FRE 488/1114 La traduction et le World Wide Web
2003-2004


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Reprises de RW:
  • capteurs de pression à mercure
  • IRMf, TEP, MEG
  • la séparation du corps et de l'esprit
  • les bases neurales de la conscience et neuro-imageurs

    Cerveau: les chemins de l'intelligence
    (par Olivier Hertel, Le Point, 29 novembre 2002 – extrait)

    Les capteurs de pression à mercure équipant l'organe ont donné l'alerte : il y a érection ! Dans le même temps, les écrans de contrôle dévoilent les images numériques d'un cerveau ponctué, çà et là, de petites taches colorées. C'est le sang. Il arrive en urgence pour alimenter le réseau de neurones qui vient de se mettre en branle. Cela dure quelques minutes. Le temps que le court extrait de film X s'achève. Après quoi le sujet, un jeune étudiant recruté par annonce et dédommagé pour sa peine, va se rhabiller et se reposer un instant... Détrompez-vous, il ne s'agit pas d'une douteuse et diabolique tentative de la porno-industrie visant à trouver la recette miracle du film sexuellement irrésistible, mais d'une grande première scientifique : l'observation en direct d'un cerveau humain en plein émoi sexuel. D'ailleurs, ces recherches, menées par Bruce Arnow, se sont déroulées au sein de la très prestigieuse école de médecine de Stanford, en Californie.

    Depuis quelques années, avec la révolution des techniques d'imagerie cérébrale comme l'IRMf, imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, la TEP, tomographie par émission de positons, ou encore la MEG, magnéto-électro-encéphalographie, neurobiologistes, psychiatres, psychologues et autres adeptes des sciences cognitives se ruent sur les pupitres de ces coûteux appareils pour assister enfin à la matérialisation de la psyché, voire, pour certains, de... l'âme !

    Ah ! qu'il est loin, le temps où Descartes théorisait sur la séparation du corps et de l'esprit : le corps était la machine et l'esprit gardait son caractère éthéré, immatériel, d'origine divine. Bien que, toujours selon l'auteur des « Passions de l'âme », l'un et l'autre fussent reliés dans le cerveau au niveau de la glande pinéale ! Aucun chercheur n'ose aujourd'hui défendre ce dualisme corps-esprit. Pour les sciences, le cerveau et l'esprit ne font qu'un.

    Des bases neurales des émotions à celles de la transgression des normes sociales, tout porte à croire que la psychologie est en train de passer dans le camp de l'ennemi historique : la biologie. Un passage que le Suisse Jean Piaget, biologiste de formation, psychologue de profession, appelait de ses voeux. Mais ni l'état des connaissances en neurologie, ni les technologies de l'époque ne lui permirent de le vivre. Pourtant, dans les années 60, il l'avait prédit avec son fameux « cercle des sciences ». Contrairement à l'échelle des sciences d'Auguste Comte, qui, vers 1840, érigeait les mathématiques en piédestal de toutes les sciences, Piaget estimait que la biologie, la psychologie et la logique sont « interreliées » avec les autres sciences en un serpent qui se mord la queue.

    La psychologie est bel et bien en train de vivre cette révolution. Autant parler d'ailleurs d'une « neuropsychologie » qui désormais donne accès à de nouveaux thèmes de recherche dont la biologie avait été privée. Il y a quelques années encore, qui aurait osé étudier les bases neurales de la conscience ? C'est aujourd'hui typiquement le sujet à la mode chez les « neuro-imageurs ». [...]