général du remplacement de y par i (cf. "on osteroit l'y grec de tous les mots à l'exception de..."). Elle contient un certain nombre de participes féminins ainsi que des mots d'origine grecque ne répondant pas aux critères "Mézeray-Furetière" (cf. 2.6). Observations:
  • deux graphies dites vieillies sont fréquemment employées dans le dictionnaire: a) "Plusieurs escrivent encore HYVER": l'Académie écrit hyver 47 fois ailleurs dans le texte, contre 69 occurrences de hiver; b) "Quelques-uns escrivent encore Style": le dictionnaire emploie la graphie style 173 fois ailleurs dans le texte, contre 164 occurrences de stile;
  • pays apparaît une fois dans l'article PAIS comme co-adresse et est suivi de 73 occurrences de la graphie païs dans les exemples; ailleurs dans le texte, c'est pays qui s'emploie dans la grande majorité des cas: 568 fois contre 86 pour pais/païs (cf. aussi païsan/paysan);
  • REYNE est donné en adresse, alors que tous les exemples et la grande majorité des occurrences de l'ensemble du dictionnaire ont reine.

    20.8. Synthèse

    Le tableau suivant montre
  • que la règle énoncée dans la décision est systématiquement observée (les exceptions sont très rares) dans les cas suivants: a) y, cy, cecy, icy plus voicy toujours avec y; b) y en fin de mot non participial après voyelle; c) i dans les noms dérivés de participes passés; d) y entre deux voyelles;
  • que la règle est suivie dans la majorité des occurrences des cas suivants: a) i en fin de mot après consonne (sauf y, cy, cecy, icy, ny et voicy), ou après voyelle dans les participes; b) dans les mots d'origine grecque;
  • que ny s'écrit presque aussi souvent avec i qu'avec y;
  • que dans les autres cas de figure, pour lesquels la règle préconise i, l'orthographe est plus souvent conforme à la règle dans les occurrences du texte en général (60,4%) que dans les adresses (44,1%). À cet égard, il est intéressant de rappeler ce qui est dit dans la Préface: "Et si un mesme mot se trouve escrit dans le Dictionnaire de deux manieres differentes, celle dont il sera escrit en lettres Capitales au commencement de l'Article est la seule que l'Academie approuve." Comme pour d'autres aspects du dictionnaire, le principe affirmé dans la Préface idéalisante de 1694 diffère de la réalité du texte des articles rédigés pendant une période de plusieurs décennies et très partiellement et imparfaitement révisés en fin de parcours.

    i/y = Règles absolues Occurrences globales Occurrences en (sous-)vedette
    i y I Y I ou Y
    1. En fin de mot
    1a. = i (sauf 1b, 1c)
    ex. aboli, abri, enfui
    (chiffres sans demi/demy)
    2074
    (71,0%)
    847
    (29,0%)
    73
    (82,0%)
    15
    (16,9%)
    1 (1,1%)
    "CRI, ou CRY"
    1b.(i) y, cy, cecy, icy + voicy 7
    (0,13%)
    5309
    (99,87%)
    0 5
    (100%)
    0
    1b.(ii) ny 322
    (47,6%)
    355
    (52,4%)
    0 0 "NY, ou NI"
    1c. Après voyelle dans mots non part. = y
    ex. aimay, foy, appuy
    => 0% => 100%
    2. En position non finale
    2a. Noms dérivés de participes = i
    ex. abolissement, abolition, apprentissage
    100% 0%
    2b. Entre voyelles = y
    ex. loyal, voyez
    => 0% => 100%
    2c. Mots d'origine grecque = y
    ex. sympathie
    ("critères Mézeray-Furetière")
    232
    (18,1%)
    1052
    (81,9%)
    9
    (11,25%)
    67
    (83,75%)
    4
    (5,0%)
    2d. Autres cas de figure = i
    ex. anchois, giboyer, ivoire
    (sans mots d'orig. gr.)
    1407
    (62,1%)
    860
    (37,9%)
    15
    (48,4%)
    13
    (41,9%)
    3
    (9,7%)

    21. Pluriel des mots en -ant/-ent

    La résolution est en deux parties, l'une relative, l'autre absolue:
  • t ordinairement mis au pluriel des mots en -ant et -ent (cf. ORDINAIREMENT "D'ordinaire"; D'ordinaire "Le plus souvent" – D'ordinaire est sous-adresse de ORDINAIRE);
  • "on l'oste absolument a gents".

