* Les éléments romans
* Le plan des églises
* Les appareils
* L’architecture extérieure
/ Les contreforts
/ Les baies
/ Les portails
/ Les tours
* L’architecture intérieure
/ Les plafonds et les voûtes
/ Les arcs
* La sculpture
/ Les chapiteaux
/ Les modillons
* Le décor peint
Sont romans:
à Saint-Martin-le-Vieux, le choeur et la nef (11e
siècle);
à Bréville, le choeur, la base de la tour et une
partie de la nef (seconde moitié du 12e siècle);
à Yquelon, le choeur et la nef (seconde moitié du 12e
siècle);
à Saint-Pair-sur-Mer, une partie du choeur et la
tour (première moitié du 12e siècle);
à Angey, le choeur et la base de la tour (seconde moitié
du 12e siècle);
à Saint-Jean-le-Thomas, la nef (11e et début du 12e
siècle), avec un choeur pré-roman datant du 10e siècle;
à Dragey, la nef (11e ou premières années du 12e
siècle);
à Genêts, la croisée du transept et une partie des
croisillons, ainsi que la tour aux deux tiers de sa hauteur (milieu du 12e
siècle);
à Saint-Léonard-de-Vains, l’ensemble (début du
12e siècle), très remanié après 1793;
à Saint-Loup, l’ensemble (première moitié du 12e
siècle);
à Saint-Quentin, la base de la tour et la nef
(première moitié du 12e siècle).
Et enfin le beau portail de Sartilly (seconde
moitié du 12e siècle).
Les églises romanes sont formées pour la plupart d’un vaisseau rectangulaire comprenant la nef et le choeur. Seul Genêts possède un large transept à bras saillants.
Le choeur se termine par un chevet plat, à l’exception de celui de Saint-Loup prolongé par une abside semi-circulaire.
La tour est souvent située dans l’axe du vaisseau, entre choeur et nef (Saint-Pair, Bréville, Angey, Saint-Léonard, Saint-Quentin). A Saint-Loup, elle s’élève au-dessus de la première travée du choeur. Elle est également accolée au vaisseau: accolée à la première travée du choeur côté nord à Yquelon, accolée à la partie orientale de la nef côté sud à Saint-Jean-le-Thomas. La tour s’élève au-dessus de la croisée du transept à Genêts.
Les maçonneries de la nef et du choeur présentent un appareil irrégulier fait de moëllons de schiste si le sol est schisteux, ou de moëllons de granit si l’église est construite sur un massif granitique. Seuls les murs du choeur de Saint-Loup présentent un appareil régulier de granit.
Certains appareils irréguliers comprennent des éléments d’opus spicatum: le mur latéral sud de la nef de Saint-Martin-le-Vieux, les murs latéraux de la nef de Dragey, la base de la tour de Saint-Léonard-de-Vains. Cet appareil en arêtes de poisson est un indice d’ancienneté. Ces édifices datent tous du 11e ou du tout début du 12e siècle.
Les tours romanes sont formées d’un appareil régulier de granit à Saint-Pair, Genêts et Saint-Loup. A Saint-Léonard, l’appareil régulier de la base (dans sa partie supérieure) et du deuxième étage alterne avec un appareil irrégulier au premier étage.
Les tympans du portail muré de Saint-Jean-le-Thomas et du portail occidental de Saint-Loup sont formés de pierres de granit losangées disposées en appareil réticulé. On retrouve ce même genre d’appareil réticulé au premier étage de la tour de Saint-Loup, à l’écoinçon des arcatures jumelles.
Les façades occidentales sont le plus souvent épaulées de deux contreforts plats à leurs extrémités. Seule, la façade de Saint-Jean-le-Thomas est consolidée par un contrefort plat central.
Les murs latéraux de la nef et du choeur sont épaulés de contreforts plats. Ils montent de fond jusqu’au départ de la toiture, comme à Saint-Loup et Saint-Quentin. Ou alors, comme à Bréville et Yquelon, ils prennent appui sur un soubassement de pierre et supportent une corniche soutenue par des modillons.
Seule la façade occidentale d’Yquelon est percée d’un petit oculus orné sur son pourtour de billettes. Les autres ouvertures romanes sont des baies en plein-cintre longues et étroites.
Les piédroits et les arcs de ces baies sont en granit. Le cintre est souvent creusé dans un linteau monolithe de granit (Yquelon, Bréville, Saint-Loup, etc.). Il est quelquefois formé d’une rangée de claveaux de granit (Saint-Jean-le-Thomas, Saint-Léonard-de-Vains). Le pourtour des baies est sans ornement, sauf les baies du chevet de Saint-Léonard ornées d’une moulure torique.
