Comparaison des Décisions sur la langue de 1673-1679 avec le texte du Dictionnaire de 1694 |
Dans la nomenclature alphabétique, il y a un renvoi pour BIEN-FACTEUR et BIEN-FACTRICE mais non pour bienfaicteur, bienfaictrice à FAIRE. Sous ce dernier, on lit:
Ailleurs, on rencontre bienfacteur s.v. DESLOYAL, bien-facteur s.v. QUOY et bienfaicteur s.v. INGRATEMENT. Aucune occurrence de bienfaiteur. (Voir aussi I. Leroy-Turcan, "Conflits de générations et usages littéraires concurrents dans la première édition du Dictionnaire de l'Académie française" (1996): discussion de bienfacteur/bienfaicteur, bienfactrice/bienfaictrice.)
Dans les articles consacrés à ces mots dans le dictionnaire, on trouve ceci:
Les occurrences ailleurs:
Un cas très net: horloge toujours féminin dans ses nombreuses occurrences s.v. HORLOGE et ailleurs. Dialecte et sphinx ne connaissent qu'un genre dans le dictionnaire mais uniquement dans leur propre article. Minuit est masculin dans son article, masculin ou féminin ailleurs. La situation des deux mots jugés dans des décisions avoir les deux genres n'est pas la même pour chacun: le dictionnaire dit que insulte a un sens et peut être masculin ou féminin; en revanche, les deux genres marquent deux sens différents dans le cas de hymne.
La question des participes actifs a beaucoup travaillé les Académiciens (cf. la note 4 de la décision). La Préface du Dictionnaire accorde un long paragraphe au sujet des participes; il y est dit que les "Participes actifs [...] n'ont point de genre & [...] sont indeclinables", qu'ils "tiennent aussi lieu de Gerondifs", qu'ils "deviennent aussi Adjectifs Verbaux, & alors ils ont les deux genres & se construisent selon le genre & le nombre du Substantif auquel ils sont joints" et que "quand ces sortes de mots se trouvent dans le Dictionnaire avec les deux genres, ils y sont mis non pas comme Participes actifs, mais comme Adjectifs verbaux". Formalisation donc de la décision. (Voir le texte de la décision suivi de celui de la Préface.)
La nomenclature traite tendant et appartenant, les qualifiant effectivement d'adjectifs verbaux, d'usage restreint: "TENDANT, ANTE. adj. v. Qui tend, qui va à quelque fin. Un discours tendant à prouver. une requeste tendante à ce qu'il plaise à la Cour. Il ne se dit guere que dans ces sortes de phrases.", "APPARTENANT, ANTE. adj. v. Qui appartient de droit. Les biens appartenants à un tel. une maison à luy appartenante. Il n'a presque d'usage qu'en ces sortes de phrases."
Ailleurs dans le dictionnaire, une seule occurrence pertinente de tendant, qui contredit la décision et l'article TENDANT: "une supplique tendant &c." (s.v. SUPPLIQUE); deux occurrences pertinentes de appartenant, toutes deux conformes: "pierreries, perles & autres semblables choses de prix appartenantes aux femmes." (s.v. BAGUES ET JOYAUX), "terre d'Eglise, appartenante à l'Eglise." (s.v. TERRE). Il y a 48 occurrences de portant/portans/portants dont six avec un nom pluriel; quatre de ces occurrences sont conformes: "domestiques portant les couleurs" et "gens portant une mesme livrée" (s.v. LIVRÉE), "lettres [...] portant pouvoir de..." (s.v. PAREATIS) et "hommes portant barbe" (s.v. PORTER); deux sont non conformes: "Hommes portants armes" (s.v. ARME), "hommes tous portans barbe" (s.v. BARBE). On trouve enfin deux occurrences de ayan(t)s cause: "ses heritiers ou ayans cause" (s.v. CAUSE), "Ses hoirs & ayants cause" (s.v. HOIR).
Ce mini-échantillon suffit pour montrer l'instabilité de la distinction participe "indéclinable" (invariable) / adjectif verbal "déclinable" (variable) pour les formes en -ant. On peut noter que la qualification "adjectif verbal" s'applique dans le dictionnaire à une variété de formes; en plus de mots en -ant, on trouve les types suivants: excusable, adherent, ambulatoire, excessif, concupiscible, convoiteux, couvert, dissimulé, distinct, executeur, exprés, confus, implicite, tors, traistre.
La nomenclature donne les deux; d'une part, sans commentaire, comme exemples d'emploi de PEINE 'chastiment': "on luy a ordonné cela sur peine, sous peine."; d'autre part, comme sous-adresses de SOUS et de SUR: "On dit aussi, Sous peine de, pour dire, A peine de, sur peine de." (s.v. SOUS); "Et on dit, Sur peine de la vie, Pour marquer qu'il y va de la vie. Il est deffendu sur peine de la vie. on est obligé sur peine de la vie." (s.v. SUR).
Ailleurs, on trouve: a) les deux en tandem: "On dit, A peine de, &c. pour dire, Sur peine, ou sous peine de, &c." (s.v. A); b) sous peine seul deux fois: "sous peine d'encourir." (s.v. ENCOURIR). "obliger sous peine de peché mortel." (s.v. OBLIGER); c) sur peine seul six fois: "Sur peine de ban." (s.v. BAN), "sur peine de damnation." (s.v. DAMNATION), "defendre quelque chose sur peine de la vie." (s.v. DEFENDRE), "sur peine des galeres perpetuelles, c'est à dire, Sur peine d'estre condamné pour tousjours aux galeres." (s.v. PERPETUEL), "sur peine de la vie." (s.v. VIE).