    21.1. La règle relative

    Sans compter gents/gens, les chiffres sont les suivants: 1. a) -ants: 889 occurrences; b) -ans (pluriel de -ant): 421; 2. a) -ents: 1658; b) -ens (pluriel de -ent): 571. En termes proportionnels: 1. -ants = 67,86%; -ans = 32,14%; 2. -ents = 74,38%; -ens = 25,62%.

    La pratique du texte reflète donc la déclaration de la résolution. Les listes suivantes donnent les occurrences qui se trouvent sous les lettres B et V:

    Une tendance: le t se maintient mieux dans le pluriel des mots en -ent que dans celui des mots en -ant (cf. les pourcentages); enfans (B+V = 29) un peu plus fréquent que enfants (21), le pluriel de vent toujours vents (21). Dans l'ensemble du dictionnaire, les fréquences de ces deux mots sont les suivantes: enfants 266 / enfans 213; vents 61 / vens 0.

    Enfant est le seul mot en -ant dont la fréquence d'une au moins des formes du pluriel dépasse 50 dans le dictionnaire. Du côté des mots en -ent, il y a plusieurs pluriels fréquents (f > 50): dents 212, dens 0; sentiments 80, sentimens 54; differents 78, differens (pluriel de different) 15; parents 77, parens 14; instruments 68, instrumens 17; bastiments 58, bastimens 13. Les deux monosyllabes vent et dent refusent le pluriel sans t. Qu'en est-il de cent?

    Tributaire de paradigmes syntagmatiques traditionnels de chiffres, de dates, de prix ou sommes, de mesures et de dénombrements divers et sujet à la liaison, qui fait entendre t au singulier et s au pluriel, cent s'écrit au pluriel dans le Dictionnaire de 1694 plus souvent cens (f 61) que cents (16). Le tableau comparatif "cens/cents" indique quelques préférences: a) les quatre dates n'utilisent que la forme cens; b) les cinq mesures de poids en livres (ou livres pesant, ou simplement pesant) n'ont que cens; seul cens apparaît dans les sommes d'argent en escus ou francs/frans; mais cens et cents figurent tous deux dans les sommes d'argent exprimées en livres. Le reste semble aléatoire.

    21.2. La règle absolue

    La règle est formulée de façon curieuse: "on oste [le T] absolument a gents." La règle utilise donc la forme qui ne doit pas être employée. Dans l'ensemble du texte des "Décisions sur la langue", on rencontre gens une fois (dans une citation de La Fontaine donnée dans la note 4) et gents trois fois (décision sur fond/fonds, décision sur rebarbatif, résolution sur t) !

    Dans le texte du dictionnaire, les chiffres sont les suivants: gens 735 (dont gens-d'armes 1 fois; plus gens soudé dans gensd'armes 1, gensdarmes 1); gents 30. L'article GENS (sous-vedette de GENT) ne contient que la forme gens. La règle est donc observée dans la grande majorité des cas, mais pas de façon absolue.

    21.3. Synthèse

    Le tableau suivant résume les pourcentages des occurrences avec ou sans t au pluriel des mots en -ant ou -ent.

    Pluriel des mots en -ant/-ent avec t sans t
    1. Règle relative: "ordinairement"
        a) Mots en -ant = ants889 (67,9%) 421 (32,1%)
        b) Mots en -ent = ents
        (sauf gent)
    1658 (74,4%) 571 (25,6%)
    2. Règle absolue: "absolument"
        Pluriel de gent = gens30 (3,9%) 735 (96,1%) (dont "GENS")

    22. vingt et un cheval/chevaux

    La décision dit que le pluriel est plus usuel que le singulier.

    Le dictionnaire n'a que quatre contextes pertinents, dont deux emploient le singulier et deux le pluriel: "dans cent & un an. cent & une Province." (s.v. CENT); "Octobre a trente un jours." (s.v. OCTOBRE), "May a trente-un jours." (s.v. MAY).

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