Les façades occidentales sont percées d’un portail central, sauf à Saint-Martin-le-Vieux et Saint-Jean-le-Thomas. Les églises disposent souvent d’un portail sud. Celui-ci est ouvert dans la nef à Dragey et Saint-Jean-le-Thomas, ouvert dans la base de la tour à Bréville et Saint-Quentin, et ouvert dans le choeur à Yquelon et Saint-Loup.
Les portes des églises les plus anciennes (11e ou tout début du 12e siècle) sont surmontées d’un arc surbaissé reposant sur des piédroits sans ornement, comme les portes de Saint-Martin-le-Vieux, Dragey ou Saint-Léonard. Les portes de cette époque présentent aussi une arcade en plein-cintre. A Genêts, l’arcade de la porte située dans le bras sud du transept est formée de deux épaisses voussures non moulurées. Elle daterait du 11e siècle. L’arcade de la porte sud de Saint-Jean-le-Thomas est formée d’une voussure ornée d’une simple moulure torique. Elle daterait du début du 12e siècle.
Pour les églises de la première ou seconde moitié du 12e siècle, les arcades en plein-cintre des portes sont formées d’une ou deux voussures moulurées surmontées d’une archivolte.
A Saint-Loup et Saint-Quentin, édifices de la première moitié du 12e siècle, les voussures sont moulurées d’un tore d’angle suivi d’un listel puis d’un cavet peu profond, et l’archivolte est un cordon chanfreiné.
A Bréville et Yquelon, églises de la seconde moitié du 12e siècle, les voussures sont moulurées d’un tore d’angle surmonté d’un chanfrein sculpté de dents-de-scie peu visibles. L’archivolte est formée d’un épais cordon orné de dents-de-scie en fort relief sculptées en creux d’un rang de bâtons brisés. Elle repose sur des têtes sculptées de part et d’autre de l’arcade. On retrouve ce même genre d’archivolte à Sartilly.
Les voussures reposent sur d’épaisses colonnettes engagées. Le tailloir des chapiteaux est carré, sauf à Saint-Loup et Saint-Quentin où il est mouluré en quart-de-rond. Les corbeilles des chapiteaux sont sculptées en bas relief. Les bases des colonnes sont carrées. Elles sont ornées d’un ou deux tores. A Saint-Loup et Saint-Quentin, le chanfrein surmonté d’un tore est sculpté de petites griffes triangulaires ou de bourrelets semi-circulaires entourant une griffe centrale. A Saint-Léonard ou Sartilly, deux tores entourent une scotie.
Les linteaux sont formés d’épais blocs de granit rectangulaires (Saint-Loup, Bréville) ou en bâtière (Saint-Jean-le-Thomas). Les tympans du portail occidental et de la porte sud de Saint-Quentin sont formés d’un gros bloc monolithe de granit.
Le plus beau portail roman est celui de Sartilly. Les moulurations des voussures et de l’archivolte et les sculptures des chapiteaux sont très soignées. La facture de ce portail est bien supérieure à celle des autres portails romans de la région.
Seules les tours de Saint-Pair, Saint-Léonard-de-Vains et Saint-Loup sont entièrement romanes. Ces tours ont deux étages. Celle de Saint-Léonard, construite au début du 12e siècle, est percée à l’étage supérieur de longues arcatures jumelles en plein-cintre.
Celles de Saint-Pair et de Saint-Loup, édifices de la première moitié du 12e siècle, présentent des traits communs. Le premier étage est orné au nord et au sud de deux arcatures aveugles jumelles. Le second étage est percé d’une baie sur chaque face: une baie simple à Saint-Loup et une baie géminée à Saint-Pair. La tour est surmontée d’une corniche soutenue par des modillons.
Pour les autres églises, la base seule est romane, et les étages supérieurs sont plus récents. A Saint-Quentin, par exemple, les deux étages de la tour ont été construits au 13e siècle. A Genêts, la partie inférieure de l’étage est romane. La partie supérieure a été ajoutée dans les premières années du 17e siècle. Les baies géminées romanes ont été prolongées par des baies trilobées gothiques.
Les nefs sont toujours plafonnées. Elles sont surmontées d’une voûte en berceau de bois refaite au 19e ou au 20e siècle. Seules les nefs de Bréville et Saint-Jean-le-Thomas possèdent une voûte en berceau de plâtre.
Certains chœurs sont plafonnés. Une voûte en berceau de bois surmonte le choeur de Saint-Jean-le-Thomas. Un plafond légèrement incurvé en plâtre surmonte celui d’Angey. Les choeurs de Bréville et de Saint-Pair ont reçu une voûte en croisée d’ogives au 15e ou au 16e siècle.
Seul le choeur d’Yquelon est surmonté d’une voûte en croisée d’ogives romane. Les ogives, très épaisses, sont moulurées de deux tores d’angle encadrant une petite moulure triangulaire saillante. Ces ogives reposent sur des culots. Les clefs de voûte sont sculptées de motifs géométriques en très bas relief inscrits dans un cercle.
Les bases des tours sont délimitées par d’épais piliers. Les arcs supportés par les piliers sont reçus par des pilastres (Angey, Bréville) ou des colonnes engagées jumelées (Saint-Pair, Genêts, Saint-Léonard, Saint-Quentin).
Ces arcs déterminent sous la tour une voûte d’arêtes. A Saint-Pair ou à Saint-Quentin, les arêtes reposent sur les angles rentrants formés par les dosserets des pilastres ou ceux des colonnes. A Genêts et Saint-Léonard, les arêtes sont reçues par des colonnes engagées de même profil que celles qui reçoivent les arcs.
A Angey, la travée supportant la tour est surmontée d’une voûte en croisée d’ogives. Les ogives, très épaisses, sont semblables à celles du choeur d’Yquelon et reposent elles aussi sur de gros culots.
Les arcs intérieurs sont fourrés. Ils reposent sur les pilastres ou les colonnes par l’intermédiaire d’une imposte moulurée en forme de bandeau chanfreiné. Seules les impostes de Saint-Loup et de Saint-Quentin sont moulurées en quart-de-rond.
Les arcs des églises de la première moitié du 12e siècle sont en plein-cintre (Saint-Loup, Angey et Saint-Quentin) ou très légèrement brisés (Saint-Pair). Dans les églises de la seconde moitié du 12e siècle, à Bréville ou à Yquelon, les arcs sont légèrement brisés. Seuls les arcs à triple rouleau de la croisée du transept de Genêts ont un arc brisé beaucoup plus prononcé dû à l’influence du Mont Saint-Michel. C’est un abbé du Mont, Robert de Torigni, qui fit reconstruire l’église au milieu du 12e siècle.
Les corbeilles des chapiteaux sont ornées de sculptures en bas relief d’une extrême simplicité, du fait de la dureté du granit. Les Normands étaient avant tout un peuple d’architectes. La sculpture était pour eux un art très secondaire qui se limitait la plupart du temps à une ornementation géométrique.
Les corbeilles sont le plus souvent ornées de crochets d’angle très simples. Certaines sont ornées de boules situées sous le tailloir (Bréville, Saint-Loup), d’autres de motifs végétaux: feuilles de chêne et glands à Saint-Pair, feuilles de chêne, volutes et feuilles d’acanthe très simplifiées à Sartilly. D’autres encore sont sculptées de têtes d’angle à Saint-Loup ou à Saint-Quentin.
Seules les élégantes volutes et feuilles ornant les corbeilles du portail de Sartilly contrastent avec la simplicité et la maladresse de l’ensemble.
Les modillons romans sont en majorité sculptés de têtes plus ou moins grossières, comme les modillons de Bréville, Saint-Léonard ou Saint-Quentin. Quelques modillons sont sculptés de deux têtes accolées peu visibles à Bréville et Saint-Loup.
Seuls les modillons soutenant la corniche du choeur de Saint-Loup sont originaux. La porte sud est surmontée de modillons très curieux. L’un représente un être grotesque mettant la main droite à la bouche alors que son bras gauche est replié sur sa poitrine. L’autre représente un homme accroupi, les mains sur les genoux. Au nord, un très gros modillon est sculpté d’une tête humaine avec des moustaches. Les autres modillons représentent des têtes humaines ou des têtes grotesques grimaçantes assez expressives.
Un beau décor peint du 12e siècle a été retrouvé en 1974 dans le mur latéral sud de la nef de Saint-Jean-le-Thomas. Une partie du décor a été dégagée en décembre 1974. La partie dégagée comprend trois tableaux: le combat d’un homme contre un ange, une scène champêtre et la lutte de Saint Michel contre le Démon. Ces tableaux sont surmontés de frises de rinceaux. Peints en ocre et chamois sur fond clair, ils présentent un intérêt d'autant plus grand que les décors peints de l’époque romane sont pratiquement inexistants en Basse-Normandie.
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