En résumé, le dictionnaire donne raison à la décision: sur peine de est donné comme définition de sous peine de, mais non l'inverse; sur peine de est le plus fréquent des deux dans le texte du dictionnaire. À noter que les unités à comparer sont moins sous peine et sur peine que sous peine de et sur peine de.
Le dictionnaire dit presque le contraire. Si la première formule n'y est pas, les deux autres sont consignées dans la nomenclature: "CAPTER. Ne se dit guere qu'en cette phrase. Capter la bienveillance."; "Gagner, captiver, se concilier la bienveillance de quelqu'un." (s.v. BIENVEILLANCE). Il n'y a pas d'occurrences ailleurs.
Le dictionnaire concilie les deux très habilement: homilie est enregistré dans la macrostructure comme vedette systémique, alors que son article déclare que la forme réelle est homelie:
La nomenclature du dictionnaire renferme quelques mots en æo-, æq- ou æth-, en donnant pour chacun la forme en eo-, eq- ou eth- en co-vedette. Les exemples utilisent la forme en e-, à l'exception d'ætherée, peut-être à cause de sa terminaison savante.
ÆQUATEUR, ou plus ordinairement EQUA-
TEUR. Un des grands cercles de la sphere égale-
ment distant des deux poles du monde. Quand le
soleil est à l'Equateur, il fait les nuits & les jours
égaux.
ÆQUINOXE, ou plus ordinairement. EQUI-
NOXE. s. m. Le temps de l'année auquel le soleil
passant par l'Equateur, fait la nuit & le jour égaux.
L'Equinoxe du Printemps. l'Equinoxe d'Automne.
ÆQUINOCTIAL, ALE. adj. Qui appartient à l'E-
quinoxe. Cercle Equinoctial, ou Equateur. Ligne
Equinoctiale.
Il est quelquefois substantif, & alors c'est la mes-
me chose que l'Equateur.
ÆTHERÉE, ou ETHERÉE. adj. de tout genre.
Qui est de cette substance subtile, & fluide, que les
Philosophes appellent ÆTHER. Substance ætherée.
corps ætherée. region ætherée.
On dit poëtiquement. La voute ætherée, pour
dire, Le Ciel.
En somme, le dictionnaire traite les mots en æ- de la même façon que homilie (v. ci-dessus): la forme étymologique est donnée en vedette, la forme française en co-vedette et dans les exemples.
L'article LIGUER est conforme: "LIGUER. v. a. Unir dans une mesme ligue. Il a si bien fait qu'il a ligué tous les Princes Chrestiens contre le Turc."
Il n'y a pas d'autres occurrences.
Cette fois-ci, les articles A et DE sont beaucoup plus détaillés et explicites que la décision.
À est: "Preposition [...] / Il sert à marquer le datif. [...] / Il sert aussi à marquer le Lieu. [...] / La Situation. [...] / La Posture & le Geste. [...] / Le Temps. [...] / La Distance. [...] / La Qualité. [...] / La Valeur. [...] / La Quantité. [...] / La Maniere. [...] / Le Moyen. [...] / La Fin. [...]"; après plusieurs autres items définissant le mot d'un point du vue sémantique, l'article se termine (33e alinéa): "Il y a encore d'autres usages de la préposition a, qu'il seroit difficile de determiner icy, & qui se verront dans la suite de ce Dictionnaire."
De est: "Préposition. Servant à marquer le genitif & l'ablatif [...] / Il sert aussi à marquer la matiere [...] / Il sert aussi à marquer l'usage [...] / Il se met aussi aprés le nom appellatif joint au nom propre. [...]". Mais dans le cinquième et avant-dernier alinéa, on lit: "Il sert aussi d'article pour le genitif singulier des noms masculins qui commencent par une voyelle ou une h qui n'aspire point. Le fils d'Alexandre. beaucoup d'honneur, Et pour celuy des noms feminins. Le poil de la teste. les biens de la terre. Et pour celuy de tous les noms propres hormis des masculins qui ont l'article le au nominatif, comme le Poussin, dont le genitif est, du Poussin & non, de Poussin." analyse archaïque qui remonte tout droit au milieu du siècle précédent.
La nomenclature ne traite que le premier:
Les deux articles sont conformes. Il n'y a pas d'autres occurrences de chaleur estouffante; aucune de chaleur estouffée.
Pour le dictionnaire, il n'y a pas à choisir: seul profil est donné, et uniquement dans ses deux articles (plus s.v. PROFILER), une première fois comme sous-vedette de FIL, une seconde fois comme vedette autonome à sa place alphabétique:
PROFIL. s. m. Terme de Peinture. Il se dit pro-
prement du trait & de la delineation du visage d'une
personne vû par un des ses costez, soit en effet, soit
en peinture. En ce sens il est opposé à Face. Il est
plus aisé de peindre de profil que de peindre de face.
une teste de profil. un visage de profil. elle est plus
belle de face que de profil. tous les profils de Venus
sont admirables.
Il se dit aussi de l'aspect, de la representation d'u-
ne ville, ou de quelque autre objet vû d'un de ses
costez seulement. Et en ce sens il est opposé à Plan.
Le profil de la ville de Paris.
Il se dit aussi, De la delineation d'un bastiment,
& generalement de toutes sortes d'ouvrages de Ma-
çonnerie & d'Architecture, representez dans leur
élevation comme coupez par la moitié. Le profil
d'un bastiment. le profil d'une forteresse, d'un bastion.
le profil d'une corniche.
Le dictionnaire dit la même chose:
L'article COMMANDER n'admet que commander sans préposition: